Pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter ?
Ayant eu un coup de cœur pour le Liban dès 2011, je m'y suis installée en 2014, juste après avoir obtenu un master en histoire de l'art / droit du marché de l'art à Paris 1. J'ai d'abord travaillé au Metropolitan Art Society, puis j'ai souhaité approfondir mes connaissances en histoire de l'art de la région et j'ai suivi les cours du master en critique d'art et curatoriat crée par Nayla Tamraz à l'Université Saint Joseph. Dans le cadre de ce master, j'ai eu la chance de travailler pour la Collection Saradar puis pour la BEIRUT ART FAIR, avec qui je suis restée jusqu'en 2020. Après la délocalisation forcée de la foire d'art en Europe à la suite de l'effondrement économique du Liban (devenue Menart Fair), j'ai décidé de rester, et l'idée créer ma propre entité m'est venue durant le confinement.
Présentez-nous votre nouvelle galerie no/mad utopia et pourquoi avoir voulu passer du virtuel à une galerie ayant pignon sur rue.
Après plusieurs mois de réflexion et de travail, j'ai lancé no/mad utopia au début de l'année 2022. Je l'avais conçue comme une galerie digitale destinée à promouvoir des artistes installés dans la région MENA quelles que soient leurs nationalités, afin de croiser les approches et les regards. Avec l’intense reprise de la vie culturelle à Beyrouth, et l’ouverture de nouvelles galeries ces derniers mois, j’ai décidé de repenser mon modèle. A la recherche d’un espace dans le quartier de Gemmayzeh qui est en plein boom, j’ai eu l’opportunité de collaborer avec Edouard Zakhia & Co et d’avoir ainsi un lieu juste à côté de chez Paul.
Quel artiste avez-vous choisi pour votre première exposition ?
Lilia Benbelaïd, l’une des artistes avec qui je collabore régulièrement, est depuis un an et demi dans le processus d’écriture de WAÏ*, son premier roman graphique. L’espace étant prêt à ouvrir, il m’a paru opportun pour Lilia de faire partie du programme de Beyrouth Livres organisé par l’Institut français, puisque cet évènement incontournable au Liban attire un public diversifié sensible aussi bien à l’art qu’à la littérature.
*wai\waj\masculin : mot marseillais appartenant au registre argotique, qui désigne la pagaille, le désordre
.
Qu'aborde cette exposition ?
A travers son récit, où l’architecture est le support de moments vécus ou d’allégories mémorielles, Lilia Benbelaïd tisse une correspondance entre l’expérience de la ville de Beyrouth et la désillusion amoureuse.
L’exposition, qui présente les premières planches de sa bande dessinée en cours, est aussi l’occasion de revenir sur son parcours artistique. Vingt-cinq planches de WAÏ seront exposées, ainsi que plusieurs sérigraphies représentatives de son travail en tant qu’artiste plasticienne, et dont la composition fictive et fragmentée de l’urbain l’ont fait connaître du public. Enfin, une courte vidéo d’artiste retraçant une journée type de Lilia accompagnera ses dessins et permettra de comprendre son univers esthétique et ses sources d’inspiration.
Photo : Elie Bekhazi
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