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Musique de chez nous, mémoire de nos émois - 11

03/02/2025|Jocelyne Dagher Hayek

''La Musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée''. Platon


Pour apprécier et saisir la portée de cet article, il est fortement recommandé d'ouvrir les liens proposés.

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Philémon Wehbé

La répartie cinglante, la moustache fière, le tempérament espiègle et du talent à en revendre, tel était Philémon Wehbé, l’homme derrière plusieurs œuvres majeures du répertoire musical libanais. Facétieux et prolifique, il s’attaqua à plusieurs styles de chansons, établissant avec Sabah une relation professionnelle et amicale qui donna lieu à environ 200 chansons interprétées par la diva.



Né en 1918 à Kfarshima, dans une famille traditionnelle, il perd sa maman avant d’avoir 9 ans.

A l’école de Choueifat où il est scolarisé, Philémon fait preuve très tôt d’un engouement particulier pour la musique. Il prend son Oud avec lui et en joue pendant la récréation au lieu de s’amuser avec ses camarades.

Les études ne l’intéressent pas. Il les abandonne et, pour aider sa famille, travaille en tant que peintre en bâtiment avec son cousin. Mais sa passion est la musique.

En 1937, à 19 ans, il quitte le Liban, direction Radio Jérusalem en Palestine. Il y est engagé en tant que chanteur, interprétant majoritairement des chansons de Mouhamad Abdel Wahab dont il admire le talent.

De retour au Liban, Philémon Wehbé est engagé à Radio Orient. Ce sera le commencement réel de sa carrière. En effet, il compose pour Najah Salam des chansons qui forcent l’admiration de Mouhamad Abdel Wahab et du public.

A Radio Orient, il rencontre et se lie d’amitié avec les Frères Rahbani, Zaki Nassif et Halim el Roumi.

Autodidacte, Philémon Wehbé fonctionnait hors contraintes s’inspirant des traditions folkloriques libanaises. 

Radio Orient devient Radio Liban. Philémon Wehbé, en collaboration avec Fairuz, inaugurera sur ses ondes son premier sktech en 1945 « Zeit wa Zeitoun ». Il sera, par la suite, renommé pour ces morceaux d’humour intelligent qu’agrémentent des chansons de sa composition mêlant harmonie et poésie. Ses œuvres musicales retracent avec humour et tendresse la vie quotidienne dans les montagnes et les villages du Liban

On le surnommera « Al Sabeh » (Le Lion).

Compositeur, acteur, chanteur, musicien et comédien, son champ d’action couvre plusieurs formes du patrimoine musical libanais dont le Mawal, le Zajal, la Dabké et les chansons folkloriques. Il a beaucoup collaboré avec les frères Rahbani et Fairuz, festival de Baalbeck, opérettes et cinéma,  édifiant avec eux les bases du théâtre musical libanais.



Ses prestations pertinentes apportaient humour et légèreté. S’inspirant essentiellement des traditions folkloriques libanaises, il apporta son talent à la plupart des grands artistes libanais de l’époque dont Sabah, Fairuz, Nasri Chamseddine, Melhem Barakat et même aux grandes voix égyptiennes, Warda el Jazairia, Fayza Ahmad et Sharifa Fadel, Samira Toufic.


Les chansons libanaises de sa composition, interprétées par Sabah et Wadih el Safi par[H1]  exemple, on fait un tabac en Egypte.

Philémon Wehbé appréciait particulièrement le travail qu’il avait initié avec Sabah en 1954[H2] . Il avouait qu’en plus de sa voix admirable, elle irradiait de positivité et cela l’inspirait énormément. Ils travaillèrent ensemble dans 3 opérettes : Sitt el Kel, Helwi Ktir, et Dawalib el Hawa Radio Liban avait été, au début, un peu réticente sur la diffusion de certaines chansons de ce duo plutôt avant-gardiste. Mais l’accueil du public fut enthousiaste et les chansons se hissèrent vite au top des programmations.



Le grand compositeur arménien soviétique Ilitch Khatchatourian dira, après avoir écouté un extrait de Philémon Wehbé : « Cet artiste peut jouer de sa voix comme un musicien virtuose de son instrument. Sa voix est particulière dans le chant et la diction. Il touche l’auditeur de sorte que ce dernier accepte tout de lui- même ses facéties avec les rimes de ses poèmes improvisés ».

Philémon Wehbé a été maintes fois décoré : Egypte en 1963 – Armée Libanaise 1963, 1965, 1966 – Médaille du Cèdre grade de Chevalier 1970 – Prix Saïd Akl 1975 – Grand Officier 1985.



La municipalité de Kfarchima a donné son nom à une artère de la Ville.

Marié à Georgette Khoury et père de 4 enfants, la maladie aura raison de lui à l’âge de 67 ans. Il décède le 5 novembre 1985 laissant à la postérité ses œuvres magnifiques et le souvenir d’un homme aux multiples talents.

Après son décés, Fairuz a enregistré, en sa mémoire, 3 chansons inédites de sa composition.


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