Propulsée en 2018 sur la scène internationale avec la réalisation du musée national d’Estonie, Lina Ghotmeh enchaîne depuis des projets d’envergure. L’immeuble Stone Garden à Beyrouth, des bureaux à Massy, la réhabilitation du quartier MaineMontparnasse à Paris, les ateliers Hermès à Louviers, le musée de la Révolution de la dignité à Kiev et tant d’autres ouvrages ont classé Lina H. au rang des architectes stars. Les projets de l’architecte franco-libanaise.
Lina Ghotmeh sont basés sur son concept d’«archéologie du futur», qui explore les thématiques de la mémoire, de l’espace et du paysage par lequel un bâtiment s’élève dans son environnement, en essayant d’incorporer des notions d’histoire, de société, d’évolution. «En tant qu’architecte, je creuse pour concevoir (apprendre) grâce aux traces du passé, tout en écoutant les voix de nos ancêtres et de notre monde vivant», confie l’architecte.
Un pavillon dans la forêt
Désignée par la Serpentine Gallery pour concevoir le vingt-deuxième ouvrage de cette série architecturale, elle livre son projet en juin dernier. Le pavillon Serpentine est une structure éphémère, construite au sein des jardins de Kensington, qui abrite une exposition annuelle d’architecture et de design. La réalisation des pavillons a débuté en 2000 avec Zaha Hadid. Depuis lors, les plus grands architectes internationaux se sont prêtés à l’exercice: Bjarke Ingels, Sou Fujimoto, Peter Zumthor, Jean Nouvel… Il est devenu l’un des événements récurrents les plus attendus du monde de l’architecture.
À table
Baptisé «À table», le Serpentine Pavillon 2023 est influencé par l’héritage méditerranéen de Lina Ghotmeh et les conversations significatives qui se déroulent autour d’une table, incarnant le désir d’établir un lien durable avec la terre à travers la nourriture et notre lien inné avec la Terre.
Pour la conception de son projet, Lina Ghotmeh s’inspire des huttes «Toguna» du peuple Dogon au Mali. Une structure en bois se déploie horizontalement, comme une série de troncs d’arbres qui invitent à pénétrer au cœur de ce qui pourrait être une forêt. Le pavillon fait écho à la nature et rappelle la canopée des arbres environnants de Kensington.
Ainsi, l’intérieur présente une table concentrique le long du périmètre, invitant à se réunir, à s’asseoir, à réfléchir, à partager et à célébrer, permettant à de nouvelles relations de se former
AlUla, la montagne et deux musées
Dans un futur proche, Lina Ghotmeh concevra le musée d’Art contemporain de la région de AlUla tandis que Assif Khan, architecte britannique, se chargera du musée de la Route de l’encens dans le cadre d’un plan directeur qui guidera la revitalisation d’AlUla en établissant un nouvel héritage culturel dans l’ancienne ville oasis. Ils ont été choisis par un jury de concours international composé d’acteurs clés et de spécialistes de l’architecture, du paysage et de la muséologie, soutenu par un panel technique et présidé par le Dr Khaled Azzam, l’homme derrière le plan directeur Journey Through Time d’AlUla.
Pour ce dernier, «AlUla est un paysage spectaculaire de découverte, où le patrimoine, les œuvres de la nature et de l’homme se combinent pour révéler une relation longue et intime entre les gens et leur environnement.»
Sur son projet en gestation, Lina Ghotmeh a confié: «L’architecture du musée d’Art contemporain d’AlUla plonge les visiteurs dans un voyage créatif de l’étendue désertique à l’oasis culturelle luxuriante d’AlUla, mêlant l’environnement naturel, l’agriculture et l’art pour révéler le cœur de la culture contemporaine.
À travers une série de pavillons de jardin, le musée présente une interaction constante entre l’art et la nature, capturant l’essence de ce lieu unique. Les galeries offrent des perspectives surprenantes et ancrées sur les nombreuses facettes d’AlUla, des microclimats de l’oasis à l’étendue du désert, évoquant un profond sentiment d’attachement à la terre et à son patrimoine.»
Assif Khan ne cache pas son enthousiasme. Pour lui, la conception de son musée prend la forme d’un espace public et non d’un musée à l’intérieur des murs, situé dans le village d’AlJadidah avec des galeries et des espaces d’expériences sensorielles et d’apprentissage.
«Les montagnes sont un arrière-plan constant, dont les dunes de sable descendent pour saluer les bords du musée, tandis que les terrasses en gradins des jardins agissent comme une nouvelle interface entre le village et l’oasis.»
Dans son parcours remarquable, Lina Ghotmeh s’est illustrée par sa capacité à fusionner les domaines de l’art, de l’architecture et du design. Elle est parvenue à se tracer un chemin qui semble l’amener tout droit vers les étoiles.
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