Petite révolution du côté du tourisme interne dans le pays du Cèdre, les Libanais vont à la découverte de leur propre pays. Depuis quelques années, on assiste à un engouement pour des séjours dans les maisons d’hôtes, à la recherche de dépaysement, de détente et d’intimité. Ces cadres se situent souvent dans des régions rurales, à la montagne ou même en ville. Les résidences offrent une alternative aux hôtels traditionnels, elles permettent aux visiteurs de vivre une expérience plus immersive, plus authentique et au charme unique. Elles leur donnent également l’occasion de découvrir la culture et les traditions locales. Pour adapter leur résidence à ses nouvelles fonctions, les hôtes ont entrepris des travaux de réaménagement et de rénovation. Sous leur impulsion, ce patrimoine revit et se revalorise. Entre ces murs résonne un projet d’hospitalité et de bienveillance. Trois maisons, de véritables bijoux de raffinement et de séduction, réservent aux résidents un moment privilégié comme à la maison, mais loin de la maison.
BEIT NOUN OU LA BELLE ENDORMIE
Située à Mechmech, dans la montagne de Jbeil, à 1200 m d’altitude, la bâtisse s’élève majestueusement sur un plateau dominant le paysage tout autour. Entouré par les cèdres ancestraux d’un côté et la mer Méditerranée de l’autre, le site est enchanteur. C’est une destination idéale pour un séjour de détente et de relaxation.
Avec son flanc de montagne exposé à la lumière et au vent marin, le village était autrefois connu sous le nom de Mechmiss (d’où son nom actuel) car il était largement ensoleillé.
De cette maison ancestrale se dégage l’âme du Liban d’antan. Une maison très liée au vécu du village et de la famille Noun, famille de notables. L’architecture de cette demeure construite dans les années 1930, et connue sous le nom d’El Hara, est très inspirée de l’Art déco, style en vogue à l’époque. C’est une large bâtisse élevée par des murs en maçonnerie de grosses pierres de taille. Des colonnes imposantes marquent l’entrée. Les modénatures de la façade, portes, fenêtres, doubles-fenêtres, balustrade et ouvrage en fer forgé, présentent des lignes modernes et répondent à une esthétique cartésienne propre à l’Art déco. Un courant qui a pris soin d’équilibrer l’opulence et l’aspect pratique, et qui représente un style de construction élégant.
Beit Noun a été le témoin de la vie trépidante de la famille, calquée sur l’âge d’or du Liban. Son histoire est intimement liée à celle de la région, elle a été l’épicentre de belles célébrations, de déjeuners au soleil et de fêtes familiales.
La volonté des propriétaires était de faire revivre ce patrimoine, de lui redonner sa gloire d’avant. L’opération lifting a été confiée à GM Architectes. Avec sa touche dynamique et ses couleurs chaudes, la rénovation porte le sceau de l’ADN des intervenants. Un air de fraîcheur est venu ranimer l’aménagement intérieur et certains meubles ont retrouvé leur lustre d’antan. Avec de larges aplats de teintes vives sur les murs, Galal Mahmoud a réussi à apporter sa sensibilité de coloriste et son approche raffinée. Imprégnée d’une grande humilité, son intervention s’est faite dans le respect profond de l’existant en préservant l’authenticité de la construction.
Afin de recevoir un plus grand nombre d’hôtes, des chambres ont été aménagées sous la charpente et dans une annexe. La piscine apporte à la terrasse le bleu de la mer voisine. Le jardin propose des balades bucoliques entre pommiers, lavande et oliviers.
Dans ce travail tout en finesse, le plus grand soin a été apporté aux détails. Du bel ouvrage exécuté avec brio par Galal Mahmoud et la famille Noun. Sous leur impulsion, la belle endormie envisage désormais le présent avec bonheur et sérénité.
UN DAR PAS COMME LES AUTRES
On dit que chaque famille a une histoire à raconter. On dit que chaque maison porte l’histoire dans ses murs, dans ses pierres et dans ses fondations... Dans le village de Zefta, sur une colline surplombant les paysages verdoyants du Liban Sud, Dar Zefta, une grande et belle maison de famille, a vu le jour en 1911. La maison de la famille El-Darwiche.
Dès les premiers jours, Dar Zefta a été associé à l’altruisme, à l’intégrité, à la beauté, à l’héritage, à la passion et au progrès. En effet, le Dar était bien plus qu’une belle maison au sommet d’une colline. C’était un site actif dans le village, c’était un Dar par les villageois pour les villageois. Le village participait à toutes les activités agricoles du Dar et de ses environs. Zefta est devenu célèbre pour ses figues, ses gombos, ses olives, son tabac, son miqté et ses nombreux légumes méditerranéens.
