Le moment est grandiose. L’auditoire tout à fait silencieux, l’Église St Joseph, lumineuse et le piano de Bernstein, majestueux. Il s’avance, s’assied et ses doigts font le reste.
Très vite, la musique prend de l’ampleur. Seul avec son instrument, sans partition, Abdel Rahman el Bacha, ultra concentré, ultra connecté à son alter ego aux touches d’ébène, nous fait rentrer dans une sorte de monde parallèle. Ses notes effleurées, arrachées, retrouvées, discordantes parfois ou murmurées dans un quasi silence religieux avant de gronder à nouveau pour s’éclater dans des accords qui se succèdent comme une cataracte, comme autant de bourrasques que nous vivons, nous arrachent littéralement à notre réalité.
Quand ses comptines, berceuses, rêveries se déposent dans nos oreilles et nos cœurs comme autant de doux baisers ; quand la musique élève nos âmes sous l’interprétation d’un virtuose international bien de chez nous; quand la Polonaise de Chopin vrille dans le silence des agneaux de notre quotidien c’est que quelque chose d’exceptionnel nous est offert et que quelque chose de transcendant nous arrive.
Il y a là certainement une dimension majestueuse, irréelle… oserait-on divine ?
L’auréolé de prix et de reconnaissances, comme un jeune étudiant appliqué, laissant ses doigts s’exprimer pour lui dans un concert éblouissant, a rendu un vibrant hommage à la musique et à ses grands compositeurs Bach, Chopin, Ravel dans des morceaux de grande bravoure technique et de maîtrise assumée de son art. Le charme opérant tout autant dans les notes cristallines égrenées par le grand maître dans une somptueuse interprétation de ses propres compositions.
Une chance, un plaisir, une joie profonde pour cette soirée de gala offerte par le Conservatoire de musique libanais. Une splendide lecture musicale de la vie qui déferle avec toutes ses vibrations. Un moment de grâce.
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