C’est le milieu de la nuit. Je me réveille.
Je me demande l’heure qu’il est.
Je saisis le portable, L’écran s’illumine ; 4h16.
Ouf ! Il reste encore du temps jusqu’à l’arrivée du matin …
J’arrête mon sommeil et quitte la chambre sur la pointe des pieds pour éviter de réveiller ma femme.
J’emporte avec moi mon ordinateur.
J’ai trois précieuses heures devant moi, qui me sont gracieusement offertes pour me balader sur le Web, écouter ma musique et plonger dans mes sujets de prédilection …
Je ne veux surtout pas savoir vers où cette flânerie me mènera. Vers quelles nouvelles découvertes ou quels nouveaux horizons…
C’est toute la beauté d’exister. Un sentiment de liberté …
L’internet est devenu notre caverne d’Ali Baba. On y rentre, et notre curiosité est assouvie de toute chose.
Arrivé à mon siège, je répète le rituel de chaque nuit; je pose mon ordi sur l’accoudoir. Je règle les lumières du salon.
Comme un metteur en scène qui installe une ambiance...
Je vais à la cuisine préparer mon café au lait et au miel dont personne sur terre ne connaît le magique dosage. Et en attendant que l'eau bout, je fais le tour du salon pour regarder la ville endormie, à travers les vitres.
Les rues sont mouillées et désertes.
Le monde dort… Quel moment délicieux… Pas un bruit qui puisse perturber la paix de cette aube bénie des dieux.
À la cuisine, la chauffeuse commence à siffler et à pousser des cris de détresse, qui vont en s’amplifiant comme pour me dire « tu viens m’éteindre ou je réveille tout le patelin ?? ». J’accours pour protéger le moment sacré.
Je verse l'eau bouillante sur ma potion magique que je dissous avec une petite cuillère, ensuite je porte la tasse bouillante au salon pour la poser sur la petite table côtoyant l’accoudoir.
Je m’assois, j’ouvre l’ordinateur, je rentre sur ce truc qu’on appelle Spotify sur lequel est stockée toute ma musique, et je mets ma playlist intitulée “piano pour écrire”, juste pour embellir le silence.
Installé finalement, j’ouvre l’écran sur ‘l’Orient-Lejour’, mon compagnon de toujours.
Je survole un peu à la va-vite toutes les dernières informations. Et je me pose sur quelques unes…
Je commence toujours par «Liban». Il y a quelque temps; je me rassurais que le ‘Sayyed’ n’avait pas levé à nouveau son doigt. C’était bon signe.
Aujourd'hui, c’est une nouvelle ère… Bien plus gaie, Dieu merci !
C’est notre nouveau bébé géant le président Joseph Aoun et son nouveau premier ministre à la démarche gauche et sympathique, qui attirent notre attention.
Je quitte la rubrique “Liban” pour aller à celle de “Carnet”, lire l’obituaire, et apprendre si quelqu’un que je connais est encore mort !
Je survole ensuite les rubriques “Monde”, “Économie” et “Culture", juste pour la forme.
Je les survole sans trop m’y attarder. Car les nouvelles sont devenues redondantes ou déconcertantes pour la plupart...
Lointains sont les jours où l’on lisait que Brigitte Bardot venait de passer la soirée avec Gunter Sachs aux Caves du Roi, ou qu’ Ella Fitzgerald et Von Karajan se relayaient pour charmer le public de Baalbeck.
Aujourd’hui les nouvelles sont devenues médiocres.
Par exemple, j’ai lu une fois que “Les ambassadeurs saoudien et égyptien chez Nabih Berry pour affirmer l'unité du quintette”. Événement vraiment notoire, pour être énoncé dans une manchette!
Mais lire le journal reste mon passage forcé contre ma marginalisation par la société..
Après le journal, je fais le ménage de ma boîte e-mail. Une véritable opération de nettoyage quotidien …
Car la plupart des e-mails sont comme des saletés digitales qu’on reçoit sans les avoir voulues. Cela vient des ‘cookies’, paraît-il. Rien à voir avec les viennoiseries du même nom.
Les ‘cookies’ d’aujourd’hui, ce sont ces petits espions virtuels du Web, qui viennent vous empester la vie tous les jours. A chaque fois qu’on veut lire un article, on a droit à cette même question très polie entre parenthèses :
« Vous acceptez nos cookies ? Si on répond “non”, on nous demande à nouveau : “les accepteriez-vous partiellement au moins?”
Si la réponse est toujours non, on nous punit et on ne nous permet plus de continuer à lire l’article.
Tout est donnant donnant dans notre monde …
Alors, en toute “démocratie", on accepte les “cookies”.
Fins limiers qu’ils sont, les semeurs de cookies nous prennent à l’usure pour, en fin de compte, nous faire succomber à leur jeu.
Et alors on accepte.
Sachant que notre punition chaque matin sera de faire le ménage de notre boîte e-mail, qui sera tous les jours remplie de ces saletés.
Bon, on se dit que ce n'est qu'une autre petite contrariété à supporter à cette époque technologique…
Les e-mails bouclés, je visite Facebook, puis Instagram, je distribue des « likes » par-ci et par-là, pour garder mon contact avec ceux qui m'importent.
Et enfin, je peux librement lire des articles, explorer des reportages sur YouTube, écouter de la musique, apprendre sur les gazelles de montagne qui vivaient jadis au Proche Orient, découvrir les pics du Chili, ou apprendre la philosophie …
L'aube est le moment le plus délicieux de la journée pour faire le point sur la vie.
Qui file comme une flèche sans que rien ne puisse la ralentir …
Vers 6 heures du matin, les lueurs du jour envahissent le salon, comme pour me chasser de là …
Je rentre alors au lit, rejoindre le troupeau de dormeurs…
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