Ce sera une salle de théâtre à ciel ouvert, à même le sol, sur les dalles des escaliers Saint Nicholas à Gemmayzé. Dans une pénombre enveloppée par les arbres, les bruits de la rue abrégés par ceux des enceintes. Toujours au même endroit et à la même date depuis 2009. Lors de ce rendez-vous annuel qui appelle les cultures à se rassembler, pas de droits d’entrée, pas d’attitude requise ou de disposition imposée, mais une seule règle : celle du cinéma.
Oser-Exister, deux thèmes qui se complètent
Pour cette rencontre du septième art - en collaboration avec vingt-trois autres festivals dans le monde, le thème s’est imposé par lui-même, comme chaque année. Succédant au verbe « oser », c’est « exister » qui sera le fil directeur de ces trois soirées où les courts métrages toucheront tous les genres cinématographiques, de la mise en scène au documentaire. Car si en 2020 le véritable challenge était d’oser organiser ce festival envers et contre tout, le pari de cette année est d’autant plus philosophique que l’art et la culture au Liban sont acculés à être repensés. Plus que de tenir un festival, il faut l’endiguer dans son espace et dans son temps, le faire exister. « Tout comme chacun doit empoigner son existence » souligne Brahim Samaha, peintre et fondateur du festival dont Nadine Labaki est cette année l’égérie. « Je ne considère pas le festival et l’individu comme deux entités indépendantes. L’un existe par l’autre, car le cinéma, c’est avant tout le miroir d’une génération ».
Pour départager les 3001 candidatures, la sélection fut rude. Au terme d’une travail minutieux, ce seront finalement cinquante-six courts métrages, d’une durée maximale de vingt minutes et sans durée minimale qui défileront du crépuscule jusqu’à la tombée de la nuit.
Gravir quelques marches pour revendiquer
Prendre place sur cette néo-arène, c’est aussi assister à un plaidoyer passionné pour les espaces publics du Liban ; de plus en plus étouffés dans la capitale, notamment par une reconstruction controversée après quinze années de guerre civile.
S’aventurer un peu plus haut sur le palier à huit cent mètres à vol d’oiseau du lieu de la double explosion, c’est découvrir cette fois l’atelier de peinture de Brahim Samaha remis sur pied après le 4 août, mais aussi la pièce où il prépare chaque année le festival qu’il n’abandonnera pas. Une flânerie dans espace vertical de résilience donc, où chacun, les yeux rivés sur un écran de lumière, mènerait à lui seul sa petite révolution.
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