La Lune est morte, est un court métrage de la jeune réalisatrice Aya Nour petit bijou de tendresse et de subtilité. Aya et son complice Rayan Telleria, le compositeur de la musique du film, répondent aux questions de l’Agenda Culturel.
Il s’agit de votre premier court métrage ?
Oui je l’ai écrit, réalisé et produit de manière personnelle. Il a été tourné il y a un an à Paris avec une équipe composée d’élèves de la Fémis et du Cours Florent, tous des amis.
Quel en est le sujet ?
Le premier pas de l’homme sur la Lune et comment cet extraordinaire événement, qui a bouleversé l’Humanité entière, a provoqué la mort de tous les mythes et rêveries qui tournaient autour de cet astre.
Le film a été inspiré par une chanson des Frères Jacques La Lune est morte et qui commence ainsi :
Pleurez Pierrots, poètes et chats noirs
La lune est morte, la lune est morte
Pleurez Pierrots, poètes et chats noirs
La Lune est morte ce soir
Cette chanson que j’ai apprise, enfant, au conservatoire, m’a marquée et a été le point de départ de l’histoire. Celle-ci raconte Pierrot qui habite la Lune, seul, du plus loin qu'il s'en souvienne. Un jour, un objet étrange vient perturber son silence. Un objet venu du ciel.
L’esthétique du film est inspirée du Petit Prince ?
On pourrait comparer le Petit Prince sur sa planète à Pierrot, qui occupe la sienne en rêvant de compagnie. L’esthétique du film est surtout inspirée de celle de Méliès, qui fabriquait des images plutôt qu’il ne les filmait. Une démarche très théâtrale.
L’autre personnage du film est un astronaute, que se passe-t-il ?
Alors que Pierrot façonne ses cratères, une minuscule fusée s’approche, doucement. L’astronaute apparaît, beau et rayonnant. Ils s’aiment alors pendant quelques secondes, le temps d’une valse en couleurs. Puis l’astronaute repart, aussi vite qu’il est arrivé : la Terre l’appelle, il a conquis la Lune, il a conquis Pierrot.
La fin du film est ouverte à l’interprétation ?
Certains y voient une fatalité, d’autres un message d’espoir… C’est la désarticulation d’un rêve.
Le film étant muet, la musique y joue un rôle d’autant plus important. De qui est-elle ?
Rayan Telleria qui a écrit toute la musique du film et qui a arrangé la mélodie de la chanson des Frères Jacques que l’on entend au générique et qui se déroule comme une boîte à musique.
Rayan, avez-vous composé les musiques avant ou après les images ?
Un peu les deux. Dans un premier temps, alors que nous discutions du film Aya et moi, l’inspiration m’est venue et j’ai joué quelques pièces au piano. Mais la majorité des œuvres ont été composées après avoir vu les images et également pendant le montage et le tournage auquel j’ai assisté.
Vous avez suivi un cursus musical ?
Oui, à Londres où j’ai obtenu une licence en musique puis j’ai poursuivi ma formation dans différents studios d’enregistrement. Et tout le long de mon parcours j’ai composé.
Vous aimeriez continuer à composer pour des films ?
Je considère que la musique d’un film doit pouvoir exister de façon autonome et comme une pièce musicale à part entière. En même temps, elle a avantage d’avoir les images pour la porter, comme les images ont l’avantage d’avoir la musique pour les transcender. C’est un échange qui me passionne. J’ai d’ailleurs bénéficié des précieux conseil du grand Gabriel Yared en la matière.
Et vous Aya, quel est votre parcours ?
Après le bac, j’ai fait un an d’études de cinéma à Londres à Kings College, puis j’ai suivi des cours de théâtre au Cours Florent à Paris pendant trois ans. C’est là que j’ai rencontré les acteurs de La Lune est morte et développé mon gout pour la mise en scène. Actuellement je travaille pour le réalisateur américain Wes Anderson dont je suis l’assistante.
Que faut-il vous souhaiter à tous deux ?
Qu’un plus grand public profite de la projection de La Lune est morte !
Et que notre prochain film que nous allons tourner en janvier se déroule au mieux, et nous permette de faire perdurer la poésie au cinéma.
A savoir
La Lune est morte sera projeté au théâtre Al Madina le jeudi 28 décembre à 19h00
La projection sera suivie d’un débat
Entrée libre
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