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Alors me vient une idée

23/12/2020|Gisèle Kayata Eid

J’ai pris mon clavier tout lisse, mon écran tout blanc et me suis armée de la meilleure volonté pour vous souhaiter un Joyeux Noël, mais… 

 

Parce qu’il y a toujours un mais dans ma pensée. Elle cale ces temps-ci. Elle veut planer, mais plein de boulets la retiennent. Y a la pandémie qui s’incruste, fait des petits, des variants (pourquoi lui a-t-on enlevé le e final ?) Il y a ce jeune père assassiné devant ses enfants. Il y a cette oppression, ce muselage des voix, de l’opinion, il y a la détresse de tout un peuple qui commence à savoir ce qu’est un pauvre pays qui se découvre pays pauvre tous les jours davantage. Il y a cette diaspora muette, aphone… 

Vous raconter mes boulets ne servirait à rien. 

 

Alors je vais puiser dans les espoirs. Voir le verre à moitié rempli… Mais il n’y a plus de verre. Il a volé en éclats. Je vais espérer que demain sera meilleur… Mais les données me manquent pour ça. Ce serait de la fumisterie, de la poudre aux yeux… Je vais me restreindre à l’essentiel alors. Oui, mais on y est : la sécurité, manger, boire et respirer. Même ces besoins essentiels ne sont plus comblés. 

 

Alors ? Je vais fermer mon ordi et me réjouir tout simplement qu’à partir d’aujourd’hui les journées vont se faire de plus en plus longues. Que les enfants auront malgré tout un cadeau, même petit et que la fête brillera dans leurs yeux qui eux voient ce que ma pensée obstrue. Parce qu’en fait la vie, elle est là. Elle coule. Avec un superbe inégalable. Mais la vie est toujours là. 

 

Alors me vient une idée. Pour ce Noël, je nous souhaite de retomber en enfance. De redevenir simple d’esprit. Oublier la pandémie, les gestes barrières et le confinement. Oublier les corrompus, les injustices et les populations qui ont faim, froid et peur. Oublier la lassitude, les angoisses et les renoncements. 

 

Je ne veux plus regarder vers l’horizon que je ne vois plus ces jours-ci, je veux juste apprendre à glisser. Ne plus bloquer et ne plus déraper. Surfer sur la vague en me laissant caressée par un rayon de soleil. Jouir d’un texte que j’ai écrit. Rire avec le premier enfant qui exige mon attention. Goûter au délice d’un chocolat qui fond dans ma bouche. Oui, me laisser fondre, comme neige au soleil au son d’une voix qui me manque mais dont j’entends le babillage.  Me diluer dans ce miracle du moment présent. Me laisser couler, sachant qu’il y a quelqu’un qui me tendra la main avant que je ne sombre. 

 

N’est-ce pas ça un sauveur ?

N’est-ce pas pour ça qu’on chante à Noël : un Sauveur nous est né ?

 

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