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Entre guerre et paix

22/11/2024|Antoine Daher

Depuis que le Liban existe, c’est-à-dire depuis la nuit des temps - puisque les temps semblent être nés des nuits qui ressemblent à celles que nous vivons ces jours-ci, sereines ou alors emplies de bombardements – ce coin nommé Liban n’a cessé de vivre entre échanges pacifiques où il excelle, et affrontements guerriers où il reste au stade de novice.


Du temps de la préhistoire et des Phéniciens, jusqu’à l’empire romain, les temps byzantins, arabes, ottomans et jusqu’aux temps actuels allant des deux guerres mondiales à nos guerres locales qui n’en finissent pas, les gens qui ont vécu sur cette côte est de la méditerranée ne se sont jamais montrés comme des gens de guerre et des stratèges militaires Nous n’avons jamais vu partir de nos terres un Alexandre le Grand, un Nabuchodonosor, un Ramsès, un Gengis Khan, un Jules César, un Khalid Ibn el Walid, un Salah Eddine, un Napoléon Bonaparte, un Bernard Montgomery, etc… Hannibal qu’on essaie toujours de nous y associer, n’est pas parti de chez nous, bien qu’il ait eu des gênes de Phénicie. Nous avons eu tout au plus des Fakhreddine, Bachir II, Amir Aallaqa, Tanios Chahine, Youssef Beik Karam … Hassan Nasrallah fut un grand chef militaire et un grand stratège, il est cependant né plutôt d’un contexte régional que libanais.  


Par contre, de l’alphabet inventé par les phéniciens aux premiers marins commerçants du monde, en passant par les hommes de droit de l’empire romain, les hommes de finance et de comptabilité du temps des Omeyyades, des Abbassides et des Ottomans, les premières imprimeries, les musiciens, les chanteurs, les enseignants, les écrivains et tous ces hommes de lettres pullulent depuis la fin du XVIIème… Toute une histoire où excelle l’échange, la création, l’art. Le pacifisme en somme, et l’antiracisme. Plutôt que de produire des Bonaparte, nous produisons des Gibran, Sabbah, Feyrouz, Sabah, Schehade, Rahbani, Corm et autres Maalouf…

C’est bien là notre spécialité, et c’est sur ça qu’on devrait miser. L’arme ne nous a jamais été d’un grand secours, mais bien l’esprit, le contact, l’échange… En quelque sorte l’amour de la vie et le rejet de toutes les haines et les ségrégations se basant sur la race, la croyance, la couleur, etc...


Regardez bien ce qu’il en est de nos jours de la Macédoine dont un jour, un des siens, Alexandre le Grand, avait dominé le monde, y compris les villes du Liban, par ses conquêtes guerrières. Alors que le Liban qui n’a presque jamais eu d’armée, reste bien plus présent dans le monde que le pays de ce grand Alexandre.

Sur un mur du vieux Mina dans Tripoli, nous pouvons lire cette belle phrase en arabe qu’on voit sur la photo : entre guerre (hrb) et amour (hb), une seule lettre en trop dans guerre. Le « r » comme racisme.

 


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