Racontez-nous votre parcours. Comment avez-vous commencé la musique ? Comment avez-vous évolué dans l’industrie ?
Je suis une musicienne, chanteuse et compositrice libanaise.
Dès l’enfance, j’ai toujours aimé peindre, sculpter, chanter, animer, jouer de la guitare et me donner en spectacle. J’ai été façonnée en un être humain passionné d’arts et de musique, et les membres de ma famille ont beaucoup influencé mon éducation. En grandissant, j’ai été inspirée par mon cousin que je regardais jouer de la guitare et chanter du blues, ainsi que par mon grand-père, que je voyais sculpter et peindre.
Pendant mes années d’école et d’université, j’ai rejoint des groupes de musique et me suis produite à des concerts avec eux. Ensuite, j’ai obtenu un diplôme en graphic design et un autre en animation, de deux universités différentes.
Malgré tout, la musique a toujours été un élément majeur dans ma vie. J’ai commencé par me produire dans des pubs, pour des évènements privés ou des mariages. Pendant toutes ces années, j’écrivais des chansons, qui reflétaient mes sentiments, de joie et de chagrin. Déverser mes émotions en paroles et en mélodies qui me transportent m’a aidé à traverser les bons et les mauvais moments. J’avais pour but, un jour, de délivrer ces messages d’espoir envers moi-même à ceux qui seraient prêts à les entendre. Dans les premiers jours de 2020, j’ai eu la chance de rencontrer les gens qui constitueraient mon groupe de musique et m’aideraient à faire de mon rêve une réalité. J’ai été rejointe par Ryan Fayad, mon frère, à la basse et aux chœurs; Olivier Maalouf, au violon électronique; et Fouad Afra, à la batterie et aux percussions. On a commencé à répéter de façon professionnelle puis à enregistrer mon premier album “Reveries of Joy”, qui est sorti le 28 octobre sur toutes les plateformes digitales. J’ai pris conscience que ce projet, sans l’autre pan de ma vie qu’est le graphic design, ne pourrait être accompli. Alors, j’ai décidé de mettre tout mon coeur, mon art et mon âme dans la création d’animations visuelles en 3D et 2D, afin de les incorporer dans les clips qui accompagneraient mes musiques.
La thawra vous a poussé à publier des chansons à un public, et vous avez aussi chanté devant des hôpitaux durant le confinement grâce à l’ONG Ahla Fawda, dans quelle mesure diriez-vous que le Liban, son histoire et la situation actuelle, vous inspirent dans votre travail et votre vie ?
J’ai l’impression que mon pays a toujours connu beaucoup de challenges qui m’ont empêché d’arriver à mes objectifs et rêves, brisant mes aspirations à croire en ma passion…
Pourtant, quelque chose à l’intérieur de moi continue de me pousser à dépasser ces challenges que l’on a tendance à utiliser comme des excuses pour ne pas agir. Je crois sincèrement que tout est possible si l’on décide que rien ne va se mettre en travers de notre chemin. A vrai dire, la seule chose qui peut nous empêcher d’atteindre nos rêves, ce sont nos pensées et nos croyances.
Des épreuves que nous vivons naissent les solutions les plus innovantes pour aider à contribuer à la construction d’un monde meilleur. Je réalise maintenant que personne ne peut vivre joyeusement s'il ne suit pas sa passion. Je fais de mon mieux pour délivrer des messages édifiants dans mes chansons, afin que mes auditeurs puissent se libérer de l’idée de devoir dépendre de quelqu’un d’autre, car il n’y trouvera jamais ni liberté ni joie. Avec toute la misère que nous traversons, une conscience s’éveille en chacun de nous et nous réalisons que nous n’avons plus besoin de nos dirigeants pour vivre la vie que l’on a rêvé, mais qu’il est plutôt temps de découvrir les talents et dons avec lesquels nous sommes nés, de révéler l’énergie créative et belle que l’on est capable de donner à la société et échanger les uns les autres.
Le changement vient de l’intérieur, et il commence quand chacun accepte de suivre ce que son cœur désire. J’aime profondément la puissante portée que peut avoir la musique sur les gens. Pour moi, c’est une religion à part entière, d’amour pur et vrai, qui unie tout le monde, sans distinction, et rien n’est plus satisfaisant et agréable que d’entendre les gens chanter une mélodie en coeur: une voix, amplifiée par un million d’autres, c’est plus fort que n’importe quelle guerre que l’on a pu connaître.
Comment vous est venue l’idée de l’album “Reveries of Joy” ? Quels messages souhaitez-vous partager à travers celui-ci ?
Cet album reflète mon monde intérieur de pensées et de sentiments, et il parle principalement du dépassement de nos limites et des croyances que nous avons tendance à créer comme des barrières contre nous-mêmes durant notre vie. Chaque morceau porte un message d’Amour et de Liberté, et vise à faire prendre conscience aux gens que n’importe quel changement vient de l’intérieur, de nous. Les paroles et les mélodies incitent à se dépasser, à agir, pour faire tomber les murs de nos doutes et suivre nos passions, à réaliser ses rêves et les désirs de son cœur.
Est-ce que vous avez des concerts planifiés ? Comment voyez-vous votre futur de musicienne, chanteuse et compositrice ?
Le premier concert s’est déroulé à Ked, le 29 octobre, et était consacré au lancement de l’album. J’en ai retiré un rêve encore plus grand, celui de partager davantage de mes compositions avec une audience. Les retours ont été incroyables, et m’ont laissé un sentiment que je n’avais encore jamais ressenti. J’ai eu l’impression d’être complètement transparente, lorsque je chantais devant cette foule, pour la première fois. Cela m’a conforté dans l’idée qu’ouvrir mon cœur et partager ma passion est le but de ma vie. Je crois sincèrement que le but principal de la vie est d'en profiter pleinement, et cela ne pourra jamais se produire si je ne vis pas à fond, c’est-à-dire si je ne vis pas avec mon cœur.
ARTICLES SIMILAIRES
Petite messe solennelle de Rossini pour un grand concert réjouissant au Festival al Bustan
Gisèle Kayata Eid
20/03/2024
Laura Lahoud : « oui nous l’avons fait envers et contre tout »
Nelly Helou
20/03/2024
Riche saison hivernale à Beit Tabaris
Zeina Saleh Kayali
13/03/2024
Vernis Rouge : « Je suis fière de pouvoir représenter le Liban »
Garance Fontenette
07/03/2024
Abdel Rahman el Bacha en concert exceptionnel à Beyrouth
Gisèle Kayata Eid
03/03/2024
Mélodies françaises et libanaises par Marie-José Matar et Elie Sawma
Zeina Saleh Kayali
27/02/2024
De Kaslik à Erevan avec Betty Salkhanian et Georges Daccache
Zeina Saleh Kayali
25/02/2024
La musique : Un vecteur conducteur essentiel pour créer une véritable nation
Nelly Helou
20/02/2024
Orphée autrement avec La petite suite
Zeina Saleh Kayali
13/02/2024
Noémie Chemali et l’Opus 961
Zeina Saleh Kayali
07/02/2024