Pouvez-vous nous parler de vous ?
Je suis Marisa Avogadro Thomé, et je suis d'origine libanaise. Je vis à Maipú, Mendoza en Argentine. Mon grand-père, Miguel Tohmé, et ma grand-mère, Julia Milet, étaient des libanais originaires respectivement de Beyrouth et de Qornet el Hamra. Ils sont arrivés en Argentine au début des années 1910.
Après mon master en communication et en éducation, je suis devenue écrivaine, journaliste et professeur. J’ai créé et je dirigee le magazine Diafanís. J'ai également publié treize livres de poésies et de nouvelles en tant qu'auteur indépendant dans mon pays. Mes travaux ont également été inclus dans huit livres à l’étranger.
Enfin, j’ai aussi travaillé comme traductrice et interprète pour la justice fédérale de ma province argentine.
Vous êtes également membre correspondant pour l'Argentine de l'Académie brésilienne- libanaise des lettres, de l'art et des sciences au Brésil, pouvez-vous nous en dire plus de cette académie ?
En 2022, j’ai été élue en tant que représentante pour l'Argentine à l'Académie des lettres, des arts et des sciences libano-brésilienne à Rio de Janeiro, au Brésil.
Lorsque le consul général du Liban au Brésil, le Docteur Alejandro Bitar, est arrivé à Rio de Janeiro en 2018, il a eu l'occasion de rencontrer des représentants de la communauté libanaise et arabe. De cette rencontre est née l'idée de fonder une institution d’excellence unique au monde, renforçant le lien important entre les libanais et les brésiliens mais aussi permettant de reconnaitre la communauté libanaise comme une entité à part du pays.
En effet, les descendants des libanais et des arabes en général sont une partie importante de la société brésilienne et profondément enracinée dans tous les domaines, aussi bien dans la santé, les sciences, l’éducation, mais aussi la culture, la littérature et les les arts. C’est pour cela qu’il était nécessaire de créer une institution pour les représenter.
Après la pandémie, en août 2022, le Docteur Bitar et l'écrivain Carlos Nejar, poète, narrateur, traducteur, critique littéraire et membre de l'Académie brésilienne des lettres, d'origine libanaise, se sont rencontrés et ont mis ce projet à exécution en créant l’Académie libano-brésilienne de lettres, d'arts et de sciences. Il s’agit de la première institution de ce genre dans le monde, qui est conçue et organisée par le Consulat général du Liban à Rio de Janeiro.
Ainsi, l’Académie est une institution culturelle inaugurée le 9 septembre 2022, basée à Rio de Janeiro, dont l'objectif est de cultiver et de préserver la créativité littéraire, intellectuelle, artistiqueet les valeurs culturelles du Liban et des Arabes au Brésil, ainsi que de sauvegarder, promouvoir et diffuser les œuvres littéraires, artistiques et scientifiques de ses fondateurs et académiciens. Elle est composée de 40 membres effectifs, d'universitaires, mais aussi de partenaires correspondants de l’étranger.
Le 6 juillet 2023 a été publié le premier numéro du magazine numérique de l’Académie intitulé « Líbanus ». L’ouvrage comprend des articles rédigés par des membres universitaires, un cinéaste mais aussi deux partenaires correspondants (en Argentine et au Liban). On y retrouve également des nouvelles en arabe. Tout cela dans un design actuel et soigné, incluant des photographies en rapport avec les sujets abordés célébrant la culture libanaise au fil du temps.
J'ai eu l'honneur de participer à ce projet avec mon article intitulée : « Le parfum des fleurs d'oranger : l'identité́ à travers la culture » (en langue portugaise).
Vous gérez également un site web sur l'art et la culture : parlez- vous des artistes libanais ?
J’ai crée le magazine Diafanís en octobre 2017. Les thèmes abordés sont vastes : cela va de la culture, de l’art mais aussi de la science. Il s'agit d'un projet sans subvention, auquel les gens participent sans frais.
