« J’ai peur, tu comprends ça, j’ai peur de moi, de mes émotions, de mes réactions, de la dépression, de la vie, de la mort, de perdre ceux que j’aime, de mes abandons, de l’angoisse, des échecs, de mes rechutes, de mes colères, de mes pleurs. J’ai peur. Peur à chaque seconde qui passe. Peur de vivre avec moi, Peur d’être moi. Voilà tu vois, je vis avec mes démons, les fantômes m’habitent, les frayeurs me possèdent, mes névroses gagnent mon esprit. Et là, au milieu de ce tourbillon en folie, parmi mes craintes et mes effrois, mes affres et mes frayeurs, je me meurs en silence. Voilà. Voilà ma vie, tu vois. Tu comprends ma terreur ? Tu l’entends, ce cri venu d’ailleurs ? Putain, dis-moi que oui, parce que je ne saurai pas te l’expliquer autrement. Mes angoisses se superposent. Encore et encore. L’horreur du monde. Du mien, en particulier. Comme une histoire sans fin. Et mes peurs qui me poursuivent, fantômes de mon existence, à vie. Dans un éternel silence. Parce que mes cris sont vains, dans l’immensité du mutisme qui habite mon esprit. Terreurs obscures, et dans de vagues moments de clarté, un espoir qui jaillit, puis s’éteint. Mes inquiétudes se couvrent d’un voile opaque, dans l’infinité d’une nuit sans lune. »

L’INSTABILITÉ DE L’HUMEUR

« Mes humeurs sont changeantes au cours d’une même journée. Je peux aller bien, avoir des projets en tête, et la seconde d’après, voir tout en noir, basculer vers un état de dépression intense, parfois parce qu’une pensée m’a traversé l’esprit, ou sans raison apparente. Il est souvent difficile pour mon entourage de comprendre ce revirement de situation. Je jongle ainsi en permanence avec les humeurs, et à la fin de la journée, je me retrouve épuisée par toutes ces transitions, ces yo-yo permanents. »

JE VAIS BIEN, JE VEUX MOURIR 

« Je peux me réveiller de bonne humeur, me rendre à mon travail, passer une bonne journée, rentrer à la maison, recevoir un courrier, l’ouvrir en m’apercevant qu’une facture est impayée. Même si le montant n’est pas énorme, je peux m’effondrer facilement, pleurer, crier, me dire que je suis nulle, que je ne m’en sortirai jamais, et vouloir mourir. J’aurai un autre exemple à vous donner pour illustrer mes propos : je me réveille, me prépare pour un rendez-vous, me rends à l’arrêt de bus et vois celui-ci démarrer juste au moment où j’allais le prendre. Le monde s’écroule autour de moi. Au lieu de prévenir de mon retard, je me réfugie dans une rage folle “je ne vaux rien. Je rate toujours tout dans la vie. Ils vont croire que je n’ai aucun respect des horaires, que je ne les estime pas. Ils vont me juger. Ils auront bien raison. Je suis une merde. Je ne mérite pas de vivre. Je n’ai plus qu’à rentrer à la maison et me tuer”. Une envie de suicide pour un quart d’heure de retard à un rendez-vous. »

NOTE DE L’AUTEURE

J’ai souvent apprécié la lecture d’un livre qui me renvoyait à une partie de ma propre vie. Je me comparais à l’auteur, sachant pertinemment que chaque personne est unique, de par son vécu, son caractère, sa personnalité. J’ai alors décidé d’écrire mon propre livre, ma propre histoire, en dévoilant chacune de mes émotions, chacun de mes sentiments, chacune de mes peurs. Certains d’entre eux resteront silencieux et n’apparaîtront pas dans mes écrits. Par choix. Par pudeur. J’ai été diagnostiquée par plusieurs psychiatres comme ayant un trouble de la personnalité limite, appelé aussi trouble « borderline ». Les symptômes que cet état produit, vous les découvrirez le long de ce livre. Je n’ai pourtant pas cité une seule fois le nom du trouble. C’est une décision qui m’appartient parce que je suis convaincue que le lecteur peut aisément se retrouver dans l’un ou l’autre de mes chapitres, sans pour autant souffrir d’une maladie bien définie. Le trouble est la combinaison de plusieurs symptômes qui engendrent un tout, qui est diagnostiqué bien évidemment par un médecin compétent. Dans ce livre, je me mets évidemment à nu, à la portée des regards. Si j’ai entrepris cette démarche, c’est pour dire à ne serait-ce qu’une seule personne, qu’elle n’est pas la seule à éprouver de telles émotions et que si cette personne prend la décision de se faire aider -aujourd’hui ou plus tard-, alors j’aurai atteint le but recherché. Ce livre s’adresse à toute personne souhaitant en savoir davantage sur son être profond, à accepter les différences entre les personnes et à apprendre à partager des émotions que l’on refoule souvent ou que nous n’osons pas exprimer. Laissons la porte ouverte à notre intérieur. Bonne lecture à toutes et à tous.                                                                                                                              

ÉPILOGUE

« Le vide a sonné à ma porte, ce jour-là. Il n’est pas seulement entré chez moi, mais en moi. Tendrement, violemment. Je me suis écroulée par tant de poids. La masse du néant, qui pèse comme un fardeau inépuisable dans mon esprit comprimé. Je sens monter en moi une chaleur suffocante, malgré la température glaciale de mon corps frêle. Je frissonne. Névroses. Psychoses. Tout ce qui finit en “ose”, il semble que je perds la tête, dans cette désertion totale, où la vacuité gagne du terrain et où le manque devient certain. L’angoisse de l’absence, la solitude à l’extrême, une vision trouble. Est-ce ironique, pathétique ? Probablement un peu des deux. Alors, dans un éclair de lucidité, je décide de ne faire qu’un avec levide, et le rendre sacré. »

Et ainsi pris son envol la belle étoile qui brille désormais au firmament des cieux… 
Merci pour ce passage ici-bas Mélanie, inondant de ta douce lumière les chemins tortueux et obscurs du quotidien. Réparant au prix du sacrifice de ta vie toutes les blessures vécues dans ta chair et dans ton âme. 
Ce fut un bonheur et un honneur de te connaître et d’éditer ton ouvrage. Adieu.

* Noir Blanc Et Caetera