Texte et photos : Dr Antoine Daher
Région un peu oubliée, et par chance. Le « progrès » l’avait un peu épargnée, la laissant bien plus près de sa nature et ses traditions. Le Akkar regorge de sites archéologiques méconnus, de sites naturels à couper le souffle, de forêts rares et uniques, de traditions toujours vivantes et de grande diversité tant au niveau de sa nature si riche que de sa population multicommunautaire où on retrouve même deux villages parlant le turkmène !
1. CAP SUR MENJEZ
La route est un peu longue de Beyrouth jusqu’au Akkar. Prévoir entre deux et trois heures. Arrivés au rond-point de Aabdé, à l’entrée du Akkar, vous longez la côte direction Abboudiyeh.
Peu avant la frontière avec la Syrie, vous prenez une autoroute qui vous conduit jusqu’à Menjez.
Là vous cherchez le couvent Sayyedet et Qalaa, Notre-Dame de Citadelle. Dominant le Nahr el-Kebir, le fleuve qui sépare le Liban de la Syrie, le couvent vous offre un beau panorama sur la vallée verte qui sert de frontière naturelle. Le site a de quoi attirer l’attention. On y remarque une très belle église en pierre noire basaltique restaurée ainsi qu'un beau couvent bâti par les Jésuites avec la même pierre et datant du début du XXème, le tout étant construit sur les ruines d’une autre ancienne église. C’est ce qui reste d’une citadelle croisée jouxtant le couvent qui donne le nom au lieu. Des chercheurs affirment que cette forteresse a été construite sur les ruines d’une autre citadelle romaine.
Des fouilles archéologiques récentes en ont degagé les fondations. Le long du chemin qui mène du village de Menjez au couvent, vous pouvez remarquer de précieux monuments : des restes de tombes mégalithiques préhistoriques, rectangulaires, carrées ou circulaires qui datent d’après le Père Maurice Talon du Chalcotique, âge du cuivre, environ 2000 ans avant J.-C.
Contact : Père Louis Samaha. Tél : 0 3616800
2. LE TEMPLE DE LA DÉESSE NÉMÉSIS
On quitte le couvent et on rebrousse chemin. Au village de Menjez, demander la direction de Beit Jaalouk, Maqam er-Rab. C’est en quittant Menjez, direction Kobayat, à quelques 800 mètres du poste de l’armée, qu’on prend à gauche et à angle très fermé, une rue étroite qui monte pendant près de 2 kilomètres, jusqu’au niveau d’une petite fabrique de parpaings. Là, on prend à gauche la route qui descend jusqu’au temple (malheureusement il n’y a aucune indication). C’est l’unique temple en pierre noire basaltique du Liban! Datant des premières années de l’ère chrétienne, le temple date de l’ère romaine bien que la déesse fût grecque, les autorités romaines en difficultés à cette époque toléraient le culte par la population locale de cette déesse de la mythologie grecque de la fortune et de la vengeance.
Contact : M. Sahmarani, gardien du temple. Tél : 70 024986
3. LE MUSÉE DES PAPILLONS ET DES OISEAUX
On reprend le chemin. Du temple, on emprunte la petite route un peu sinueuse traversant le village de Bardeh, puis celui de Nahriyeh. On poursuit son ascension pour arriver finalement à Kobayat par le quartier de Martmoura. C'est alors qu'on redescend en direction du couvent des Pères
Carmes. Le couvent qui date de la moitié du XIXème fut construit par des Pères italiens. Son église très colorée est dédiée à Saint Doumit. Unique en son genre au Liban, le musée situé dans ce couvent, occupe une ancienne école et regroupe la collection de papillons la plus importante du pays, un éventail assez large d’oiseaux empaillés et un bon aperçu des animaux sauvages de la région.
Cette collection fut d'abord rassemblée par le Père François Tomb puis continuée grâce aux soins du Père Ayoub Yaacoub.
Contact : Père Ayoub. Tél : 03 486354 / Père Michel. Tél : 70 108692
4. MAR CHALLITA
Du musée, on continue vers Wadi Helsban en suivant l’indication Mar Artimos Challita qu'on atteint environ après 7 minutes de voiture en traversant une belle vallée verte. Mar Challita, c’est l’ancien temple dédié à Pan, un dieu grec (Pan est ce dieu mi-humain mi-animal et qui a donné son nom à une flûte et à trois localités: Helsban ou Hels Pan à Kobayat, le village de Ban près de Bécharry et Banias). D’abord grec, le temple devient ensuite chrétien et maronite avant d'être délaissé et voué à son sort d’ancien site en ruine. Une femme de Kobayat, Loris Kodeih ou Em Walid a fait vœu de redonner vie à ce site en demandant à Saint Challita de maintenir 10 ans en vie son fils Ghassan, atteint d’une maladie incurable, le temps qu’elle restaure le lieu saint. Et c’est ce qui fut fait.
Em Walid. Tél : 03 237933
5. LA FORÊT DE KARM CHBAT
A 40 minutes de Kobayat, on trouve une superbe forêt de sapins de Cilicie, de cèdres et de genévriers. Prenez la route de Hermel, 25 minutes après vous êtes à Chambouc où, apres un poste de l’armée, se dresse de l’église du village. Après l’église, prendre la première route à droite pendant près d’un kilomètre. Plus on monte, plus on est saisi par la majesté du paysage. La végétation évolue; les pins laissent place aux genévriers puis aux sapins et enfin a une végétation mixte et à des cèdres. Plus on monte, plus c’est magique ! À 1600m, cherchez Chir es-Sanam, un rocher situé à 200m de la route, sur la droite, où vous trouverez une stèle babylonienne du temps de Nabuchodonosor, datant de 550 avant J.-C. Le rocher est bordé de vieux et beaux sapins. Vers l’est, la montagne est couverte de cèdres.
6. LE PLATEAU DE AMMOUAA
On reprend la même route qui monte jusqu’à 1750 m, longeant la forêt de Karm Chbat. Ensuite l’on descend vers Ammouaa, une des plus belles forêts du Liban où le sapin de Cilicie est roi. Après 20 minutes de voiture, deux rochers annoncent l'entrée de Ammouaa, suivis d’une succession de rochers datant de plusieurs millions d’années, avant d’aborder le beau plateau tout vert ou tout blanc en hiver.
7. LE SITE DE NABI KHALED
En traversant le plateau et bifurquant à gauche, on arrive à Jawzet ed- Dara où se situe Nabi Khaled : les deux plus grands chênes chevelus du Moyen-Orient, surplombant la tombe du prophète Khaled (un saint homme qui protège ces arbres anciens que personne n’ose toucher et qui, de ce fait, sont devenus majestueux) et côtoyant un très beau cèdre.
Un restaurant rural sert de délicieux mets du coin. Vous mangez en plein air dans un cadre de rêve.
Une belle petite marche y est conseillée vers le labyrinthe des rochers qui ont dix millions d’années !
Contact: Hassan Zakaria restaurant en plein air. Le prévenir avant votre arrivée. Tél : 78 818224
8. LA FORÊT DES CHÊNES CHEVELUS
C'est une belle promenade d'une vingtaine de minutes qui permet de découvrir un véritable joyau: la forêt de Aazr située à Fnaydeq et dont le site doit devenir une réserve. Si la forêt mérite une visite tout le long de l'année, c'est en novembre, quand les chênes chevelus se parent de leur manteau doré, qu'elle devient ensorcelante. Vous pouvez y passer une bonne heure de marche et de détente sur son beau matelas de feuilles sèches. Compter 30 minutes pour la remontée afin de retrouver Nabi.
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