Dans le gigantisme et l’excentrique, les Américains sont fantasmagoriques. En Arizona (cette année) cette propension à l’exagération a un nom : le Super Bowl, lieu de l’ultime démence des gradins nord-américains.
La compétition sportive bat tous les records d’engouement. Plus de 83 000 personnes s’y agglutinent, à 1200 $ la place (et 4000 euro au marché noir). Elle attire aussi (et surtout) 112 millions de spectateurs qui consomment, chaque premier dimanche de février, plus de 50 millions de caisses de bière, qui mangent des tonnes de pizza et encore plus de hamburgers, assistent à un spectacle de mi-temps grandiose (ou kitsh, selon de quel côté de l’Atlantique on se trouve) et fantasment sur les cheerleaders (ces majorettes à pompons, ambassadrices d’équipe dont la plastie et la biographie boostent les mises sur internet)… De quoi oublier qui des Seahawks de Seattle ou des Patriots de la Nouvelle Angleterre va l’emporter. Si ce n’était de la NFL (National Football Ligue) qui accumule les milliards, on s’en foutrait des règles inexplicables de ce sport brutal et violent durant lequel la balle molle occasionne les coups les plus durs. Faut imaginer une arène humaine, à mi-chemin entre fosses aux lions et combat de coqs.
Mais la grande messe retransmise à l’échelle planétaire (seule manifestation retransmise en direct en Europe) ne serait qu’un ultime spectacle de ‘l’Amérique du Nord, en mode America’ si ce n’était les pubs qu’elle génère.
Pour cette 49e finale des équipes du football américain, ce dimanche de tous les excès aura fait plafonner le coût de 30 secondes de publicité à 4.500 millions de dollars $.
Quatre millions et demi de dollars pour un spot de 30 secondes.
Un nouveau record pour le budget publicitaire de 15 milliards de dollars précédent. C’est que, durant le match des Etats, ces pubs font appel à de grandes vedettes (cette année c’est Kim Kardashian qui se la coule cool en costard foncé pour T.Mobile, un des plus grands opérateurs mobile américains), ces pubs sont exceptionnellement mémorisées (jusqu’à 54 %) ; mais surtout, surtout, les meilleures annonces (qui font l’objet de concours de créatifs sur la toile) seront relayées sur les autres chaînes télévisées et reprises exponentiellement par You Tube, Facebook et Twitter (jusqu’à 55 millions de fois pour le petit chien vedette de la bière Budweiser de 2014)…
Une fête de la consommation jubilatoire pour ces produits et services censés nous calmer (Snikers, une des pubs favorites), nous rendre irrésistibles (Doritos, encore une fois), nous amadouer (Dove qui nous rappelle ce qu’est un vrai père – sic-)… ces voitures (Mercèdes qui se la joue fable de la Fontaine), ces bières (Budlight avec un énorme budget) ou ces hamburgers (All-natural… faut croire)… Un marché quelquefois controversé (pub de l’enfant mort qui regrette l’assurance non contractée), devenu hystérique tant la concurrence est féroce.
Féroce, violente, totale...
De la folie pour certains, le summum du capitalisme pour d’autres, Coca Cola l’aura compris avec son slogan #makeithappy. Une pub qui, à travers le net, retourne toutes les mauvaises choses en bonnes, grâce à la boisson sucrée qui envoie à tous les ‘trolls’ du web (ces ‘‘messages dont le caractère est susceptible de provoquer des polémiques et auxquels on ne veut pas y répondre’’), qui donc envoie à tous les internautes… des messages d’amour.
De quoi nous réconcilier avec la consommation ?!
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