Michelle et Noel vivent désormais en France. A la question de savoir si elles se sentaient elles-mêmes expatriées, elles répondent : « Nous n’avons pas l’impression d’avoir quitté le Liban mais plutôt de vivre entre deux pays ». Elles ajoutent : « Tous nos projets sont basés sur des sujets liés au Liban mais en France nous avons l’espace et les opportunités de les développer davantage. Le lien entre la diaspora et le pays est très étroit et nous avons l’impression d’être quelque part au milieu puisque cela ne fait pas longtemps que nous avons déménagé une partie de notre vie en France ».
Connues sur la scène libanaise pour leurs engagements, les deux sœurs se sont lancées dans un court-métrage historique et sociétal. En trente minutes, le spectateur fait la rencontre de deux personnages féminins : une femme d’origine syrienne, Asma (interprétée par Masa Zaher), et une femme d’origine libanaise, Sarah (incarnée par Noel Keserwany). Jeunes femmes du XXIème siècle, toutes deux travaillent dans le même restaurant, à Lyon. Peu à peu, une amitié se crée, laissant découvrir à ces deux employées une histoire commune : la période où la route de la Soie joignait Lyon à leurs terres natales, au 19ème siècle.
L’histoire se situe donc entre le Moyen-Orient et Lyon, liés par l’industrie de la soie au 19ème siècle. Le court-métrage apporte une dimension historique sur cette période marquée par la culture du vers à soie et par le mûrier, « cheval de Troie de la pénétration lyonnaise en Proche-Orient », selon les mots du site Silk In Lyon, qui présente le festival de la Soie. De plus, les deux réalisatrices éclairent les spectateurs sur le rôle des femmes à cette époque, via Asma et Sarah, les personnages principaux. En effet, les femmes avaient un rôle très important : « Le secteur de la soie comptait de nombreuses femmes entrepreneuses. Certaines indications laissent à penser que les premières étapes de fabrication étaient parfois considérées comme la propriété exclusive des femmes », précise l’historien italien Claudio Zanier, dans sa rubrique La fabrication de la soie : un domaine réservé aux femmes.
L’Agenda Culturel a demandé aux lauréates ce que représentait ce prix pour elles ? : « Ce qui nous a le plus touché, c’est de voir les gens heureux pour nous, dans le pays et dans la région ! ». Une belle réussite pour ces sœurs qui mettent un premier pied dans le cinéma : « Voir ce premier film, que nous avons fait avec tout notre cœur, atteindre tant de personnes et de cultures différentes nous a rendu si heureuses. Il s’est connecté à eux sur le plan humain et c’est ce que le cinéma est pour nous » concluent les sœurs Keserwany.
photo credit @Hugues Anhes
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