« C’est la volonté de Dieu ». C’est en ces mots, sur la chaîne Fox, que l’ancien président, Donald Trump a approuvé la révocation du droit à l’avortement aux Etats-Unis. Stupeur et tremblements… de rage pour plus de la moitié des Américain(e)s. C’est la consternation en Amérique en ce funeste vendredi 24 juin qui enterre ce droit en vigueur, âprement gagné depuis 1973, mais aussi dans tous les pays qui ont tant lutté pour obtenir et faire respecter les droits des femmes (dont l’Irlande, l’Argentine, le Mexique, la Colombie, etc.).
Aux origines de cette volte-face historique qui a fait l’effet d’un tsunami pour la moitié des Américain(e)s, il faut se rappeler que l’ancien président Donald Trump, au cours de son mandat, a profondément remanié la Cour suprême en y faisant entrer trois magistrats conservateurs, signataires aujourd’hui de cet arrêt qui a force de loi.
Pour éclairer les soubassements de cette onde de choc, je ne pouvais mieux tomber que sur ce livre de l’édition suisse, dans sa collection « Enquêtes », spécialisée dans la recherche sur les faits religieux contemporains. Un essai dense, très fouillé, écrit par un spécialiste des mouvements charismatiques aux Etats-Unis. André Gagnon y documente, très précisément, comment les Chrétiens blancs évangéliques ont joué un rôle considérable en faveur de l’élection de Donald Trump « qui représente pour eux le seul espoir pour l’Amérique, le comparant au roi perse Cyrus le Grand, libérateur choisi par Dieu pour l’affranchissement du peuple juif au VI siècle (av. J. -C.) ».
Et ce n’est pas peu dire ! En quatre grands chapitres, le professeur d’université (à Concordia- Canada) place l’émergence du charismatique en politique sur la base de trois idées centrales : l’idée selon laquelle les Chrétiens sont appelés par Dieu à exercer leur autorité sur tous les aspects de la société par le contrôle des institutions politiques et culturelles… la lutte contre le Diable …et la doctrine de la fin du monde. C’est notamment dans cette dernière optique que « le déménagement de l’ambassade des États Unis de Tel-Aviv à Jérusalem en mai 2018 et le récent plan de paix pour le Moyen-Orient, ont galvanisé les chrétiens sionistes proches du pouvoir américain. Selon une lecture eschatologique (étude de la fin des temps) de certains textes bibliques, le peuple juif devrait habiter la « terre promise » à Abraham avant la seconde venue du Christ sur terre où, de Jérusalem, il établira son règne millénaire. On pourra aussi rappeler l’assassinat du général iranien Quassem Soleimani le 3 janvier 2020. Pour certains croyants, le conflit entre l’Iran et les Etats-Unis est annonciateur d’un évènement précédant cet « enlèvement de l’Eglise. »
À suivre.
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