LA PLUS GRANDE COLLECTION DE SARCOPHAGES ANTHROPOÏDES AU MUSÉE NATIONAL DE BEYROUTH
12/12/2019|Anne-Marie Maïla Afeiche
Le Musée national de Beyrouth expose dans son sous-sol trente et un sarcophages anthropoïdes qui constituent la plus large collection de ce type que possède un musée de nos jours. Découverts à Saïda, ces monuments en marbre blanc de Paros (Grèce) se composent d’une cuve et d’un couvercle dont la particularité est de présenter chacun à sa partie supérieure un visage féminin ou masculin finement exécuté, tous différents les uns des autres. Datés entre la fin du 6ème siècle et le début du 4ème siècle av. J.-C., ils témoignent des influences de la sculpture égyptienne et grecque. Ces sarcophages, taillés selon les contours du corps humain, furent appelés « anthropoïdes » par Ernest Renan, philosophe et historien français de la fin du XIXe siècle. Ils renfermaient de nombreux objets, possessions personnelles des défunts ou offrandes, notamment des bijoux en or, argent et pierres semi-précieuses, également exposés au Musée national.
Une grande partie de la collection est connue sous le nom de « Collection Ford », du nom de son découvreur, George Ford, directeur de l’école de « l’American Presbyterian Mission School » à Sidon au début du 20e siècle ; c’est en faisant creuser les fondations d’un nouveau collège que vingt-cinq sarcophages y furent en effet mis au jour. Sa collection faillit toutefois être en partie vendue en 1924 à l’Université de Chicago. C’est l’Emir Maurice Chéhab, alors conservateur du Musée, qui plaide en 1929 avec une commission d’experts pour la sauvegarde des sarcophages anthropoïdes au Liban. Il met en avant l’intérêt scientifique exceptionnel et la particularité artistique unique de ces sarcophages. Il parvient ainsi à en empêcher ainsi la vente en préconisant « la réputation mondiale que gagnerait le Musée National de Beyrouth à conserver la plus grande collection de sarcophages anthropoïdes connus ».
Lors de la réouverture du sous-sol en 2016, la scénographie développée par l’architecte italien Antonio Giammarusti usant d’un jeu de miroirs d’angles a favorisé l’effet surprenant de la galerie où est exposée cette collection ; les sarcophages anthropoïdes semblent s’y refléter à l’infini.
ARTICLES SIMILAIRES
Comprendre les musées au Liban, des récits en construction
Anne-Marie Maïla Afeiche
14/02/2024
Sous le soleil de Saida
Camilla Mina et Lilia Geha
31/07/2023
Le numéro spécial Tripoli mis à l’honneur par l’ambassade de Suisse
06/07/2023
Nadine Panayot, à la tête et au cœur du Musée Archéologique de l’AUB
Maya Trad
05/07/2023
La citadelle de Sanjil, juste en haut
20/06/2023
Achèvement de la réhabilitation du temple de Jupiter
29/05/2023
Mim, le musée qu’on aime aimer
25/04/2023
Le Musée Mikhail Naimy
27/06/2022
Lire l’avenir dans les fossiles
Léa Samara
09/06/2022
Les petites histoires du Musée National de Beyrouth #9
Anne-Marie Maïla Afeiche
23/05/2022