« Les tableaux, les portes » * : les exquises rêveries écrites de Michel Vincent.
08/01/2020|Bélinda Ibrahim
Depuis quand écrivez-vous ?
Ça a commencé à l’adolescence. Depuis ce temps, il m’est difficile de penser ou de rêver sans écrire. Je crois que j’ai eu besoin d’écrire quand j’ai senti à quel point le monde était étouffant. C’est le petit espace que j’ai trouvé pour respirer. Je devais être trop faible pour résister ou fuir.
Comment est venue l’idée de ce livre ?
C’est une envie de lecteur : un livre léger, qui tienne dans une poche ou un sac, pas plus gros qu’un portefeuille, et qu’on puisse ouvrir dès qu’un doit patienter. Un livre de salle d’attente, d’autobus, de métro, d’administration. Des histoires courtes, achevées en quelques minutes, transformant le temps d’attente en un moment d’évasion, de sourire ou de larmes, de réflexion ou de vertige. Une brise d’imaginaire pour s’aérer l’esprit.
C’est aussi une pulsion d’auteur : chaque nouvelle, chaque texte est d’un seul souffle. C’est un autre élan qu’un récit au long cours. Un peu comme une chanson ou un chorus. Ça sort, on le laisse sortir, puis on le relit et si ça mène quelque part, si on aime bien ce trajet, on le garde. Et on a envie que d’autres l’empruntent.
Pourquoi avoir choisi ce titre et pas un autre parmi les nouvelles que rassemble cet ouvrage ?
Cette nouvelle « Les tableaux, les portes », s’est imposée car son titre exprime les deux types de textes que contient le livre : des textes « tableaux », réflexions et rêveries à partir d’une contemplation ; et des textes « portes » que l’on pousse, avec une action, des personnages qui bougent, des événements qui se succèdent. D’ailleurs, je l’ai vu après, plusieurs textes commencent par une porte qui s’ouvre.
Avez-vous des projets d’écriture futurs ? Si oui, quels sont-ils ?
Je travaille sur un conte qui se passe dans le monde des rêves et qui pourrait faire un scénario original de film d’animation. J’ai en cours également le récit d’une quête sur un événement familial dramatique passé. Plus une grande farce picaresque qui me prendra encore plusieurs années. Et d’autres nouvelles, des poèmes, des chansons, des aphorismes. Vous voyez le chantier...
15 questions à Michel Vincent
1 - Votre couleur favorite ?
Le bleu
2 - Avez-vous aimé quelqu'un au point d'en pleurer ?
Oui, je pleure facilement. Penser aux gens que j’aime, sentir en profondeur cet amour c’est comme déboucher une bouteille de mousseux. Si nous n’avions pas ce curieux pouvoir d’endormir notre conscience la plupart du temps, notre condition naturelle d’hommes et de femmes lucides serait les larmes.
3 - Votre film favori ?
Brazil
4 -Votre saison préférée ?
Le printemps
5 - Le restaurant où vous irez sans jamais vous lasser ?
Libanais ! Je me suis marié dans un restaurant qui n’existe plus « la Tour du Liban », rue Blanche à Paris - et ma femme et mes enfants adorent aussi cette cuisine.
6 - La chanson qu'il vous arrive de fredonner dernièrement ?
« Je suis venu pour elle... je suis là pour l’amour en somme », de Laurent Voulzy
7 - Que feriez-vous le plus souvent s'il vous arrivait de vous ennuyer ?
Lire, marcher, découvrir de nouveaux lieux... et prendre des notes !
8 -Quel est votre livre culte ?
« La transmigration de Timothy Arsher » de Philip K. Dick
9 - Si vous deviez renaître, quels changements souhaiteriez-vous ?
Tomber dans la potion magique quand j’étais petit.
10 - Si vous deviez partir un mois sur une île déserte et n'emporter que trois choses avec vous. Lesquelles et pourquoi ?
Un bouquin, de préférence un Murakami ou un Tom Robbins, bien copieux, pour ne pas perdre le sens et être en bonne compagnie ; un kayak et des chaussures de marche pour la balade et l’exploration.
11 - Quelle est la grande folie que vous avez omis de vivre ?
Ne pas faire carrière. C’était dangereux socialement mais, dans mon cas, indispensable pour ne pas passer à côté de moi.
12 - Quels erreurs ou mauvais souvenirs voudriez-vous gommer de votre existence ?
Toutes les fois où je n’ai pas été à la hauteur... Et y en a un paquet !
13 - Avez-vous peur de la mort ?
Oui. Une partie de moi en a très peur. J’essaye de lui transmettre ce que d’autres parties ressentent : qu’il y a quelque chose en nous qui est hors du temps, et donc de la mort... mais ça ne m’empêche pas de trembler !
14-Êtes-vous heureux ?
Il faudrait que je consulte toutes mes parties pour vous répondre... ça risque de prendre du temps !
15 - Un génie vous apparaît. Faites un vœu…
Abolir le temps.
* Édité par Noir Blanc Et Caetera
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