A peine j’entame lundi, que le weekend est déjà arrivé.

Le temps coule comme l’eau d’un robinet irréparablement cassé.

On le voit s’écouler avec une anxiété étouffée en se consolant qu’il y a encore devant nous beaucoup d’autres lundis et d’autres weekends qui nous attendent.

Ce mois de mars, j’ai atteint mes 67 chandelles, et à présent je n’ai plus de doutes ; la majorité de ma vie s'est déjà écoulée.

C’est vrai que les octogénaires seraient ravis d’avoir encore mon âge, mais les jeunes eux, me placent sans appel dans la case des vieux.

Mais qu’importe, je me console, je suis peut-être un peu vieux mais pas un vieillard !

Et je pense tout bas avoir encore une bonne trentaine d’années devant moi...

Et une trentaine d’années c’est longtemps... Non ?

La légendaire Barbara, du haut de sa gloire, avait chanté : ‘... Dis, au moins le sais-tu, que tout le temps qui passe, ne se rattrape guère ... que tout le temps perdu, ne se rattrape plus’ … et elle arrêta d’exister à 67 ans…

Les jours qui nous restent sont une question silencieuse dont nous redoutons la réponse. Quoique l’on vous dise et vous raconte ; « Il faut embrasser la vie et ne pas redouter la mort », et toutes autres balivernes du genre ...

L'instinct de survie est gravé dans notre ADN et demeure toujours prédominant.

Le temps qui nous reste est comme l’air qui se consomme dans la bonbonne du plongeur. Une bonbonne qui n’est pas munie d’un compteur pour informer son titulaire combien d’air il lui reste pour sa plongée.

Alors, en ignorant combien de temps il nous reste, que faire de ce temps ?

Dresser une 'check-list' de choses à compléter ?

Écrire un programme pour les jours qui viennent ?

Un agenda ?

Non. Cela ressemble à une idée de comptable.

Il devrait exister une meilleure solution …

Sachant que nous ne pourrons jamais entreprendre tout ce que nous aimerions faire, devenir musicien, visiter les contrées, vivre un an sur un bateau et faire le tour de la terre, ou bien se tapir dans un coin perdu pour cultiver son jardin ...

Que faire de ce temps qui nous reste ?

Nous n’avons même pas le luxe de réfléchir, car l’eau du robinet continue à couler sans se soucier de nos états d'âme.

Nous pourrions ne rien faire, et nous laisser glisser au gré de la vie et du hasard, mais cela semblerait comme une approche superficielle pour une question aussi importante ...

Alors comment le vivre, ce temps qui reste ?

Il ne serait peut-être pas mal de chercher la sérénité.

Avec l’âge, la sérénité commence à ressembler de plus en plus au bonheur...

Mais est-il possible de devenir serein, lorsqu’on a passé sa vie dans ses batailles et sa tourmente ?

On pourrait au moins essayer, avec ce temps qui nous reste...

Adopter la sérénité semble être une bonne proposition.

Un projet agréable pour ceux qui aiment réaliser.

Nous entourer des gens qu’on aime, et les garder près de nous,

Quitter la vie de robot et retourner à notre humanité.

Nous offrir tout ce temps pour écouter, regarder, apprendre et surtout rire.

Quitter tous les litiges,

Au moins adoucir leur intensité.

C’est sûr qu’on ne peut pas voir tous nos souhaits exaucés ni changer certaines réalités qui nous sont imposées.

C’est vrai que nos enfants et nos petits-enfants vivent éloignés de nous, mais n’est-ce pas là le destin de toute vie ? Leur patrie est le monde, la nôtre se trouve en face de cette mer, dans ces ruelles et dans les petits sentiers de montagne.

Ici, notre train-train est simplement délicieux.

Depuis la première lueur d’aube, et jusqu’à la dernière goutte de nuit.

La question du temps qui nous reste, qui bourdonne comme une mouche qui tournoie autour de nous, devrait ainsi s’estomper même si elle ne disparaîtra pas.

Alors, partir à la recherche de la sérénité serait peut-être la meilleure façon de parcourir le temps qui nous reste ...