Rendez-vous dans la Békaa, festival pluridisciplinaire revient pour sa 4ème édition, les 14, 15 et 16 juin prochains. Danse acrobatique, feux et poésie, théâtre d’ombre, conte, Oud et promenades dans la ville vous donnent rendez-vous à Zahlé, Baalbeck et Hermel.
Camille Brunel, Directrice déléguée de l’Institut français du Liban dans la Békaa Zahlé et Baalbeck nous en dit plus sur ce festival.
Quels sont les objectifs principaux du festival cette année et comment ces objectifs s'inscrivent-ils dans la mission globale du festival au fil des années ?
L’objectif des « Rendez-vous dans la Békaa », temps fort de la programmation de l’Institut français du Liban imaginé en 2021 par l’équipe de l’antenne dans la Békaa, est avant tout de proposer une expérience artistique et culturelle annuelle aux familles et aux jeunes, dans une région où il y a peu, voire pas d’offre culturelle.
Pour la première fois cette année, et grâce au soutien du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, ce sont des partenaires régionaux qui ont conçu et pris en charge l’organisation du Festival, en lien étroit avec nous : Swandance, compagnie et école de danse de Zahlé fondée par Chantal Rabay ; Esprits Libres, école à pédagogie nouvelle fondée par Ghoussoune Wahoud à Hermel ; et Peace of Arts, dirigé par Véra Mawla.
Ce festival, il est avant tout fait pour et par les habitants et les acteurs locaux de la Békaa, ainsi que les établissements scolaires de la région. Après trois éditions très réussies, notre souhait est qu’il puisse devenir un rendez-vous ritualisé, chaque année. Conforme à la mission fondamentale poursuivie par l’Institut français au Liban, ce Festival est entièrement gratuit et accessible à tous, au plus proche des Libanais et des Libanaises, et vise à offrir pendant trois jours des espaces de création, de respiration et de vivre-ensemble.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de sélection des spectacles et des artistes qui participent au festival ?
Il était important pour nous d’être dans une dynamique de diffusion de spectacles qui existent au Liban mais que le public de la Békaa n’a pas eu la chance de voir. Il était aussi capital que les propositions artistiques puissent s’adresser à tous les publics en touchant aussi bien les enfants que leurs parents. La langue ne doit pas non plus constituer un obstacle pour profiter de l’expérience culturelle, car la beauté et la virtuosité transcendent les barrières linguistiques. Enfin, nous avons fait le choix de la pluridisciplinarité en programmant du théâtre, de la danse, du conte, des marionnettes et de la musique. Nous avons donc, en concertation avec nos partenaires Chantal Rabay, Ghoussoune Wahoud et Véra Mawla, invité le Collectif Karhaba avec deux créations : les Veilleurs et Songe d’une forêt oubliée : il s’agit de deux spectacles avec une identité visuelle très forte (le feu, les marionnettes, le théâtre d’ombres). Nous avons également convié Donna Khalifé et sa contrebasse, Edith Maalouf avec un spectacle de conte, une performance de jeunes danseurs dirigée par Swandance et deux concerts, l’un de Oud sans frontières et l’autre de Firas Andari.
Comment le festival contribue-t-il à promouvoir la culture et les arts dans la région de la Békaa et à créer des opportunités pour les jeunes talents locaux ?
