Le père Selim Abou a été une des grandes et rares figures libanaises, à concilier une vocation spirituelle et intellectuelle et un véritable engagement politique.
Il était capable de théoriser de manière fulgurante et abstraite et de prendre position de manière concrète et courageuse, quand il le fallait. Son immense humanisme nourrissait d’ailleurs sa ferveur voire son intransigeance patriotique.
C’était à la fois un homme du devenir et de l’instant présent, un homme d’éthique et de devoir. Tout en restant humble, humain et bienveillant.
A part mon immense admiration pour ses écrits et ses recherches, j’ai eu le privilège de bénéficier de son enseignement philosophique (en tant qu’étudiant notamment pour Kant et Hegel) et de son parrainage intellectuel (il a bien voulu me préfacer il y a 10 ans, mon essai autour des identités culturelles collectives). Et tout cela a été accompli avec générosité et simplicité.
Le père Abou était une puissance intellectuelle, une présence charismatique, une autorité morale, une rigueur scientifique, une finesse spirituelle et surtout un visage expressif qui pouvait selon le cas, se durcir ou s’illuminer et qui reflétait sa force de caractère et son âme compatissante. Il fronçait les sourcils ou bien souriait de manière irrésistible.
Il a incarné à tous les niveaux la figure emblématique du père : celui qui pose le cadre, veille sur l’ordre mais en même temps conserve toute son indulgence humaine et sa bonté. Il savait être selon les circonstances, impressionnant, réconfortant et accessible.
La relation avec lui était certes structurante mais néanmoins affective. Et surtout juste. Il savait donner la juste mesure des choses.
Il a porté une cause et un pays. Il restera à jamais, pour ceux qui l’ont connu et aimé et ceux qui le liront encore, pour les générations à venir, un guide, un modèle et un recours.
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