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Une quête d’expression narrée par Philippe Aractingi au théâtre Monnot

16/06/2023|Noame Toumiat

“Parce que ce qui est personnel, peut être universel”. Par cet aphorisme, Lina Abyad, metteuse en scène, résume en toute simplicité ce que tente d’insuffler les artistes par l’intermédiaire de leurs œuvres, tout autant que la portée du spectacle Sar wa’et el-haki coproduit par Fantascope Production et MFG Consulting. 

Le protagoniste de cette œuvre est Philippe Aractingi, célèbre réalisateur jouera du 15 juin au 2 juillet sur les planches du théâtre Monnot pour narrer son parcours, plus précisément une quête d’expression de soi et du monde depuis son enfance. Ses histoires intimes, même celles les plus anodines résonnent : c’est à travers ce commun que le public se reconnaît et se retrouve. En créant une scénographie des plus familières mais surplombée d’un univers sonore et imagé singulier, travaillés avec la metteuse en scène Lina Abyad, ce spectacle permet de montrer le poids de l’expression dans la construction personnelle tout autant que la richesse de langages que cela permet de travailler et de s’approprier. 

Réalisateur entre autres du film Bosta ainsi que de nombreux documentaires, Philippe Aractingi fait partie du paysage cinématographique libanais depuis quelques décennies. Étant enfant dyslexique, jonglant entre l’arabe et le français, ainsi qu’entre sa main gauche et droite pour écrire, il rencontre des difficultés pour s’exprimer. En grandissant ainsi qu’en expérimentant plusieurs médias à l’instar de la photographie et de la musique, il y trouve une sensibilité universelle, un langage qu’il peut manier par plusieurs intermédiaires. En diversifiant ses approches, il a su dessiner une palette d’expressions artistiques et réflexives, en palliant les carences originelles. En parallèle de cette évolution, ses histoires en les accumulant, en les gardant personnelles sont devenues pour le réalisateur « trop lourdes à porter ». Son inhabituelle proximité avec le public lui permet de s’exprimer encore une fois autrement ainsi que de se dévoiler, étant généralement distant de ce public par son métier de réalisateur. Lina Abyad a su extraire des histoires de Philippe un naturel ainsi qu’un commun qui s’avère être collectif et populaire. Travaillant sur ce qu’elle appelle le théâtre-documentaire, elle sait tisser le spécial avec le banal et a su orchestrer ces histoires et les mettre en scène. 

Travailler à deux n’est pas une tâche aisée, notamment quand chacun joue habituellement un rôle de contrôle sur la production. Philippe Aractingi a dû troquer son rôle habituel de réalisateur pour celui de comédien. Les tensions et les divergences lors de la création révèlent pourtant un désir commun de « faire quelque chose de bien ». En les questionnant sur la manière dont la création a pu se poursuivre malgré les divergences, Lina répond en s’esclaffant « appelez-nous dans deux semaines, on verra ! ». En venant de milieux différents que sont le théâtre et le cinéma, ils ont dû chacun sortir de leur zone de confort afin de mélanger leurs points de vue. Pour autant, c’est également cette tension qui a permis de créer une représentation singulière par un mélange de registres, de contrastes sonores et visuels. Comme ils le témoignent, « faire simple, c’est compliqué » ; cette simplicité s’illustre dans la recherche d’une essence chez Philippe, d’une véracité chez Lina. Les différents médias artistiques les contournent, mais il semble que ce soit dans la reconnaissance du public et plus généralement du collectif que se matérialisent ces essences. 

 

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

photo @ Hady Sy

 

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