Je suis Bagdad. Je suis Bâton rouge. Je suis Kigali. Je suis Dacca. Je suis Beyrouth. Je suis le Congo. Je suis Sanaa. Je suis les terrains arides. Je suis l’Amazonie qui se meurt. Je suis la planète qui explose. Je suis moi. Je suis toi, mon frère… Mais qui s’en fout ?
Et il y en a encore qui sont choqués par les 13 secondes d’info sur les 250 morts dans le dernier attentat en Irak ! Pour une fois que les médias n’ont pas amusé la galerie. Pour une fois, qu’on a joué franc jeu sur l’échiquier international.
Il y en a qui ont trouvé à se plaindre !
Comme si ce n’était pas encore assez clair que personne ne veut rien savoir de personne.
Comme s’il fallait encore prouver que là-bas, là où on n’entend pas les bombes, là où on ne sent pas l’odeur de la poudre à canon, là où on n’a pas la peur dans les entrailles, là où les lèvres ne goûtent pas le sang des êtres aimés gisant à côté;
Là-bas, là où les enfants ont des comités, des commissions et des associations qui défendent leurs droits à ne pas être harcelés par leurs copains de classe, alors que leurs camarades à l’autre bout de la terre, barbouillés de poussière et de suie, se font canarder comme des mouches ; là-bas, on s’en fout.
Comme s’il y avait encore un doute que là-bas, là où on palabre derrière des bureaux et des ordinateurs high tech sur le bien fondé de cette attaque ou de ces représailles ; ce là-bas où, assis un verre à la main, on allume la télé pour se divertir sans même imaginer que des millions d’êtres humains dans notre cher ‘village global’ attendent, de bien loin, les décisions de vie ou de mort sur leur destinée ;
Comme si personne ne veut avouer que là-bas on subit les cadavres, le feu et la fumée avec dégoût et lassitude ; et que, pour une fois, les ‘regardeurs’, la main dans leurs croustilles, ont été épargnés de voir encore des mères pleurer, des hommes crier, des vieux supplier, des femmes se lamenter, leurs bébés meurtris sur le ventre, dans le dos ou entre les jambes… Et ces millions qui fuient un malheur pour un autre, bravant terres et mers…
Ouf !
Combien faudra-t-il encore de catastrophes, de guerres, de misères, d’attentats, d’explosions, de bombardements, de migrations, pour savoir que là-bas on s’en fout ?
L’hypocrisie a assez duré. Qu’on se le dise.
Alors merci les médias d’avoir fait grâce, là-bas, des jérémiades de ceux qui souffrent. Que chacun joue dans sa cour et que le plus fort gagne. Et pour la conscience planétaire, merci de la rayer de votre vocabulaire. Tout le monde s’en fout royalement.
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