Après un incendie ravageur en 2014 qui a réduit en cendres la quasitotalité du bâtiment, Dar Zefta a été reconstruit sous la houlette de l’architecte Simone Kosremelli. «C’était un chantier intéressant et en même temps un grand challenge, car il a fallu reconstruire et retrouver l’âme de l’ancienne bâtisse d’inspiration ottomane tout en ajoutant une aile moderne.» Le bâtiment à la double rotonde a aujourd’hui retrouvé sa splendeur d’antan, mêlée à une allure résolument contemporaine.
Depuis 2021, Dar Zefta est une maison d’hôtes de dix chambres. Les maîtres des lieux, Ghada et Bahjat El-Darwiche, accueillants et généreux, reçoivent habitués et touristes trop heureux de découvrir une région riche en histoire, arts et patrimoine.
« Mais Dar Zefta est bien plus qu’une maison d’hôtes, car notre Dar se définit comme étant un mouvement social, une énergie, qui aurait comme mission de préserver l’héritage de toute une région; tout en étant synonyme de développement social et économique, car nous considérons que notre rôle est de mettre en avant la splendeur, le talent, le savoir-faire de nos artistes, artisans et villageois», affirme le propriétaire.
Enfin, toujours dans l’objectif de soutenir les artistes locaux et de contribuer de manière active et tangible au développement de la scène artistique et du tourisme culturel dans la région, une «Route des arts» à la découverte de dix-huit peintres talentueux du sud a été inaugurée en juin 2023.
ATMOSPHÈRE ATMOSPHÈRE
Dans la montagne, à Kfour plus précisément, à quelques kilomètres de la côte, un village authentique a réussi à échapper au désordre du développement urbain. Cette commune a su conserver quelques-unes de ses anciennes constructions en pierre de taille, en maintenant vivant ce patrimoine bâti dont la rareté le rend inestimable.
Une maison domine la colline, enfouie au cœur d’une pinède, elle se laisse découvrir au bout d’une allée privée en pente. Surprise assurée devant cette magnifique cour appelée autrefois le Midan. Comment ne pas voir, dans cet ensemble architectural, une influence du palais de Beiteddine, fleuron des palais du XVIIIe siècle dont le style éclectique mêle influences ottomanes et orientales? Sur le côté est, la cour est bordée par un long bâtiment ouvert par deux grandes arcades, originellement utilisé pour les chevaux. À gauche, une porte ancienne cloutée mène le visiteur à l’intérieur d’un hall central. L’archétype de cette habitation est de forme rectangulaire: elle est composée d’un élément central et de trois pavillons qui s’articulent autour d’un patio intérieur. Une enfilade d’arcades anime la façade principale orientée vers la mer.
Dotée de magnifiques jardins, la bâtisse est surmontée par une piscine en basalte dont la solennité de l’aménagement lui confère un air de temple, un rien ésotérique. Des toits de tuile rouge de Marseille viennent achever le tableau.
Une rénovation aboutie Construite il y a 250 ans, la maison principale a connu plusieurs rénovations importantes, depuis son acquisition par les actuels propriétaires en 1986. Leur volonté a été très claire: préserver la richesse et garantir la pérennité de cet édifice, témoin d’une autre époque.
Aujourd’hui, après une opération lifting, la maison a été transformée en maison d’hôtes: Indira, qui signifie « splendide » en sanskrit. Splendide! Un nom bien trouvé pour ce cadre tout en beauté et majesté qui transporte les visiteurs dans un lieu où le passé et le présent se combinent. côté maison d’hôtes La remise à neuf a été assurée grâce à la collaboration entre la designer Carla Baz, la Maison Tarazi, spécialisée depuis 1862 dans l’ébénisterie orientale et qui a rénové les panneaux muraux damascènes, les corniches du plafond et les meubles, et la consultante et styliste d’intérieur Carole Tarazi Nasnas, qui a stylisé les chambres et les espaces communs et s’est chargée de tous les revêtements, tissus d’ameublement et literie. Un luxe à la fois sophistiqué et discret domine les intérieurs. La décoration a été dictée par les goûts des maîtres de céans, grands collectionneurs d’art.
Avec des pièces acquises au gré de leurs coups de cœur et glanées au cours de leurs voyages, la collection est fascinante et unique. Elle est inspirée de diverses cultures et régions allant du Moyen-Orient à l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Des artefacts, des sculptures et des œuvres d’art exclusives font de cette demeure un lieu de rencontre des civilisations et religions. Le résultat est enchanteur.
Ainsi, la menuiserie damascène, les cabinets et armoires en nacre d’Istanbul fusionnent avec des portraits chinois colorés; les pièces antiques se marient aux lignes modernes et aux palettes de couleurs; canapés en velours et motifs ornés apportent une élégance subtile et un confort intemporel. Chacune des dix suites décline une ambiance propre, renfermant un univers de luxe, de somptuosité et de volupté.
Allez vite découvrir cet endroit privilégié à l’atmosphère accueillante, avec un service attentionné et une cuisine savoureuse et exotique aux inspirations thaïes.
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