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Le procès de Mazan, un changement culturel ?

10/10/2024|Yaël Assayag

Photo AFP/Benoît Peyrucq

Quand Myriam (la directrice de l’Agenda Culturel) m’a demandé de collaborer avec des articles donnant des nouvelles positives, j’ai d’abord eu du mal à me projeter. Comment trouver des bonnes nouvelles dans l’actualité ? Est-ce que j’ai vraiment envie d’écrire de belles choses au vu de ce qui se passe en ce moment ? Comment traiter de la légèreté quand on a le cœur lourd ? 

 

Cherchant de l’inspiration, j’ouvre l’application du Monde sur mon téléphone. J’y trouverai peut-être de bonnes nouvelles, qui sait. 

Soumission chimique. L’affaire Gisèle Pélicot.

Bombardements. Le Liban est plongé dans une guerre dévastatrice, lui qui a déjà tant souffert. 

L’Iran bombarde Israël. Risque d’escalade au Moyen Orient. 

Dette publique. La France atteint le plus haut niveau de son histoire. 

Une adolescente retrouvée violée et morte dans le bois de Boulogne. 

 

Et puis un article. Le procès des viols de Mazan, un tournant historique ? 

Et cela m’apparait finalement. S’il faut écrire sur quelque chose de positif, il viendra nécessairement pour moi de quelque chose de plus sombre. Parce que dans la douleur, dans la souffrance, un sursaut peut être parfois. Une résistance. Un espoir. 

 

Cette affaire des viols de Mazan, l’horreur qu’a vécu Gisèle Pélicot, elle n’étonne pas les femmes. Cela fait longtemps qu’on sait qu’un violeur peut être n’importe qui, qu’il n’a pas de profession, qu’il n’a pas d’âge ni de couleur de peau. 

Mais grâce au courage de cette femme, le monde semble peut-être petit à petit ouvrir les yeux. Cesser d’avoir des œillères. Comprendre ce que chacune d’entre nous vit chaque jour. 

 

Petite liste donc de ce qui fait du bien dans cette affaire. 

 

Parce que la sonorité est une des plus belles choses qu’a créé le patriarcat, et que sans faiblir, une queue se dresse tous les jours devant le tribunal d’Avignon pour soutenir cette femme et lui dire qu’elle n’est pas seule. 

 

Parce que Gisèle Pélicot refuse le huis clos pour toutes les autres qui ne doivent plus avoir honte. 

 

Parce que les dons envers les associations féministes sont en hausse depuis le début du procès et qu’elles ont de la visibilité.  

 

Parce que des rassemblements ont eu lieu dans toute la France avec des dizaine de milliers de personnes, et pas que des femmes. 

 

Parce que le ministre de la justice s’est dit favorable à l’inscription du consentement dans le droit français. 

 

Parce que ce procès est peut-être le départ d’un changement culturel. 

 

Et parce que dans l’horreur on trouve parfois de la lumière. Pour toutes les Gisèle Pélicot qui ont ouvert la voie parce qu’elles n’avaient pas le choix. 

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