Mayrig Bistrot Genève: From Armenia with Love
13/04/2025|Noha Baz
La retrouver, c’est comme retrouver un pays. Aline Kamakian est toujours aussi dynamique souriante et plus que jamais déterminée à faire connaître la cuisine arménienne dans ce qu’elle a de meilleur.
Nous nous connaissons depuis ce premier cours de cuisine partagé avec Dominique Fercheau, le talentueux chef qui avait fait les beaux jours du Vendôme international à Beyrouth dans les années 2000, bien avant toutes les crises qui ont ébranlé le pays. Aline travaillait alors dans une société d’assurances mais cultivait en parallèle sa passion pour la cuisine.
De mon côté, au milieu de mes journées denses de consultations, ces ateliers représentaient une parenthèse toujours conviviale et chaleureuse.
Elle m’avait entre deux apprentissages confié son rêve, longtemps également celui de son père : ouvrir son propre restaurant auquel elle apporterait le savoir-faire de sa mère et de sa grand-mère.
« Enfant on me demandait toujours si j’aimais les poupées et on m’offrait aspirateurs et fers à repasser pour me projeter dans l’idée de la parfaite femme d’intérieur. A mon frère par contre on parlait carrière et avenir professionnel ”
Une évidence à laquelle beaucoup de jeunes femmes élevées dans une société patriarcale ont été confrontées où la fonction première d’une femme consiste le plus souvent à accomplir avant tout son devoir d’épouse et de mère.
Aline Kamakian s’est donc appliquée patiemment à faire éclater en douceur le schéma traditionnel dans lequel elle avait été élevée et prouver qu’une femme peut faire ”aussi bien qu’un homme”.
”Pour la plupart des gens la cuisine arménienne se réduisait aux saucisses pimentées soujok et au basterma baignant dans les épices. Je voulais démontrer qu’il en était tout autre et offrir tout ce dont ma grand-mère et ma mère nous régalaient à la maison. ”S’adossant à la tradition levantine elle met au point assiettes de mezzes arméniens raffinés et variés : salades variées relevées de mélasse de Grenade, chaussons farcis au fromage beuregs, hoummos relevés et rajoute un large éventail de desserts arméniens, de confitures et propose le café “arménien”, café blanc ou une tisane artisanale, sœur jumelle des zhourates libanais relevée d’anis pour clore un repas
Depuis son démarrage rue pasteur à Beyrouth en 2003, le restaurant Mayrig (maman en arménien) est devenu une véritable saga au zénith du goût et s’est, au fil des ans, enrichi d’une dizaine d’autres établissements comme “Batchig” (donne moi un bisou en arménien !) installé d’abord à Antelias dans la banlieue est de Beyrouth puis à Zaytoun Bay et à Broumana. L’idée s’est ensuite exportée à Yerevan, Ryad, Dubai et depuis janvier 2025 à Genève.
C’est donc sur les bords du Leman que nous nous retrouvons 8 rue Caroline quartier de Carouge.
Dans une oasis pétrie de délicatesse et de bon goût une équipe avenante et charismatique vous accueille. Thomas from Baalbeck délicieux chef d’orchestre dirige une équipe lumineuse et attentionnée qui parle pour plusieurs parmi elles couramment l’arménien.
Tous les détails ont été soigneusement choisis à commencer par les assiettes gracieusement décorées du mont Ararat, d’oiseaux et de fleurs.
« Le premier alphabet, arménien aurait été écrit par les empreintes de pattes d’oiseaux… il était important pour moi le confie Aline de le rappeler en les posant dans les assiettes ”.
La carte offre quant à elle un joli panorama de plats confectionnés avec viandes et produits laitiers suisses : Les classiques de la cuisine arménienne sont bien présents : soujoks bastermas et mantis divins à la viande ou aux épinards, de délicieux
kebbés et avec un four installé sur place, lahm biajjine et pains pimentés croustillants à souhait confectionnés minute.
Côté vins, le sommelier David Maligian propose une carte impressionnante dans laquelle d’excellents vins venus direct de Yerevan constituent une très belle découverte ! ”Un véritable trésor encore méconnu ” me confie -t-il.
Côté desserts à côté des traditionnels maamouls au fromage arrosés de sirop de sucre, le ”Sultani anoush ” vous fera faire des bonds de joie : mélange aérien velours et subtil de crème fraîche et de lait parfumé de lentisque et drapé d’abricots et de pistache…
Le lieu ne désemplit pas depuis son ouverture. La finesse de la cuisine et sa qualité ont vite de bouche à oreille fait le tour des gourmets de la ville qui ont retrouvé dès la première bouchée les saveurs sublimes de Mayrig Beyrouth.
Aline Kamakian devenue chantre de l’Arménie côté saveurs a mis sur pied une boutique Kamakian.
À Genève comme à Beyrouth vous pourrez acquérir mélasse de Grenade, confitures diverses, huile d’olive et pâte de piments, une kyrielle d’épices et de petits gâteaux choisis sur les étagères attenantes au bistrot, histoire de continuer en douceur ce voyage bonheur.
Mayrig bistrot
Rue Caroline 8, 1227
Carouges Genève
+41795297435
@mayrigbistrot
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