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BEYROUTH BY DAY: Mazraa

18/08/2021|Tania Hadjithomas Mehanna

En arabe, mazraa veut dire ferme mais y a-t-il plus urbain que ce quartier aujourd’hui ? Le boulevard Saёb Salam s’est abonné aux embouteillages dans une cacophonie de klaxons qui fait partie du décor et qui ne perturbe nullement les agents de faction que rien d’ailleurs ne trouble. Stoïques ou résignés, ils en oublient même de faire des moulinets pour régler la circulation puisque l’automobiliste libanais, c’est bien connu, n’en fait qu’à sa tête. Pourtant, en 1968, c’est précisément sur ce boulevard que les autorités, pour tenter d’endiguer le trafic, avait installé les premiers feux de signalisation synchronisés de la capitale. Avaient-ils à l’époque réussi à calmer la frénésie des quatre-roues ? Mais l’autre visage de Mazraa, c’est sa dualité profonde entre modernisme et tradition et les nombreuses classes sociales qui se côtoient sans se heurter dans ses ruelles chaleureuses, débordantes de commerces et de vies

Nahida et Ziad Tawbé tiennent une boutique pour le moins surprenante dans ce coin de la ville. Tout est fait main par ces deux artistes, frère et sœur dans la vie et au look résolument moderne. « Ce quartier se caractérisait par une architecture coloniale. Maintenant c’est assez populaire. Il y a beaucoup de mélanges et chrétiens, musulmans, Libanais et étrangers se retrouvent là principalement pour faire leur shopping. Les prix sont abordables. Le jeudi et le vendredi, on y rencontre des Jordaniens et des Syriens. » Ziad est sociologue et peintre. Nahida travaille avec plusieurs ONG pour donner des cours de travaux manuels aux femmes dans le besoin, notamment les femmes irakiennes. Dans un coin de sa boutique, elle pratique même le tatouage au henné. 

 

Sait-elle Nahida qu’autrefois la région s’appelait Mazraat el Arab parce qu’une famille de bédouins installée là s’était petit à petit sédentarisée ? Que c’est précisément eux qui ont introduit le tatouage dans les coutumes libanaises comme une appartenance affichée ? En Orient, les symboles les plus utilisés sont la main qui signifie l’intelligence et la protection, le chiffre 5, chiffre de l’Islam, qui protège contre le mauvais œil et qui désigne également les éléments. Le trait vertical est le souffle de Dieu, le croissant lunaire, la renaissance et la femme en général. Le signe + représente l’étoile la plus brillante dans le firmament. C’est l’œil de Dieu. La croix représente outre le symbole du christianisme, un parfait équilibre des forces. Le point est le centre, l’origine, le foyer alors que la succession de points marque une poussée de l’intérieur vers l’extérieur. Lorsqu’il est situé au milieu du front il représente le troisième œil, celui qui procure clairvoyance et protection contre le mauvais œil. Le tatouage des tempes est censé préserver des migraines. Le chiffre 3 est le représentant des trilogies sacrées, sagesse-force-beauté, passé-présent-avenir, naissance-vie-mort. L’épée désigne la justice et l’honneur alors que le dragon est le symbole du pouvoir. Le cercle suppose un absolu alors que le poisson est le signe de l’abondance et deux poissons représentent le couple uni et indéfectible. Les traits sur les articulations protègent des rhumatismes. Les Libanais se font également tatouer des dates importantes de leur vie qui correspondent à une naissance, un pèlerinage ou un voyage. Les tatoueurs, qui étaient de véritables artistes, faisaient jadis le tour des villages et officiaient sur la place publique. 

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