Le programme « Biodiversité et Cinéma » est une collaboration professionnelle inédite et une expérience humaine hors pair entre 22 écologistes et cinéastes. Après avoir participé à une résidence de la biodiversité fin 2023, ils ont travaillé sur la production de 8 courts-métrages documentaires sur des enjeux divers liés à l’environnement au Liban. Leurs films seront diffusés cet été à Kobayat dans le Akkar, à Bkassine dans le Sud du Liban, à Tripoli, à Beyrouth et dans différentes localités de la Békaa.
Une expérience unique en son genre dans le monde arabe
Porté par Hammana Artist House, le Collectif REEF et AFLAMUNA, le projet « Biodiversité et cinéma » vise à utiliser le levier du 7ème art pour valoriser le patrimoine naturel libanais, permettre à la population d’en saisir les enjeux et de prendre conscience de l’importance de le préserver. Le projet a reçu le soutien de l'Ambassade de France au Liban et de l'Institut Français ainsi que de l’IMS (International Media Support) en coordination avec Lebanon Eco Movement. “Le projet établit une connexion entre les visions artistiques et les enjeux d’intérêt général, et forge des liens entre les artistes et les activistes, les experts environnementaux, les organisations de la société civile et le grand public. Créer des ponts et des rencontres c'est ce qui fait sens pour nous à Hammana Artist House et c'est pour cela que nous avons souhaité monter cette initiative avec le Collectif REEF et AFLAMUNA ”, explique Aurélien Zouki, co-directeur artistique de Hammana Artist House.
Lancé en décembre 2023, à la suite d'un appel à candidatures, Biodiversité et Cinéma a réuni 22 écologistes et cinéastes dans le cadre d’une résidence à Hammana Artist House. Cette première étape leur a permis de nouer des liens et d’approfondir leurs connaissances en matière de biodiversité grâce à la présence d’experts multidisciplinaires (spécialistes des arbres, de la mycologie, des oiseaux, de la vie marine, …) et des visites de terrain. Les résidents se sont répartis ensuite dans des équipes de travail et ont œuvré tout au long du premier semestre 2024 à la création, au tournage et à la production de 8 courts-métrages documentaires.
« A travers ce projet unique en son genre dans le monde arabe, nous souhaitons encourager et enrichir la création cinématographique contemporaine de récits sur l’écologie, la biodiversité et la ruralité. Cela rejoint ce que nous faisons au sein du Collectif REEF qui organise depuis 2019 un festival annuel autour de ces sujets », précise Eliane Raheb, productrice des films et directrice artistique de REEF. »
Huit films diffusés dès cet été
Tournés dans diverses régions du Liban, les 8 films abordent différentes thématiques relatives à la préservation de la biodiversité : les pesticides et la permaculture dans la Békaa, la mainmise privée sur des biens communs illustrée par la mise en vente d’une grotte au Nord du Liban, le danger des plantes invasives, le lien naturel entre les traditions ancestrales féminines et la protection de la terre, l’observation ornithologique qui va à l’encontre des pratiques meurtrières de chasse, l’importance des espèces endémiques telles que le genévrier ou la fleur de Al Mantour (mathiola) ainsi que les défis autour des ressources en eau de Tripoli à la montage de Qornet El Saouda.
Pour découvrir ces récits, plusieurs projections sont programmées cet été partout au Liban en présence des équipes des films pour favoriser l’échange avec le public. La première aura lieu le vendredi 26 juillet lors de la 6ème édition du festival REEF à Kobayat avec une remise de prix parrainé par l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie). Une deuxième projection est prévue à Bkassine dans le Sud du Liban qui représente un symbole fort compte tenu de la situation actuelle des habitants. Suivront ensuite les dates et lieux suivants : le 29 août à Hammana Artist House, le 31 août à Tripoli, le 21 septembre au Métropolis de Beyrouth et dans différentes localités de la Békaa tout au long du mois de septembre. Les précisions concernant ces projections et d’autres dates seront annoncées sur le site web ainsi que sur les pages Facebook et Instagram de REEF. Les films seront, par ailleurs, disponibles en streaming gratuit sur le site aflamunaonline à l’automne.
“Le programme a été un tournant dans ma vie.”
Placée sous le signe de la coopération, du partage et de l’émulation, cette collaboration a été vécue comme une expérience humaine exceptionnelle par l’ensemble des participants.
