Les élections, nous allons les gagner.
Qu’on se le dise et qu’on se le répète.
Nous, c’est ce bon peuple qui a envahi la rue il y a deux ans.
Nous, c’est cette diaspora qui, à l’étranger, a pris enfants et drapeaux pour descendre dans les rues appuyer leurs concitoyens.
Cette diaspora qui s’inquiète, se morfond tout bas, essuie une larme et tend la main, encore, puis encore et depuis peu, sans fin.
Le pays n’a plus besoin d’aumône. Le pays a besoin de gens aux coudées libres. Libres de tout clientélisme, de toute partisannerie. Le pays a besoin de citoyens qui ne doivent rien à personne et que personne ne peut acheter. Il a besoin des voix de tous les Libanais là où ils se trouvent et là où ils vivent. Le Liban a besoin de bulletins de vote pour botter tous ceux qui, depuis 40-50 ans, nous ont mené à la pauvreté, la ruine, la déchéance.
Ne réfléchissons pas trop. Allons droit au but : Nous voulons retrouver notre pays, les tables généreuses de nos parents, de nos amis. Nous voulons faire la fête, organiser des colloques, rire à gorge déployée la nuit, les pieds sur un muret éclairé par un réverbère. Nous voulons revenir avec de beaux cadeaux de valeur, achetés dans nos belles boutiques au Liban. Nous voulons être fiers de notre pays, de sa culture, de son ouverture. Nous voulons un salon du livre où les grands auteurs espèrent être invités. Nous voulons que nos jeunes diplômés se fassent, sur place, la concurrence dans de grandes compagnies. Nous voulons nous baigner dans nos plages bondées, danser jusqu’à l’aube aux mariages de ceux que nous aimons, boire un verre et encore un autre dans un bar bourré de jeunes. Nous voulons que nos frères et sœurs aient un travail satisfaisant, redevenir une plaque tournante dans la région et retrouver notre prospérité. Nous voulons pouvoir croquer dans un sandwich de batata inégalable. Sentir l’odeur du méchoui du dimanche se promener d’un village à l’autre; être trempés par une ondée soudaine, puis mettre nos petites ballerines et aller faire les magasins insouciants et joyeux. Nous voulons cueillir des figues dans le jardin de téta et bavarder avec nos cousins sous la vigne ensoleillée.
Nous voulons NOTRE Liban…
Nous le leur avons prêté. Nous avons eu tort. Nous avons tout essayé pour le récupérer. En vain. Quand la mafia se confond avec le pouvoir, il est difficile de s’extirper aux criminels.
Mais.
Mais il nous reste une chance. Une seule et unique chance. Une dernière unique chance : les élections.
Au pays, meurtris, déprimés, angoissés, rompus de fatigue, d’inquiétude, de frustration… au pays, ils comptent sur nous. Sur nos voix. Nos voix libres de toute contrainte. Ces contraintes qui nous ont coûté l’exil, la séparation, la nostalgie, l’incompréhension et la solitude.
Au pays, ils n’ont plus que nous. Même les plus révolutionnaires sont pris dans le piège du pouvoir et de l’hégémonie des partis sur leur vie et leur avenir. Ils sont otages d’un système qui les broie, tous les jours un peu plus.
Nous, nous seuls, sommes maîtres de nos décisions. Faisons-nous un cadeau. Un cadeau pour ce Liban dont nous sommes fiers, pour nos racines si profondément ancrées en nous, pour avoir droit encore à avoir un pays avant qu’il ne soit dissous, pour un avenir que nous ne pouvons pas laisser s’effriter et bientôt disparaître…
Offrons-nous ce cadeau pour pouvoir continuer à rêver… Pour que nos enfants et nos petits-enfants puissent continuer à ouvrir nos cages dorées pour voler haut et loin… Là où notre cœur n’a jamais cessé de battre.
Ne réfléchissons pas trop. Inscrivons-nous avant le 20 novembre.
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