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Ayla Jabr, 

Elève en classe de 1ère au Collège Louise Wegmann

 

Beyrouth, mon amour

Beyrouth, ma ville

Beyrouth où mes souvenirs défilent.

Toi qui m’as fait rire, toi qui m’as fait pleurer. 

Aujourd’hui, je parcours tes ruelles et je te vois, dépourvue de tes couleurs, dépourvue de tes bonheurs.

Cet après-midi du 5 août, j’ai découvert une ville que je ne connaissais pas, une ville que, peut-être, mes parents ont connue, mais que moi je n’avais jamais vue. Une ville où l’on ne perçoit pas la différence entre le jour et la nuit, une ville où la journée s’écoule comme celle de la veille, froide et blême. Cette ville n’est pas la mienne. Cette ville ne te ressemble pas, Beyrouth, mon amour. Cette ville n’a aucune soif de vivre, aucun élan vers les joies à venir. Ses artères sont ternies par les années d’abandon. Ses citoyens semblent avoir succombé à leur mauvais sort, et ne connaissent plus aucune allégresse. Tout blanchit et se défait à leurs yeux. Tout s’efface. 

Après le crépuscule du 4 août, Beyrouth, ton cœur a cessé de battre tel le cœur de tes victimes. Les miraculés, eux non plus, ne sont plus vivants. Toute trace de souffle qui restait dans ta poitrine endolorie s’est subitement évaporée. La musique qui berçait ton âme s’est subitement altérée en sirènes d’ambulance et en cris de mères éplorées. 

Beyrouth, tu me manques. Ton odeur me manque. L’odeur des samedis matins chez téta et jeddo, l’odeur de « baye3 el ka3ek » et l’odeur de la corniche, me manquent. Beyrouth, tu ne dormais jamais, tu te souviens ? A présent moi je ne dors plus. Mais ce n’est plus pour la même raison. On te quitte Beyrouth, tes amoureux te quittent. Moi aussi je les vois partir, Beyrouth, et ça me fait mal. Mais je resterai. J’attendrai que les battements de ton cœur se déchainent de nouveau, et je resterais. 

Et comme toi, j’attendrai leur retour, et ensemble, nous regagnerons nos couleurs, nous retrouverons nos odeurs. Beyrouth, mon amour, je t’attends.       

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