Pour Joëlle Abou-Chabké, cinéaste : “La résidence Biodiversité et Cinéma m’a permis de me reconnecter avec les raisons profondes pour lesquelles je veux faire des films. Cela m’a enrichie sur les plans personnel et professionnel et renforcé ma conviction que le cinéma peut être un outil puissant au service du changement.”
Quant à Ghiwa Fakhry, environnementaliste : “Le programme a été un tournant dans ma vie, car c'était la première fois que je côtoyais autant de brillants écologistes dans mon pays qui luttent pour l’environnement et pour rester dans leur pays. Partageant la même mission, nous nous y employons de diverses manières : par le biais de la recherche universitaire, du travail sur le terrain, du plaidoyer, de l'activisme et d’efforts quotidiens pour préserver nos terres, y compris dans les zones les plus marginalisées.”
LES SYNOPSIS DES FILMS
La Colline aux Serpents de Joëlle Abou Chabké
Joëlle, cinéaste, retourne dans son pays natal avec son mari Melhem pour lancer un projet de permaculture. Avec le soutien de son ami herpétologiste Rami, elle affronte sa peur des serpents. Cependant, elle se rend vite compte que sa véritable mission commence lorsqu'elle découvre que les terres voisines sont dévastées par les pesticides.
A Vendre, grotte naturelle de Muriele Honein
Donnieh, Nord Liban. Des stalagmites, une source et des chauves-souris sont à vendre. Portrait de cette grotte entre fantasme et réalité : ses profondeurs, ses alentours, ses voisins, et son avenir incertain.
L'arbre de l'enfer de Raed zeno
Raed découvre par hasard que le bel arbre qui pousse devant sa maison est l'un de ces arbres invasifs qui menacent la diversité environnementale dans la forêt libanaise. Il entreprend alors un voyage d'exploration de cet arbre avec son ami Hadi et Dr Muhammad, spécialiste des plantes invasives, dans un temps où le pays est exposé à un autre type d'invasion représenté par les attaques israéliennes contre les humains et leur environnement.
Les tisseuses de la terre de Rima Kaddissi
Le film célèbre le voyage collectif de retour à la terre, celui de femmes liées entre elles par leurs récits partagés. C'est un témoignage du pouvoir transformateur du soin communautaire, où les femmes s’unissent pour récupérer leurs connaissances ancestrales, leur langue, leur culture et leurs terres. Leurs histoires en disent long sur la profonde connexion entre les humains et le monde naturel, la décrivant non seulement comme une source de réconfort, mais aussi comme une résistance contre les forces oppressives qui cherchent à nous couper de nos racines.
Horizon de Moussa Shabandar & Shérine Raffoul
Chaque matin depuis toujours Chadi reste à l’affût des oiseaux dans sa région, Hammana, un voyage de la mort vers la vie.
Mémoire dans un arbre de Wassim Tanios
C'est un voyage dans les hautes montagnes arides avec deux hommes dévoués pour rencontrer l'arbre de genévrier, révélant ainsi leur connexion active à cet arbre et restaurant ainsi sa valeur perdue en tant qu'organisme vivant sacré, gardien de la mémoire et pilier écologique essentiel dans notre temps présent et pour notre avenir.
Mantour Beyrouth de Farah F. Naboulsi
C'est le voyage d'une Beyrouthine vers l'orée de sa ville. Elle y explore une connexion profonde avec une fleur endémique au nom de Mantour (mathiola). Cette fleur, espèce rare et en danger d'extinction, éveille des questionnements sur l'appartenance et les sentiments ambivalents envers le monde qu'elle habite. A travers différentes rencontres, la fleur se transforme lentement en personnage principal de l'histoire et invite la narratrice à explorer ce qui reste de sauvage et de brutal dans le dernier espace public côtier de Beyrouth.
Abou Ali de Rebecca Taouk
Le film nous embarque dans un voyage au fil de l’eau qui part de l'embouchure de la rivière, Abou Ali, et remonte vers sa source. Nous y rencontrons quatre individus qui interagissent avec les différents paysages qui se déploient sur le parcours. De la ville animée de Tripoli, en passant par la vallée sereine de Qannoubin et la région montagneuse des cèdres, le voyage culmine à Qornet el Sawda, le plus haut sommet du Moyen-Orient et la plus grande source d'eau de la région. Le film met en lumière les défis auxquels sont confrontés l'eau et la nature, l'importance de la biodiversité et l'impact positif de la nature sur le bien-être de l’homme.
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