Exercice périlleux que ce discours politique auquel s’est soumis le Président de la République et plus précisément dans la deuxième partie de son allocution. Ne pas prendre partie dans les débats démocratiques nullement sereins de cette dernière quinzaine, juguler l’adversité, tempérer les échanges musclés, contrer les déclarations péremptoires, maîtriser les discours incendiaires… Le feu aurait pu prendre à chaque phrase, inspiration ou intonation.
Et pourtant, il s’en est sorti. Il a employé des mots qui résonnent. Des mots comme :
LA GOUVERNANCE. Un concept qui se conjugue à tous les échelons de l’Administration.
La RESPONSABILITÉ pour chacun de FAIRE PRESSION sur son clan et parti politique AU PARLEMENT pour donner leur confiance à un conseil de ministres « COMPÉTENTS » et EDICTER DES LOIS qui répondent à nos revendications.
Proposer l’adoption d’un STATUT PERSONNEL UNIFIÉ et donc ABOLIR LEGALEMENT LE CONFESSIONNALISME.
Stricte application de la SEPARATION DES POUVOIRS en appelant à l’autonomie du pouvoir judiciaire…
La révolution est en marche… Mais tant et pour autant que l’esprit critique prenne le relai des slogans et des joutes verbales à l’emporte-pièces. Le rationalisme doit nous hisser vers le haut. C’est tout là l’esprit des Lumières (qui est plus un siècle de débats que de consensus) qui a révolutionné la pensée humaine : la capacité des individus à juger et à exercer leur sens critique. Le nivellement par la base est acquis. Mais c’est par une action pensée, réfléchie que nous maintiendrons nos foules soudées sous un même drapeau.
Méfions nous des fake news que j’écrivais dans un précédent billet. Gardons en tête que tous nos mouvements, nos déclarations, nos like et nos share sont des richesses sans fond pour les ennemis de notre révolution. Et nous en avons des ennemis, déclarés ou insidieux ! Avec nos données, ils créent de la valeur pour alimenter leur rhétorique et affûter leur tir afin de déstabiliser notre cause, faire foirer notre seule planche de salut et tourner notre noble révolution pacifique en une mascarade.
Restons vigilants. Gardons la pression dans la rue, multiplions les espaces de discussion, ne rompons pas notre merveilleuse chaîne humaine, et donnons la chance à nos espoirs tout en surveillant ensemble, avec la maturité et la détermination dont nos foules ont fait preuve, le bien fondé de toutes les promesses.