Lorsqu’on avait 18 ans, mon meilleur ami draguait une fille ... qui ‘avait du chien’, comme on dit.

Elle avait notre âge, elle était snob et s’auto-attribuait une maturité que les autres de notre âge, selon elle, ne possédaient pas.

Selon elle, j’étais moi-même, un de ces ‘autres’.

Un immature qu’elle dédaignait un peu.

« Ton copain est un gosse » avait-t-elle dit un jour à mon ami …

À 18 ans, lorsqu’on on reçoit une remarque pareille, on l’attrape comme une arête dans la gorge... Probablement parce ce qu'elle est vraie !

Je dois avouer que cette gonzesse hautaine, était belle et intimidante.

À 18 ans on est forcé de transiter à l’âge adulte. L’infantilisme à cet âge est dégradant.

À l’université, nous étions une bande d’étudiants immatures, catapultés dans un monde sérieux.

Écartelés entre l’ambition silencieuse de bosser pour devenir quelqu’un, et le refus de quitter l’enfance, ayant constamment le besoin de faire des coups pour nous marrer.

18 ans, c’est l’âge où l’on est supposés décoller de l’enfance.

On commence à s’affubler d’airs adultes.

On fume maladivement en inspirant profondément la cigarette et distribuant des looks de Humphrey Bogart ou James Dean...

Un moment on devient sérieux, et puis vite on retombe en enfance.

18 ans c’est aussi l’âge où de grandes amitiés commencent à défaillir, à cause de nouvelles idylles ...

Mon meilleur ami commença ainsi à s’éloigner, pour passer son temps avec cette fille qui voulait vite devenir femme.

Et je le perdis.

Pour ne le retrouver que vingt ans plus tard…

Être gosse ... quelle insulte !!!

C’était la première fois de ma vie que je fus accusé d’une pareille infamie. Le déshonneur …

Inutile de vous dire que cette remarque me rendit vulnérable et intimidé devant cette gonzesse à chaque fois que je me retrouvais en sa présence.

Son insulte s’est révélé par la suite être un des grands secrets du bonheur.

Aujourd’hui qu’on est bien assis dans nos statuts d’adultes, les meilleurs moments de notre vie sont ceux où l’on retombe en enfance.

Et lorsqu’on ne se prend pas au sérieux…

Un ami que je vois tous les jours, est un homme d’affaires mondialement réputé dans son boulot. Mais lorsqu’on est ensemble, il se comporte en parfait imbécile parmi les copains.

Il n’arrête jamais de faire le pitre.

Auto-dérision, il choque les autres par son manque de sérieux.

Et me refile constamment d’inépuisables fous-rires.

Nos moments avec lui sont des moments de pure joie.

Il faut savoir retomber en enfance.

J’ai connu des ‘gosses’ de 80 ans, qui sont vite devenus de proches amis.

Cette redoutable phrase ‘ton ami est un gosse’, je la reçois à présent comme un gros compliment.

Être gosse, c’est faire partie de la colonie de vacances de la vie.