Mon site est désormais répertorié au sein de deux bases scientifiques importantes : Binpar (en Argentine) et Latindex (au Mexique). L'Agence allemande de presse l’a également inclus comme média latin depuis deux ans, et nous diffusons ses informations.
En 2018, j'ai contacté le Gibran National Committee (GNC) de Bsharre, au Liban. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à diffuser des informations sur le GNC dans le magazine, et nous continuons encore aujourd'hui.
En outre, en février 2020, j'ai été sélectionnée pour devenir représentante du GNC en Argentine et au Chili, jusqu'à la fin de l'année 2022. C'était la première fois que le Comité́ avait un représentant dans ces pays depuis sa fondation il y a 86 ans.
De plus, en 2018, j’ai aussi été mise en relation avec des personnes du domaine de la culture au Liban. J’ai pu être en contact avec notamment Charbel Sukar (peintre), Gerard Tohmé, Joseph Borgi, Hoda Zohrob et Mohamad Tohmé (photographes).
J’ai aussi pu interviewer de nombreux professionnels libanais tels que Talal Darjani (auteur et réalisateur), María Christie Bakhos (professeur, actrice et metteur en scène), Mirna Abboud El Khoury (directrice de l’ONG Hamazat), ou encore Joseph Fenianos (président du GNC à l’époque).
Je publie généralement mes articles en anglais et en espagnol, afin que les personnes intéressées par l’art et la culture, mais ne parlant pas l'anglais, puissent aussi en prendre connaissance. C’est important pour moi que les lecteurs puissent accéder à ces versions traduites.
Vous avez récemment lancé un livre, pouvez-vous le présenter aux lecteurs libanais ?
Mon dernier livre s'intitule « Au delà des races. Poésies, nouvelles et photographies » et est publié aux édition « Mar y Arte ». La photographie de la couverture est celle de ma tante Felisa Thomé, que les gens appellent Nuna. À l'intérieur du livre, il y a aussi de nombreuses photos du Liban prises par un oncle qui y a voyagé en 1952.
A travers ces mots, je voulais faire un tour des lieux, des géographies, des sentiments et des dictons ; où chaque élément fait référence aux différences que nous avons en tant que personnes qui vivent dans ce pays, et à toutes les similitudes qui nous font partager cette terre. C’est un récit d'images, de couleurs, de mots, de sons et de parfums, qui est une façon de raconter les identités, au-delà des races.
Plusieurs des poèmes et des histoires sont des œuvres qui sont nées du plus profond de mes sentiments. Parfois, je dis que la nostalgie nous accompagne toujours et que, comme nos ancêtres, nous regardons vers l'Est comme si nous essayions de renouer avec la Méditerranée.
Certains des poèmes comme : « A Kawla, ma grand-mère ; Nous sommes la patrie et les cicatrices, et les histoires », « Le coin rouge » (pensée à Qornet el Hamra) et « Bleu », sont particulièrement chers à mes yeux et à mon cœur.
Vous vivez en Argentine, comment percevez-vous la scène artistique libanaise depuis chez vous?
Vivant dans un pays latin, il est plus difficile de connaître l'art des pays du Moyen-Orient, car en raison de la distance, presque rien n'est publié dans les médias locaux. La plupart des informations sur ces pays étant transcrites en arabe et, dans certains cas, en anglais.
Dans mon cas, il s'agit toujours de sujets qui m'intéressent. Je lis et je cherche dans les journaux libanais et d'autres pays arabes pour lire leurs versions anglaises. C’est ainsi que je m’informe.
Bien sûr, je lis l’Agenda Culturel ! Ce qui me permet de voir la quantité et la variété de la scène culturelle et artistique et les évènements qui se déroulent en permanence à Beyrouth.
Et avec humilité, depuis les pages de mon magazine, je diffuse les activités des artistes libanais que nous avons contactés en étant à chaque fois impressionnée de leur talent et de leur gentillesse.
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