Parlez-nous de SHE, votre nouvelle exposition
Cette exposition est un coup de gueule. C’est une façon à moi de faire le deuil tout en étant positif et constructif. La vue de mon atelier détruit et de mes œuvres déchiquetées, mêlée aux gémissements de la ville et au bruit broyant des débris de verre partout le soir du 4 aout, est à la base de cette exposition. Une des premières idées à me traverser l’esprit est celle de donner à Beyrouth ce qui peut être sauvé. Cette exposition est constituée de tableaux qui portent les cicatrices de cette tragédie. SHE c’est Beyrouth, et l’exposition est un hommage à cette grande dame qui s’incline mais qui ne tombe pas.
Comment avez-vous vécu le 4 aout ?
Comme tous les Libanais et surtout comme un Beyrouthin ayant grandi dans les quartiers les plus sinistrés. Mon école, mon atelier, mon épicier, mes voisins… on est tous meurtris. Je n’ai pas les mots pour décrire le supplice que nous avons vécu et que nous continuons à vivre. Je m’incline devant la douleur de mes concitoyens qui ont perdu leurs proches, leurs biens, leur vue, leur vie telle qu’ils l’ont bâtie à la force de leurs bras et à la sueur de leur front.
Quelle est votre vision pour le Liban culturel de demain ?
Tant qu’il y a des Libanais sur ce bout de terre, il y a un Liban culturel. On se bat continuellement comme pour bien d’autres secteurs vitaux. La culture n’est pas un luxe. C’est un besoin et un impératif pour la constitution d’une identité nationale, quelle que soit sa complexité. La culture c’est un patrimoine bâti et intellectuel. Et il nous a été prouvé récemment que le matériel est extrêmement fragile, les idées, quant à elles, sont éternelles.
Est-ce que le Festival Cabriolet se tiendra en 2021 ?
Evidemment et nous tenons à l’organiser plus que jamais. En 2020, la pandémie du COVID 19 n’a pas empêché la 12ème édition annuelle du festival de se tenir, et ce dans le respect des règles sanitaires et sans aucun cas reporté parmi les participants.
Le thème de notre 13ème édition que nous révèlerons très prochainement est très démonstratif de notre détermination. C’est notre façon de prouver notre résilience envers et contre tout. On ne baisse pas les bras. Beyrouth ne se limite certainement pas à son environnement naturel et architectural. Ses habitants sont les porteurs de ce riche héritage ; et c’est cette symbiose entre le lieu public et les gens de la ville et du pays que le festival Cabriolet prône. Nous étions là avant, nous y sommes aujourd’hui et nous y resterons pour bien des années à venir.
Brahim Samaha a tenu à reverser les recettes de l’exposition SHE au bénéfice de l’Agenda Culturel et à l’association #we_help.
Nous l’en remercions chaleureusement.
L’exposition se tient jusqu’au 8 janvier 2021.
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