La plateforme Shasha Movies, de l’Asie du sud-ouest à l’Afrique du nord
16/03/2021|Emma Moschkowitz
Pourquoi est-il important de promouvoir le cinéma du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ?
Le Moyen Orient est souvent représenté sous le thème de la guerre et de la violence - une représentation problématique. Les médias internationaux se concentrent presque exclusivement sur la transmission des nouvelles ayant rapport avec des crises et des catastrophes qui affectent la région, souvent effectué de façon biaisée et non-représentative. En réponse à cela, les cinéastes du Moyen Orient, vivant ici ou ailleurs, choisissent de réaliser leurs propres films et documentaires afin de faire parvenir leur vision des choses qui est moins popularisée et plus fidèle. Ces films ont aussi pour but de partager la culture intrinsèque de leur pays et de leur ethnie.
Par contre, ces films-là ne sont pas diffusés dans les pays qu’ils représentent. Prenons l’exemple du Liban, là, les cinémas préfèrent montrer des films de production Hollywoodienne, ayant nécessité un budget de réalisation relativement élevé, ou récemment Libanaise, mais souvent reprenant des sujets exploités. Tout reste assez léger, banal et limite illusoire (en raison de la censure, entre autres). Quant aux films réalisés par des cinéastes indépendant(e)s et émergent(e)s, ils sont diffusés quelques fois dans des festivals européens ou américains pour une catégorie restreinte de spectateurs. Ces films sont vite relégués aux oubliettes.
Shasha Movies se présente en tant que plateforme assurant une visibilité mondiale à ce type de films.
Quels sont les thèmes choisis pour les mois à venir ?
En mars, les films disponibles sur la plateforme de Shasha Movies sont éclectiques. Par contre, le mois d’avril est dédié aux films relatifs au Yémen où l’industrie du cinéma est plutôt jeune et en voie d’expansion et ce, malgré la guerre et les difficultés par lesquelles le pays passe. L'établissement d'académies et écoles où sont enseignés les métiers du cinéma contribuent à ce développement.
Nous désirons montrer aux spectateurs un côté non médiatisé du Yémen.
Quels critères prenez vous en compte pour sélectionner les films ?
Engagé, sous-représenté et fidèle à la réalité qu’il veut transmettre.
Alors que la crise sanitaire vide les salles de cinéma et interrompt les tournages, comment pensez-vous que l’industrie du cinéma va évoluer dans les années à venir ?
La pandémie a largement affecté l’industrie du cinéma partout dans le monde. Au Liban, les professionnels du cinéma ont hâte de se retrouver sur un plateau de tournage. Il y a un besoin vital de canaliser le désespoir en productivité.
Regarder un film en collectivité dans une salle de cinéma a un charme inégalé. La salle de cinéma représente une évasion momentanée du monde extérieur. Les spectateurs sont absorbés par le film. La grandeur de l'écran et la monumentalité des effets sonores sont envoutantes. C’est un plaisir collectif et il faut plus qu’une pandémie pour éradiquer cette pratique.
Toutefois, nous ne pouvons quand même pas nier l’importance et la place que les plateformes de diffusion en ligne ont acquises au fil des dernières années et exponentiellement depuis 2020 : les films sont plus ou moins disponibles partout dans le monde et échappent plus facilement à la censure. Ceci pourrait être au détriment du visionnement en salle.
Mars 2021
Réponses par Nour Helou, programmeuse libanaise pour Shasha Movies
Instagram : @shashamovies
Website : www.shashamovies.com
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