Un prénom prédestiné pour un style à part.
Gabrielle Beck joue une véritable partition Chanel au piano de ses fourneaux avec au bout des doigts le goût du juste et du bon.
Cette cheffe libano-française a tracé en plein Paris discrètement mais sûrement un sillon semé de saveurs levantines avenue Jean Jaurès dans le 19ème arrondissement de Paris.
Arrivée à Paris en 2001 après des études d’architecture d’intérieur à l’Académie Libanaise des beaux-arts (ALBA), Gabrielle Bou Habib travaille pour de grands groupes hôteliers mais sa passion pour la cuisine la mène très vite du cadre à l’assiette.
Elle observe, goute reproduit et encouragée par famille et amis finit par entreprendre une formation à l’école Lenôtre.
Elle ouvre son restaurant en mars 2018 et le baptise “Tintamarre”, pour décrire le joyeux brouhaha que donnent des casseroles qui s’agitent en cuisine. Dans les assiettes un maximum de produits bio ou issus de circuits courts, artisanaux et saisonniers. Elle obtient très vite le label Ecotable (Ecotable est une association qui met en valeur l’alimentation durable).
À deux pas du canal de l’Ourq et du parc de la Villette, notre entretien se passe dans son écrin jaune pastel qui fait joliment écho à ses yeux rieurs et à la douceur de son sourire.
Entourées d’un coin épicerie avec produits choisis et conserves maison, autour de croquettes de Halloum accompagnées d’une sauce yaourt au zaatar, Orient et Occident se répondent avec grâce et parfaite maîtrise des saveurs. Le cadre invitant à la sérénité nous bavardons tranquillement.
Suivront des « Mantis » de rêve où la pointe de menthe arrive juste à temps pour adoucir la sauce tomate et le yaourt au sumac.
Passionnant parcours que le vôtre Gabrielle. Pouvez-vous nous le raconter en quelques mots ?
A la naissance de mon deuxième enfant, j’ai eu subitement une grande nostalgie du Liban et de mes origines.
La cuisine est ce qui m’en rapproche tous les jours le plus. J’ai toujours aimé cuisiner et donc j’ai décidé de faire de ma passion, mon métier.
Après une formation à l’école professionnelle Lenôtre, j’ai ouvert mon restaurant en 2018.
Je suis bercée par les bruits et les odeurs de la cuisine de ma mère et de ma grand-mère. Je participais en observant, sentant, goûtant, mais ma mère n’avait pas la patience de « m’apprendre ».
je l’ai souvent vue préparer son houmous soyeux, j’adorais plonger mon doigt dans la mixture avant même qu’elle ne sorte du robot. J’ai retenu son organisation, le soin qu’elle apportait à chaque petit détail et son impatience de nous entendre dire que c’était bon.
Apprendre les techniques de la gastronomie française dans une école d’excellence m’a permis de faire « ma tambouille » dans mon petit resto. Avec mon héritage culturel libanais revu à travers des techniques européennes, j’ai retravaillé d’une manière différente les plats du quotidien.
Par exemple un plat traditionnel libanais comme le riz aux épinards, le “sbenigh w rez” est devenu au restaurant un plat que j’ai personnalisé avec mes envies et mes goûts : riz rond de Camargue, épinards blanchis, bœuf braisé au citron et miel avec un jus de cuisson bien corsé.
@Clémence Sahuc
Avez - vous une madeleine de Proust ou un platpréféré qui vous relie à la maison de votre enfance ?
J’en ai plusieurs, mais celui qui me régale à chaque fois et me replonge en enfance, c’est la Moujaddara bien mixée, mélange de lentilles, riz et oignons caramélisés. Une fois servie dans les plats je ne peux m’empêcher de racler avec mon index la casserole encore presque brûlante
Je confectionne souvent ce plat très réconfortant pour le déjeuner et le sers avec une salade de chou.
Le reste se termine le soir ou le lendemain en “3arouss, ”, demi pain libanais garni puis roulé, avec un rajout de tomates et de cornichons fermentés à la mode levantine, les “kabiss ”.
Rien que d’en parler, j’en ai l’eau à la bouche.
Cuisinez -vous également à la maison et essayez -vous de transmettre un peu de votre talent à vos enfants ?
Oui je cuisine chez moi, pas aussi souvent que je le souhaiterais mais dès que le restaurant me laisse un peu de temps je prépare beaucoup de plats simples au quotidien.
Mes enfants adorent mettre la main à la pâte et je les encourage volontiers. A 13 et 9 ans ils goûtent, donnent leur avis, me regardent faire et je les aide à apprendre les tours de mains. Ce qui me fait plaisir c’est qu’ils ont des goûts sûrs et fuient les fast food. J‘adore aussi les plats « vide -frigo ou
vide-placard » quand on n’a pas fait les courses, ça challenge la créativité. Mais il est vrai qu’avec le restaurant j’ai moins l’occasion de m’aventurer dans des plats qui demandent des préparations longues
Vous avez eu l’intelligence de comprendre que le Kebbé n’est pas uniquement l’apanage des libanais et vous avez une créativité extraordinaire avec une Kebbeh carottes garnies de pignons que je n’ai goûtée nulle part ailleurs à Paris, une autre de patates douces, je trouve que vous devriez développer votre rayon traiteur, ce serait formidable !
C’est une idée qui a lentement fait son chemin et qui est parfaitement au point aujourd’hui et à disposition pour les commandes.
Une carte variée propose des entrées avec des fatteh de pois chiches ou de légumes variés, des mantis aux blettes et noix simplement pochés dans un bouillon vert acidulé, des croquettes de Halloum et des plats emblématiques bien sûr comme la Frikeh au bœuf, un ”msakhan” de poulet ou le kebbé de carottes que vous avez cité .
Gabrielle Beck a cette élégance tranquille, la modestie et la simplicité des plus grands. Non,
ici vous ne trouverez pas de taboulé en plein hiver question de bon sens et goût du vrai, mais desbeignets de potimarron et des goûts simples qui vous iront droit au cœur et qui vous ravirons les papilles sans esbroufe ni tapage médiatique .
Un seul mot : foncez !
A savoir
TINTAMARRE Saveurs levantines
80 Avenue Jean Jaurès 75019
0630564545 WhatsApp
marhaba@tintamarre.paris
Fatteh de légumes
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