Avant d’être un festival sur trois jours, « Rendez-vous dans la Békaa » est d’abord un programme de formation et d’éducation artistique à l’attention des enseignants et des élèves des écoles partenaires de l’Institut français du Liban dans la Békaa. Depuis trois ans, nous formons les enseignantes (la plupart sont des femmes) au théâtre et au mouvement afin qu’elles acquièrent une expérience et des compétences qu’elles pourront ensuite partager avec leurs élèves. Au fil des mois, nous travaillons à leurs côtés avec leurs classes à la création de scènes de théâtre de la phase d’écriture jusqu’aux représentations. Le festival est là pour donner aux enfants une opportunité de jouer devant un public dans des conditions quasi-professionnelles. Il est évident pour nous que c’est par la pratique artistique dès le plus jeune âge que se perpétueront la culture et les arts. C’est d’autant plus vital que le pays traverse depuis 2019 une crise profonde qui pourrait inciter certains à considérer la culture comme quelque chose d’accessoire et de futile. On compte dans la Békaa des conservatoires de musique, quelques écoles de danse, quelques ONG aussi tournées vers le cinéma ou la photo, mais globalement il y a peu d’offres pour que les jeunes, en particulier ceux de milieux plus modestes, puisse expérimenter leurs propres talents. Que des artistes confirmés collaborent avec les écoles est, je le crois, le meilleur moyen de susciter des vocations… Et nous avons au fil du temps vu des jeunes progresser de façon significative et même demander l’organisation de clubs théâtre dans leur lycée.
Quelles sont les collaborations ou partenariats clés qui ont permis de réaliser cet événement et comment ces collaborations ont-elles enrichi le festival ?
Plusieurs rencontres ont été déterminantes. Il y a d’abord ASODH, une association française pour le développement humain qui œuvre pour la jeunesse et nous a largement encouragé à développer ce programme. Je citerai ensuite les établissements scolaires francophones de la Békaa avec lesquels nous collaborons étroitement tout au long de l’année, par exemple sur l’apprentissage du français ou la formation des enseignants, et qui ont manifesté un grand engouement pour ce programme qui ne s’est pas démenti au fil du temps. Chaque année, ce sont 20 écoles qui participent avec près de 30 enseignants et plus de 300 jeunes impliqués de la Békaa Ouest jusqu’aux confins de la Békaa Nord. Parmi celles-ci, il y a en particulier l’école Esprits Libres à Hermel, dont l’équipe réalise un travail remarquable en intégrant à son enseignement les arts, la culture et l’exercice de la démocratie et s’avère être bien plus qu’une école, puisqu’elle co-organise et accueille aujourd’hui le Festival entre ses murs. L’Hôtel Palmyra à Baalbeck est également un partenaire incontournable de nos activités culturelles depuis plusieurs années… Il y a bien sûr Swandance à Zahlé qui met littéralement la ville en mouvement, Raghda Mouawad actrice et pédagogue qui a fait évoluer le programme de formations. Tous ces partenaires sont précieux, sans eux, cet événement n’aurait pas de raison d’être et chacun à leur façon, ils l’ont inspiré, défendu et modelé.
Comment le festival intègre-t-il des éléments de diversité culturelle et artistique pour offrir une expérience riche et variée aux participants ?
Chaque année, le programme de « Rendez-vous dans la Békaa » fait la part belle à une nouvelle pratique : en 2021 nous avons abordé la marionnette, en 2022, le théâtre, en 2023 nous avons réalisé un film documentaire avec les participants (« Notre pays lointain », de Camille Brunel et Malek Fleifel), cette année nous privilégions danse, théâtre et musique. Cette diversité nous permet de collaborer avec des artistes aux parcours différents et de proposer aux participants une expérience toujours renouvelée.
Quels ont été les retours d'expérience des participants et des artistes sur les éditions précédentes, et comment ces retours ont-ils influencé la programmation de cette année ?
Plusieurs retours d’expérience nous ont permis d’ajuster la programmation et de faire évoluer notre fonctionnement. Nous avons par exemple renoncé à l’idée de faire travailler les enfants sur une thématique particulière, en laissant le champ libre à chaque groupe de s’emparer de façon authentique d’un sujet qui lui tient à cœur et d’en développer l’expression la plus singulière.
Nous avons aussi choisi de déployer le Festival dans trois villes importantes de la Békaa : Zahlé, Baalbeck et Hermel pour aller vers le public là où il se trouve. Et puis nous avons organisé la programmation de sorte que les enfants qui eux-mêmes jouent puissent assister à tous les spectacles : le Festival est avant tout le leur.
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