Après cinq ans d’absence la troupe de danse Caracalla est de retour sur les planches de son propre théâtre à Horch Tabet pour présenter un spectacle musical de toute beauté Finiqia.
Dès les premières représentations autour de la mi-avril le théâtre affichait complet et le spectacle programmé pour quelques semaines ne fait que se prolonger. Preuve évidente que la troupe de danse Caracalla conserve ses particularités, ses performances et son panache, preuve aussi que les Libanais ont soif d’art de culture, de danse, de rêve pour sortir de l’enfer dans lequel on les a enfermés ces dernières années.
FINIQIA, thème du spectacle, nous plonge dans nos racines millénaires et nous accompagne dans notre inconscient collectif à travers mythes, épopées et réalités jusqu’à l’heure. En première partie du spectacle nous sommes à GBEIL «JBEIL OU BYBLOS » sous le règne du grand roi Ahiram et ses navires qui sillonnent la Méditerranée. Pour élargir ses pouvoirs, il entretient de bonnes relations avec le Pharaon d’Egypte Ramsès II et donne en mariage sa fille à son fils. Ce qui offre l’occasion à de belles danses influencées par les déesses du Nil.
La scène de la naissance de l’alphabet phénicien sur les rives de Jbeil, puis son expansion dans le monde est de toute beauté. Les lettres émergent l’une après l’autre formant un cercle au mouvement continue alors que les danseuses en tenues bleu azur accompagnent cette expansion universelle à partir de nos rivages.
En deuxième partie, on survole le temps l’espace et les siècles riches de tout un héritage culturel et de mythes fondateurs, pour nous retrouver dans un village libanais avec ses multiples aspects de la vie. Querelles de clans, recours au « cheikh solh », le fou du village pas si fou que ça, l’homme enrichi, devenu comte qui veut marier son fils défavorisé par la nature à la belle fille du village avec l’accord de la mère attirée par l’argent. Mais la belle a son amoureux et on connait la suite. Sans omettre le travail des champs, les soirées agréables de Zajal, la joie de vivre. Le village est à l’image du pays.
Le scénario est signé Abdel Halim Caracalla fondateur de la troupe depuis plus de cinquante ans et qui peut être fier de ses performances et de sa renommée mondiale. Le but du dialogue est de transmettre des messages récurrents de notre vie et de l’espoir. Sur scène, la magie est dans les couleurs chatoyantes des costumes, aux tissus précieux, dans la chorégraphie signée Elissar Caracalla sous la direction d’Yvan Caracalla, dans les danses qui associent la rigueur et la technicité de la danse moderne aux pas de notre dabke traditionnelle. La souplesse des danseuses et leurs déhanchements, la vigueur des danseurs, les jeux d’épaules, les pas fermes et assurés offrent de beaux tableaux d’ensemble harmonieux et flamboyants qui expriment la détermination et la joie de vivre. Diverses musiques accompagnent la danse ainsi que les voix connues et aimées de Hoda Haddad, Joseph Azar, Simon Obeid. Le décor est formé de panneaux amovibles qui changent avec les multiples thèmes qui enrichissent ce magique spectacle musical de deux heures de temps. On s’enracine dans notre Liban on rêve de le retrouver dans son authenticité.
L’Italie a contribué au lancement de ce musical et son ambassadrice affirme : « L’histoire de cette famille et de son succès professionnel sont l’expression du Liban. Elle regroupe plusieurs talents à la fois et je pense que c’est un bon moment pour Beyrouth de retrouver sur scène l’énergie de cette troupe de danse ».
« C’est un moment d’espoir affirme Elissar Caracalla « le Liban regorge de tant de beautés et va renaitre, ses fils vont y revenir et les artistes ont plein de choses à dire ».
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