La Résistance passerait-elle par l’ingéniosité, le courage, la passion et l’espoir, celui d’imaginer partager la beauté de l’art d’une façon encore plus originale ? C’est probablement le pari que s’est donné Khaled Mouzanar, ce grand musicien-compositeur bien de chez nous. Cheveux longs, débit mesuré, douceur d’approche, l’artiste à qui l’on doit notamment la musiques des films avec Nadine Labaki (son épouse) : « Capharnaüm » (qui il a produit), « Caramel », « Et maintenant on va où » est bien planté dans sa terre natale.

Dans sa ferme, là où il fait bon préparer le fromage et cuver le vin, il retrouve la sérénité, celle qu’il veut inculquer à ses enfants et qu’il a découverte quand, petit, pour fuir la guerre, ce fils de Beyrouth a déserté la ville pour gambader dans les forêts de Baabdate. Le goût de la terre lui est resté et c’est dans la belle région de Batroun, vierge il y a quelques années encore, qu’il a élu domicile et y a même installé son studio de musique. Lové dans les « majestueuses montagnes libanaises », un verre de vin, quelques amis et de la musique plein la tête, Khaled Mouzanar a un désir :  partager son mode de vie bucolique avec les Libanais et quelques musiciens amis étrangers.

« Le Festival de vin et de musique » était créé. Son but : Associer beaux vignobles du Liban et musique de qualité. Celle qui rejoint l’âme et libère les horizons. Pour cette troisième année consécutive, le directeur artistique du festival a concocté avec de grands et célèbres amis musiciens, durant la dernière semaine de juillet, dans la montagne de la région de Batroun, deux spectacles absolument remarquables, tant dans leur mouture que dans leur performance.  Deux événements « éclectiques », comprendre deux types de manifestations destinées aux personnes désireuses d’apprécier différentes sortes de musique. Et c’est tout l’intérêt de ce festival inédit et riche en émotions et créations surprenantes.

Les 26 et 27 juillet, dans la citadelle de Smar Jbail, qui peut se prévaloir d’un âge millénaire, c’est devant un sublime coucher de soleil, à 19h, que le public dégustera, lors des deux soirées, des vins de la région, adossés aux murailles extérieures réchauffées par le soleil couchant. À 20h, l’ami de toujours, Mathieu M fera renaître la maison imaginée de ses origines, en hommage à ses ancêtres, notamment sa grand-mère, la grande poétesse Andrée Chédid qui a écrit les paroles de plusieurs de ses chansons dont « Je dis aime ».

Lors de ce concert au nom évocateur : « M chez les Chédid », l’habitué des grandes salles françaises et internationales sortira son âme de poète devant un parterre de 400 personnes. S’associeront à lui, sa sœur Nash et quelques noms à la touche orientale (dont Lynn Dib et Joe Aouad). Khaled Mouzannar, présentera aussi quelques-unes de ses nouvelles compositions avant que tout ce beau monde n’aille par la suite déguster sous les vieilles voûtes de la citadelle, du vin rouge et des spécialités de la région dont les produits de la ferme St Jacques, avec des stations de saj, de mouton braisé, etc. 

Un retour aux sources à la libanaise qui n’est pas loin de rappeler les soirées des châteaux du Moyen-âge, autour d’un grand banquet, animé par des prestations d’artistes variés.

En un mot : un rêve.

Le 28 juillet, une autre escapade innovante se déroulera dans les caves d’Ixsir, aussi dans la montagne de Batroun.  Conçues pour garder le meilleur de la production vinicole des lieux, les voûtes fraîches (attention prévoir un bon pull) ont une acoustique exceptionnelle qui a inspiré l’instigateur des retrouvailles du bon goût du vin, de la musique enchanteresse et de la richesse de la montagne libanaise. 

Cette soirée sera animée par un quintet de solistes qui interprèteront et joueront de la musique baroque, classique, contemporaine… à la lumière des bougies. Atmosphère feutrée, magique pour cette soirée unique avec des musiciens venus de France, de Roumanie, de Suisse et bien sûr du Liban. Le charme se prolongera avec un dîner gastronomique au restaurant d’Ixsir, au clair de la lune, en plein cœur des « majestueuses montagnes libanaises » qui se décuplent à l’infini.

Le Festival de vin et de musique promet une halte à la médiocrité ambiante et à la course urbaine effrénée. La promesse d’une échappée inhabituelle et intense décuplée par le plaisir d’écouter des talents artistiques remarquables venus jusqu’à nous pour nous rappeler que nous sommes un peuple ardent, cultivé et amoureux fou des belles choses de la vie. 

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