Arrivés à 9h, les bénévoles se tiennent prêts pour une journée physique. En tenue de chantier, salopettes pleines de poussière, tee shirts à l'effigie de l’ONG et casques vissés sur la tête, ils vont passer la matinée à décharger des sacs de ciment, à soulever des parpaings, à déblayer des immeubles. Nous sommes allés à leur rencontre.
Ces jeunes viennent de partout au Liban mais aussi de France, États-Unis, Royaume Uni, Suède, Japon et bien d’autres pays. Ils sont ici pour des raisons diverses, mais tous par souci et par envie de venir en aide. “Comme tout le monde qui a déjà mis un pied au Liban, l’explosion m’a beaucoup affecté. On a tous des proches qui ont été touchés, des lieux qu’on aimait qui ont disparu. Les semaines qui ont suivi l’explosion, je ne pensais qu’à revenir donner un coup de main”, nous confie Nicolas, étudiant et Français de 21 ans.
L’explosion du port de Beyrouth a tué plus de 200 personnes, fait des milliers de blessés et mis à la rue 300 000 personnes. “Il faut ajouter que le gouvernement n'intervient pas pour aider les réparations et que les couvre-feu et les confinements freinent l'avancée des travaux. Le Covid est également présent et pour cela certaines mesures essentielles sont prises. Il faut ajouter aussi que ces travaux sont financés par des donations, que la logistique est récente et est soumise à rude épreuve dans tout ce contexte” ajoute Hugo, autre bénévole français et ami de Nicolas.
L’association est aussi et surtout un lieu de rencontre et d’échange entre Libanais et étrangers. Les cultures s’y mélangent dans un objectif commun. “ll y a huit mois je ne connaissais personne et, aujourd’hui j’habite, je pars en vacances et je passe la plupart de mon temps avec des amis que j’ai rencontré à Offre Joie. J’ai même rencontré ma copine là- bas. Il y en a certains avec qui on ne parle pas la même langue, mais on se comprend malgré tout et on rigole ensemble sur des choses simples. Les Libanais sont très touchés qu’autant de jeunes étrangers viennent aider à reconstruire leur pays, et ils nous le rendent merveilleusement bien. On apprend beaucoup à leurs côtés et on évolue dans un mélange de cultures permanent.” nous explique Nicolas. “Ils m'ont fait déconstruire mon approche de l'amitié, m'ont fait changer mon comportement avec les autres, m'ont appris la simplicité. Ils m'ont appris le Liban. A ce jour, je peux dire qu'ils m'ont plus aidé que moi j'ai pu les aider.” ajoute Hugo.
Même s'ils n’ont aucune formation dans le bâtiment, cette équipe de volontaires fait preuve d’une motivation rare et d’une capacité d’adaptation à toute épreuve. Et à Offre Joie, il n’y a pas que des jeunes. Nous avons également rencontré Michèle, 71 ans, qui vient au chantier tous les jours avec une énergie incroyable. “Aller sur le chantier tous les jours m'apporte beaucoup de satisfaction et de courage, une grande leçon d'humilité.” nous confie-t-elle.
Aux balcons et dans les rues, les habitants de Karantina observent les bénévoles de l’association, sourire au visage. “Quand j’arrive dans la rue principale à Karantina et que je vois des enfants dans la rue et des habitants qui étendent leur linge dans des immeubles aux façades flambant neuves, je sais pourquoi je suis là. Ça parait prétentieux mais ça fait du bien de temps en temps d’être fier de soi et de ceux qui t’entourent. Comme nous le répète souvent Marc, le président d’Offre Joie, « on ne reconstruit pas seulement des immeubles, on reconstruit des vies ». Cette phrase, un peu cliché, prend tout son sens quand on rencontre des personnes qui ont tout perdu le 4 aout et qui reviennent vivre dans leur quartier natal grâce au travail d’Offre Joie.” poursuit Nicolas.
Quand on leur parle des avancées du chantier, tous sont unanimes : neuf mois après l’explosion, les choses ont énormément bougé sur le terrain. “Il y a encore beaucoup à faire mais on voit le bout du chemin” nous dit Michèle, optimiste. “C’est peut-être la plus belle expérience de ma vie. J’ai grandi et appris à tous les niveaux et je suis heureux de pouvoir rendre au Liban une toute petite partie du bonheur qu’il m’apporte.” conclut Nicolas.
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