Où sont nos acteurs culturels en temps de guerre et que font-ils ?
L’Agenda Culturel est allé à leur rencontre pour les interviewer et les écouter.
Saleh Barakat, Galeriste. Vit à Beyrouth.
Comment allez-vous ?
Très difficile de répondre à cette question quand tout est en train de s’effondrer autour de soi. Je me contenterai de dire que celui qui est en bonne santé apprécie ce privilège exceptionnel de la vie.
De quoi est fait votre quotidien en temps de guerre ?
J’ouvre la galerie tous les jours de 11h à 15h. Je tiens à assumer un minimum de continuation. Le travail nous permet de penser à autre chose et de sortir du marasme quotidien. On réfléchit et on prépare des projets futurs. Je fais des visites aux artistes pour qu’on se relève mutuellement le moral. On discute un peu de politique, un peu de sport, on rêve, déjeuners/dîners entre amis, la vie continue…
Continuez-vous votre activité artistique ?
Absolument, c’est ma façon à moi de faire face à la dépression et la désolation. L’art c’est ma vocation, c’est ce que je sais faire, et je vais continuer à le faire.
Comment envisagez-vous l’avenir du Liban ?
Je suis un éternel optimiste, et après 35 ans d’expérience libanaise, je sais qu’après cet épisode, le Liban s’en sortira. Le mythe du phénix, c’est une création libanaise. Malheureusement le mythe de Sisyphe aussi…
Pour tromper la peur, que suggérez-vous à nos lecteurs comme :
Livres : Cueilleur d’essences, par Dominique Roques
Séries : Agence Parisienne, Black Mirror
Œuvres musicales : Grâce à mon fils, j’ai récemment découvert Issam Alnajjar. Mais surtout l’éternelle Fayrouz qui s’impose de facto dans les moments de patriotisme intense.
Podcasts : Héritage and Roots par Charles Hayek
Un dernier mot ?
Ce n’est pas la première crise, ni la dernière, et probablement pas la pire. Depuis la genèse des temps, nos cèdres témoignent une succession de guerres suivie par des périodes de paix. C’est une terre bénie et maudite en même temps. Il faudra beaucoup d’amour pour l’accepter, mais quand on tombe sous son charme fatal, c’est pour la vie, ou dois-je plutôt dire, jusqu’à la mort ?
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