Pour l’ouverture du festival des Musicales du Liban à Paris qui se tiendra le dimanche 17 novembre, une œuvre importante du patrimoine musical libanais est au programme. Il s’agit de Fakhreddin II, une cantate profane pour chœur, soliste et piano du compositeur Iyad Kanaan (né en 1971) sur un livret du grand poète libanais disparu il y a dix ans, Said Akl (1911-2014). L’œuvre sera interprétée par Marie-Josée Matar (soprano), Georges Daccache (piano) et le chœur des Musicales du Liban, tous placés sous la direction de Fadi Khalil. Le compositeur Iyad Kanaan répond aux questions de l’Agenda culturel.
Quelle est la genèse de Fakhreddin II ?
Tout d’abord je suis très heureux que le festival Musicales du Liban à Paris, rende hommage à Said Akl pour les dix ans de sa disparition. Ce grand poète laisse un héritage d’une incroyable richesse et la moitié de son œuvre n’est même pas encore publiée. Et pour répondre à votre question, j’avais déjà commencé à travailler sur les poèmes de Saîd Akl dans le cadre de ma recherche sur le chant lyrique en langue arabe, ou comment mêler harmonie occidentale et âme orientale. J’avais déjà mis en musique plusieurs poèmes de Said Akl et le poème Fakhreddin II m’a plu par sa dimension dramatique et le fait qu’il représente une page glorieuse de notre Histoire. Fakhreddin II, qui est une œuvre de jeunesse de Saïd Akl, compte 94 vers et j’en ai mis 88 en musique.
Comment se déroule l’œuvre ?
Elle se découpe en six parties, sous forme de cantate, où la soliste et le chœur se répondent et dialoguent. Il s’agit de raconter la vie et l’épopée du grand homme en commençant par son enfance et finissant par sa mort, avec toutes les péripéties entre les deux, exil, guerre etc. La première partie est uniquement consacrée à la soprano, puis en deuxième, troisième et quatrième partie vient le chœur qui dialogue avec elle. La cinquième partie est consacrée au chœur seul et pour la sixième partie le chœur et la soprano se retrouvent.
Ce dialogue entre chœur et soliste a-t-il un sens particulier ?
Absolument car le chœur raconte l’histoire et son déroulement, tandis que la soliste représente la dimension subjective du personnage, ses états d’âme, ses joies et ses tourments.
Le piano quant à lui est toujours présent tout le long de l’œuvre ?
Oui bien sûr et la partition du piano est extrêmement complexe et présente de grandes difficultés techniques, notamment dans la 4e partie qui décrit la bataille de Anjar. Notre excellent pianiste a du pain sur la planche et je l’en remercie !
Quel est le langage musical de la cantate ?
Il est un mélange Orient-Occident, et en 2010, quand je l’ai écrite c’était la première fois que j’adaptais les outils de la musique occidentale au style de la musique orientale.
La création de cette œuvre a eu lieu en 2011 au Liban ?
Oui et c’était en présence de Saïd Akl qui était toujours vivant car nous fêtions alors ses cent ans !
Dimanche 17 novembre 2024 à 16h en la Cathédrale ND du Liban à Paris. Egalement des oeuvres de Rita Ghosn, Wadia Sabra et une création de Wajdi Abou Diab (commande du festival).
Le festival se poursuit les dimanches 24 novembre avec Sary and Ayad Khalifé et 1er décembre avec Georges Daccache, Lena Farah et Salam Geha.
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