Mon temps est à moi et enfin je découvre ses bienfaits. Je n’ai plus à me présenter aux yeux du monde. Je suis en hibernation, forcée oui, mais salutaire.
Je prends le temps de faire tout ce que mon corps réclame, mon cœur et ma tête. Je redécouvre mes haltères cachés au fond de l’armoire. Quelques minutes pour me rappeler de chaque muscle. Quelques autres minutes pour détendre mon cou, mes épaules, sans devoir regarder la montre avec la satisfaction ou l’insatisfaction d’avoir fait ce que j’avais à faire.
Je prends le temps de rester parler, bavarder, écouter les autres, au téléphone, au WhatsApp, sans le besoin pressent de raccrocher pour « aller » faire autre chose.
Je n’ai plus à aller nulle part. Ni à me coiffer, ni à me maquiller, ni à choisir mes habits, ni à me mettre dans le trafic, ni à m’énerver contre un feu rouge ou un agent, ni à klaxonner pour avertir un piéton malheureux. Je marche, à mon rythme, sur un trottoir libre, sans pollution de voiture, mes pensées heureuses d’écouter les oiseaux qui reprennent leurs concerts, de voir le début du printemps qui pointe, de prier remercier de cette vie qui coule en moi, dans mes jambes, dans la nature, dans ce monde qui souffre à l’unisson.
Je suis débarrassée de mes inquiétudes quant à la consommation outrancière, aux flèches boursières qui prenaient toute la place aux infos en occultant les millions d’enfants dans le monde qui ont faim, les autres millions qui errent sur les routes, chassés de leur pays et que personne ne veut recevoir et écouter… Le monde se repose de sa folie. Les cieux se dégagent là où la pollution empêchait le soleil de briller. La mondialisation est à son apogée. Tous sur le même bateau, en espérant que nous fassions partie de l’arche qui va perpétuer cette humanité qui avait perdu la boule à courir dans tous les sens, à amasser des bricoles, des expériences, des satisfactions passagères, des réalisations inutiles…
Je regarde le ciel, les nuages, l’immensité de la planète soudain unifiée, préoccupée par le sort des uns et des autres. Les races, les classes ont soudain disparu. Chacun se demandant si Dieu, la vie, la chance, le destin… va l’épargner. Si demain sera encore à lui. Je redécouvre le sens du présent… un véritable cadeau. De pouvoir encore penser, écrire, parler. Quelle merveille! Quel bonheur !
Mes oreilles écoutent mon esprit qui était trituré par des problèmes qui n’en sont pas puisqu’ils ont été si facilement écartés, rangés, oubliés. Seule subsiste cette farouche envie de rester debout, en santé, moi et tous ces autres qui font ma vie, mon passé et espérons mon avenir.
Soudain l’avenir redevient une promesse que je dois mériter. Et pour cela je dois être solidaire des autres. Tous ces autres qui n’existaient que si j’en avais besoin. Je deviens une fourmi dans ce cosmos qui à « sa » place dans l’agencement de son univers.
Toutes mes années « fructueuses » ne m’ont jamais permise d’aller si loin dans la conscience de moi-même… Seul Covid 19 l’a fait. Oui je me protègerai pour protéger tous ces autres qui me sont interdits actuellement. Et ma préoccupation va au-delà de ma famille, de mes petits et grands amours, elle englobe toute ma société. Et c’est ce sentiment ferme de faire partie d’un tout qui élève mon âme et me ramène à mon humanité profonde. Et j’en suis heureuse.
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