La saison musicale d’hiver s’est achevée à Beit Tabaris après avoir été riche en événements divers et variés. 

Clôture en beauté avec la Chanterie de Beyrouth sous la direction de Noha Hatem et Isabelle Issahakian au clavier. Vingt-cinq petits chanteurs venus des quatre coins du Liban et de tous les horizons sociaux et communautaires présentaient un florilège jubilatoire de chansons françaises en l’honneur du mois de la francophonie. Enchainant joyeusement des chansons de Michel Fugain, France Gall, Gilles Vignault, Céline Dion, la Compagnie créole ou Enrico Macias et clôturant avec Nachid Essalam (Hymne de la Paix) de Zaki Nassif, ces forces vocales juvéniles pleines de verve ont offert au public habitué à des programmes beaucoup plus sérieux et austères, un vent de fraîcheur et de poésie. 

La saison avait commencé par un concert in memoriam pour un être cher disparu, intitulé Musique et souvenir, découpé en trois parties : la création mondiale d’Al Chouhrour, pièce vocale de Dominique Salloum (né en 1969) sur un texte de Gibran Khalil Gibran, avec la soprano Nadine Nassar accompagnée par le compositeur lui-même au piano, suivie d’un intense moment pianistique avec l’Impromptu op 90 n° 3 D899 en sol bémol majeur de Franz Schubert (1797-1828) et la Sonate n° 17 op 31 n° 2 en ré mineur dite la Tempête de Ludwig van Beethoven (1770-1827) interprétés par Dominique Salloum. La troisième partie du concert était consacrée à la musique de chambre avec le Quatuor Les Muses fondé et dirigé par le violoniste Mario Rahi, qui a offert au public venu très nombreux, le Quatuorop 18 n. 4 en do mineur de Beethoven et pour terminer les déchirantes Crisantemi (Chrysanthèmes), pièce de Giacomo Puccini 1858-1924) dédiée à un ami disparu. 

Les deux autres concerts de cette riche saison étaient également très réussis : la jeune et brillante pianiste Andréa Azzi avait offert un programme varié, débuté par de la Sonate No. 20 en do mineur de Carl Maria von Weber (1786-1826) et la deuxième Grande Sonate en la bémol majeur de Joseph Haydn (1732-1809), grand classicisme donc, avant de glisser vers le romantisme échevelé de Johannes Brahms (1833-1897) avec la Rhapsodie Op. 79 No. 1 en si mineur, œuvre à la difficulté redoutable, brillamment enlevée. Pour clôturer le récital en beauté et en patriotisme, des extraits des Oriental sketches, suite pour piano Op. 2 du fort talentueux jeune compositeur libanais Wajdi Abou Diab (né en 1991). Pièces sombres et virtuoses au langage musical contemporain, très appréciées par le public. 

Le non moins jeune et brillant guitariste Rawad Abizeid, élève de l’éminent professeur Edy Dorlian, proposait dans un programme intitulé Magie de la guitare, une éblouissante anthologie d’œuvres de différentes époques ayant pour point commun une immense exigence technique : Andante Largo Op.5 no.5 de Fernando Sor (1778 – 1839), Campanas del Alba d’Eduardo Sainz-de-la-Maza (1903 - 1982), Ponteio deMozart Camargo-Guarnieri (1907 – 1993), Quatre Pièces Brèves de Frank Martin (1890 - 1974),Merry Christmas Mr. Lawrence de Ryuichi Sakamoto (1952 – 2023), Prélude (BWV 996) de Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750), Prélude No.5 d’Heitor Villa-Lobos (1887 - 1959), Invention No.2 - Hommage à Pink Floyd de Jacques Castérède (1926 - 2014), Un Dia de Noviembre de Leo Brouwer ( né en 1939) et enfin Variations sur un Thème de Fernando Sor, Op.15 de Miguel Llobet (1878 - 1938).

Par ailleurs le pianiste italien Giacomo Scinardo qui devait diriger une masterclass autour de l’œuvre du compositeur libanais Bechara El Khoury (né en 1957) ayant déclaré forfait (pour cause de situation sécuritaire incertaine), les neuf élèves qui avaient travaillé d’arrachepied pendant deux mois, ne l’auront pas fait pour rien. Car Beit Tabaris leur a organisé une audition filmée où chacun a pu jouer son programme et dont les vidéos serviront à en sélectionner un certain nombre pour une académie d’été qui se tient en Italie au mois de juillet.

Rendez-vous au mois d’avril pour d’autres aventures musicales !