Le 20 novembre est une date butoir. Celle à laquelle la diaspora devra avoir répondu « oui, nous avons encore un droit dans ce pays, même à des milliers de kilomètres ». Aujourd’hui encore, le "procrastinateurs", ceux qui reportent toujours de le faire, ont encore le temps de s’inscrire pour dire NON, ÇA SUFFIT à ceux qui ont kidnappé leurs rêves.
Mais aux poches de résistance, nombreuses, j’adresse ces quelques mots :
Les jours qui se font plus courts, le soleil qui se fait plus rare, l’hiver qui s’installe et pour de longs mois. Les gros foulards en laine, les bonnets qui réapparaissent, les bottes informes, épaisses et les mitaines gelées, les pluies incessantes, le gris anthracite pour tout horizon… Ce week-end à l’autre bout du ciel bleu, des réunions familiales, de la vie qui pulse et résiste malgré vents et marées, privés de ces sourires et de ces « hamdellahs » qui ne quittent jamais ce pays de convoitises infinies, ce week-end est pourtant un des plus importants, car je crois encore qu’il y a un peuple, celui qui s’est rendu compte que le ciel bleu n’est pas seulement une couleur de ciel, mais de paix intérieure et de réalisation de soi, ce peuple qui est parti chercher sa dignité bafouée ailleurs.
Vous êtes loin et le Liban, après vous avoir abandonné à votre désespoir, vos désillusions, vos vaines tentatives de vous accrocher, le Liban est loin et vous êtes installés dans votre nouvelle vie. Vous êtes heureux d’être enfin quelqu’un qu’on respecte, d’avoir des droits que vous pouvez réclamer, de ne pas voir un voyou prendre votre place devant un guichet et vous toiser de son arrogance. Vous avez réussi difficilement à vous tailler une place parmi tous ces gens qui ne vous reconnaissent pas. Vous avez écourté vos séances WhatsApp avec la famille, les amis de l’autre côté de la planète, là où ils en sont encore à mendier une heure d’électricité pour pouvoir recharger leurs batteries. Vous avez tout ce qu’il vous faut…
Je m’arrête là pour vous poser une question. Pourquoi alors ressentez-vous cette rancœur, cette amertume au fond de vous, puisque vous avez « réussi » ?
Je n’avancerai pas des éléments de réponse. En faisant un retour sur soi, chacun sait pourquoi il n’est quand même pas satisfait. Il sait ce qui lui manque : le bonheur de vivre dans un des plus beaux pays du monde et auquel il a droit.
Ce droit, vous pouvez encore le réclamer. Très probablement votre vote ne va rien changer. Mais, avez-vous pensé que vous serez muselés à jamais si vous ne vous manifestez pas ? Que vous perdrez le seul droit qui vous reste encore : celui de dire : « MOI, je n’accepte pas ce qui se passe au Liban ? » Imaginez-vous un instant que vous n’avez plus le droit, ni de regarder la télé via vos abonnements, ni lire les nouvelles « pour savoir ce qui se passe », ni encourager ceux de vos proches qui se plaignent, ni penser retourner passer des vacances là où vous aimez encore vous retrouver pour vous ressourcer.
Vous aurez perdu votre DROIT à vos racines. Vous n’aurez rien à offrir à vos enfants. Aucun souvenir, aucun mode de pensée, aucune terre.
C’est la nôtre. C’est notre terre et on ne la cèdera pas. Ce n’est plus une question d’être convaincu ou pas des résultats des élections. C’est votre DROIT de dire ce que vous pensez, avant qu’on ne vous l’ôte à jamais… Pensez-y. Accepterez-vous qu’on vous ôte ce que vous avez de plus cher ? Votre voiture ? Votre appartement ? Votre enfant ? Votre santé ?... La terre c’est ce qui nous identifie. Nous sommes issus de cette terre et même si vos papiers n’y portent plus sa mention, votre sang lui la porte. Pensez à tous ceux de nos compatriotes qui ont brillé dans le monde entier; leur origine les suit, les porte, c’est leur marque… et leur fierté.
Ne la laissons pas tomber. C’est le moment d’enclencher ne serait-ce qu’un premier pas vers la reconquête de notre pays livré aux mains d’une mafia qui se confond avec le pouvoir. Essayons ne serait-ce que de la déloger en partie. Mettons notre voix dans l’engrenage, celui du début de la résistance « légale » qui pourrait changer la donne, ne serait-ce qu’avec quelques sièges… Qu’avez-vous à perdre ?
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