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Les dix ans du prix littéraire Ziryab

10/06/2024

Livres et papilles à la fête


Le secret était bien gardé et la salle historique des caryatides au pavillon Ledoyen réservée depuis plusieurs mois avec la complicité du chef « mentor » Yannick Alleno pour fêter le dixième anniversaire du Prix littéraire Ziryab. Célébrant l’art culinaire et les ouvrages gastronomiques ce pont culturel a été établi en 2014 à Beyrouth. Rencontre avec Noha Baz fondatrice du Prix.

 

 

Pouvez-vous nous raconter l’histoire du prix Ziryab en quelques lignes ?

Au détour d’une table ronde au salon du livre de de Beyrouth en novembre 2013 que je partageais avec Farouk Mardam Bey, un dîner avait été joliment organisé par l’Orient littéraire. Une soirée douce en bord de mer et une tablée amicale choisie.

Novembre est le mois de la remise des prix littéraires en France ; le Goncourt et le Renaudot devaient être annoncés quelques jours plus tard. 

Je lançais une idée ce soir-là en plaidant la cause du livre gastronomique en disant qu’il était injustement mis à l’écart de tout cela, les prix récompensant toujours romans ou recueils de poésie.

L’idée de ce prix littéraire est donc née ce soir-là et il a fallu le baptiser. Nous avions beaucoup ri ce soir là je proposais ”prix loukoum” ou prix Baklawa..

Par affection pour les écrits de Farouk Mardam Bey qui m’ont nourri durant des années à travers ses articles dans la revue Qantara de l’Institut du Monde Arabe j’optais pour le prix littéraire Ziryab.



À part ses descriptions savoureuses dans cette revue il est l’auteur de la “cuisine de Ziryab ”, dans la collection Sindbad aux éditions Actes Sud.


Le nom du prix était tout trouvé !

Et le prix lancé en janvier 2014

 

Comment établit -on un prix littéraire?

Il faut déjà en établir les critères.

Ceux de Ziryab sont les suivants :

-Un livre francophone

-De préférence non traduit en français

-Qui raconte une belle histoire de tradition ou de transmission en cuisine

-Dans lequel il y a bien évidemment quelques recettes illustrées ou racontées

-De belles photos sont un plus mais ne sont pas indispensables

 

Ensuite il faut composer un jury. La première édition du prix comptait comme jurés :

Salah Stetie, Jack Lang, Farouk Mardam Bey, Andrée Maalouf, Fatema Hal et le chef Gaël Orieux, un chef français très engagé pour la biodiversité.

 

Au fur et à mesure le jury s’est élargi, à évolué et s’est surtout affiné. Nous avons écarté les membres contemplatifs qui faisaient uniquement de la figuration pour faire la part belle aux personnes réellement engagées dans la lecture et l’analyse des livres sélectionnés chaque année.

 

Quelles sont les points marquants essentiels et le bilan de ces dix ans ?

Les points marquants consistent surtout en de formidables rencontres humaines et des découvertes livresques extraordinaires.

Les membres du jury étaient jusqu’à 2021 quand la situation politique locale et régionale le permettait encore les invités du prix pendant une semaine.

Le prix était réfléchi à Paris au cours de trois réunions et remis à Beyrouth. Nous avions ainsi accueilli de très grands chefs comme Anne Sophie Pic, Guy Martin, Luana Belmondo, des chroniqueurs gastronomiques extraordinaires comme François Régis Gaudry et Marie Ange Chiari. Tous étaient émerveillés par la beauté du pays, son savoir-faire et ses trésors culinaires.

Au départ une enveloppe était remise au lauréat avec le trophée qui représentait un cèdre. Depuis 2019 et la crise économique nous avons décidé d’offrir en cadeau voyage et séjour ce qui était bien plus logique.

Le dîner qui suivait la remise avait lieu au musée Mim où une visite guidée par Salim Eddé finissait d’éblouir les participants.

 

L’anniversaire des dix ans a semble t-il était mémorable !

