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Orphée autrement avec La petite suite

13/02/2024|Zeina Saleh Kayali

Cet ensemble vocal fondé et dirigé par Olivier Plaisant présente depuis quelques années des concerts très originaux, se situant à la frontière de plusieurs genres musicaux, entre chœur, musique de chambre, lyrique et récit. 

 

Après un Voyageur naviguant entre Schubert, Kurt Weil et Stefan Zweig en 2019 et 2021 et un Requiem de Mozart façon Czerny en 2022, ponctué par la lecture de la correspondance du composteur, voici Orphée et Eurydice de Gluck, revisité et donné deux soirs de suite en la Cathédrale Sainte Croix des Arméniens à Paris. L’église est bondée et l’écoute très attentive car ce qui se passe sur scène est intense et inédit. 

Ayant perdu son épouse Eurydice, Orphée pleure sa mort durant la cérémonie funèbre. Les dieux, voyant le chagrin du jeune héros et séduits par la beauté de son chant, l'autorisent à descendre aux Enfers pour qu'il aille chercher sa bien-aimée. Une seule condition lui est imposée : qu'il ne croise pas le regard d'Eurydice en remontant des Enfers.

 

L’œuvre se déroule en alternance entre musique et poésie. Les textes ont été choisis par Olivier Plaisant et Magali Bodon Bruzel. Ils se situent de l’antiquité à nos jours, avec comme fil conducteur la mort, l’amour, la perte de l’être aimé mais aussi la douceur et l’espoir. La comédienne Sylvie Sénéchal les dit d’une voix claire et enveloppante, sans emphase, le public accroché à ses lèvres. Ainsi, Baudelaire, Desnos, Michaux, Pavese, Segalen ponctuent le discours musical et font progresser l’action. 

 

Entourant le chœur qui excelle à mettre en valeur la délicatesse et la puissance de la partition de Gluck, Irina Golovina (mezzo-soprano) incarne un Orphée déchirant d’humanité, Marie-Josée Matar (soprano) une bouleversante Eurydice et un délicieux Amour. Les instrumentistes ne sont pas en reste et Florence Chalamet au piano porte avec grâce et virtuosité une partition d’une grande exigence. Céline Largeaud au violoncelle, Marc Kayali à la harpe et Lucas Joseph aux percussions lui donnent la réplique avec justesse et homogénéité, constituant à eux quatre un véritable ensemble de chambre. Tous sont placés sous la direction précise et sensible d’Olivier Plaisant qui à part le fait d’être un excellent chef, n’a pas fini d’étonner par le bouillonnement de son imagination et l’étendue de sa culture musicale et littéraire. 

 

 

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