Il fallait qu’il le soit ! À défaut de pouvoir le célébrer à Beyrouth il a fallu imaginer une soirée à la hauteur de l’accueil levantin et libanais en particulier histoire de montrer que cette région du monde n’existe pas uniquement par son actualité de crises et de catastrophes. Mettre l’accent sur les talents et savoir-faire libanais était indispensable. Joumana Souccar Uhlemann qui gère l’artisanat kanzaman a exécuté avec une grande générosité les petites tasses en céramique Ishani que j’avais imaginées gravées du nom Ziryab en français et en calligraphie arabe.

Par ailleurs, à chaque fois que je suis invitée à une rencontre ou que j’organise un événement partout dans le monde autour de la gastronomie culture, je porte le Liban en cafetans, robes brodées ou accessoires signés Noun Zein ou Sarah’s bag. L’artisanat a toujours partout dans le monde ce petit supplément d’âme qui complète la tradition.



Pourquoi avoir choisi la salle Ledoyen plutôt qu’un restaurant libanais ou levantin ?

Parce que la salle des caryatides où a eu lieu le dîner est la plus ancienne salle de banquet de Paris qui était gérée par Monsieur Le Doyen, restaurateur renommé, qu’elle est porteuse d’une très belle histoire et que Paris a donné ses lettres de noblesse à l’art de nourrir et de recevoir.

 

Ziryab était un esthète musicien et gastronome qui vivait au 17ème siècle à Bagdad en Mésopotamie. Appelé le Merle d’or pour sa voix cristalline ce chanteur d'exception, inventeur de la « cinquième » corde du « oud », était aussi le maître de l'élégance, de la mode, de l'art de vivre : il avait codifié l'ornement des tables et l'ordonnancement des plats tel qu'on les respecte aujourd'hui encore. Il fallait lui faire honneur.

 

Dans la salle des caryatides au plafond décoré par Lalique, aux boiseries sculptées, entourée de magnifiques jardins, les yeux et le cœur qui se réjouissent.

La talent de Yannick Alleno et de sa brigade finissent d’enchanter l’âme et le cœur.

Le menu Montaigne établi spécialement pour l’événement en cinq temps à enchanté avec des clins d’œil au levant tous les convives.

Le monde a besoin d’un peu de gaieté vous ne trouvez pas ? Il était indispensable de placer cette soirée sous le signe de l’élégance et de la beauté.

 

Comment s’est effectué le déroulé de la soirée ?

Les invités était accueillis en guise de bienvenue avec des gouttes d’eau de rose versées sur les mains délicieuse tradition de la Békaa libanaise reproduite notamment par Khaled, Amal et Faysal Saab à Haush El Ghanam.

L’enthousiasme des présents a été un exhausteur de goût extraordinaire !

L’ambassadrice Hilary Child Adams qui était en poste au Liban pendant cinq ans et avec laquelle ainsi que d’autres diplomates avions lancé le prix avait spécialement fait le voyage pour être présente. La visite du président américain à Paris qui coïncidait avec la date du dîner a pimenté encore plus les choses puisque tout le secteur des champs Élysées était bouclé.

Le point culminant de la soirée a été la déclaration de l’auteur Jacky Durand, personnalité de la décennie. Chroniqueur culinaire renommé il avait été lauréat du prix en 2021, élu à l’unanimité pour son livre : « Cuisiner, un sentiment ». Sa sensibilité et son style unique méritent largement cette nomination.

 

Et le prix 2024 ?

Il n’a pas été encore voté. Il le sera mi-octobre et une journée de rencontres littéraires et gastronomiques mettant en lumière artisans du Liban et sélection d’ouvrages gastronomiques, rencontres et dédicaces est déjà en train de mijoter

Nous en reparlerons !

 

Un anniversaire qui restera dans toutes les mémoires et un prix nourri de goûts de belles pages et de passion qui entame une deuxième décennie avec gourmandise !


@prix litteraireziryab

Page Facebook Prix littéraire Ziryab



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