Où sont nos acteurs culturels en temps de guerre et que font-ils ?

L’Agenda Culturel est allé à leur rencontre pour les interviewer et les écouter.

Micheline Abisamra, fondatrice du festival Beirut Chants. Vit à Beyrouth.

Comment allez-vous ?

Je vis un sentiment d’incertitude mélangé avec un fort sentiment de solidarité avec  mes compatriotes qui vivent une énième guerre et voient leurs maisons détruites encore une fois alors qu’ils avaient déjà tout perdu.

Je vis une dynamique complexe et des émotions contradictoires allant de l’espoir à la colère en passant par la volonté de rester et de reconstruire et de gagner tout simplement cette guerre qui est la guerre de chacun d’entre nous qu’il soit au front ou derrière son bureau, c’est une véritable résistance citoyenne.

De quoi est fait votre quotidien en temps de guerre ?

Je suis à mon bureau, tous les matins et mon travail ne consiste plus à suivre les projets de développement mais à résoudre des problèmes urgents, imminents.

Je suis aussi membre du comité national pour la gestion des donations des pays donateurs. Je passe une grande partie de ma journée à contacter, écouter, aider quand j’ai la chance de pouvoir le faire.

Je termine souvent ma journée vers 18h à l’église Notre dame des dons où je trouve ma sérénité et où je vide mon cœur dans celui de notre sauveur.

Continuez-vous votre activité artistique

Oui je prépare avec l’extraordinaire équipe de Beirut Chants la 17ème édition après avoir changé tout le travail qui avait été préparé avant la guerre et qui doit maintenant s’adapter à la situation.

Je m’investis pour préserver la mission du festival face aux menaces de la guerre et celui que le changement démographique fait peser.

Mais cette situation stimule en moi un besoin urgent de créer malgré tout un espace qui sert de refuge et de soutien moral. Cela donne un sens plus profond à notre travail. Rien ne pourra me démotiver, je suis somme toute très libanaise et très fière de l’être. Mon pays est un membre de ma famille. Je l’aime et je suis à son chevet.

Comment envisagez-vous l’avenir du Liban ?

J’entendais Martyr Rafic Hariri répéter الدنيا بتنهز وما بتوقع

A nous citoyens de faire des efforts collectifs de reconstruction, de réconciliation et de redéfinition de l’identité nationale en préparant les nouvelles générations par l’éducation pour bâtir un avenir pacifique et inclusif même si le paysage politique restera complexe.

Pour tromper la peur, que suggérez-vous à nos lecteurs comme :

Livres :

« Origines » d’Amine Maalouf

"Origines" est un mémoire d'Amin Maalouf, un auteur franco-libanais connu pour ses œuvres qui explorent souvent des thèmes d'identité, de migration et de l'intersection des cultures. Dans "Origines", Maalouf réfléchit à l'histoire de sa famille, à son héritage culturel et aux événements qui ont façonné sa jeunesse.

 « Les désorientés » d’Amine Maalouf

Un expatrié libanais revient au Liban pour les obsèques d’un ami d’enfance et retrouve une génération entière de désorientés, une génération, sa génération

Séries :

BOSTON LEGAL (5 Saisons)

Œuvres musicales :

Toutes les œuvres que j’ai vécues car elles ont été présentées à l’ouverture du Festival Beirut Chants comme Magnificat en D de BACH, Mass in C Major L.V. Beethoven, Puccini Messa di Gloria ……

Podcast :

J'écoute des podcasts TED Talks car ils offrent une diversité de choix et de sujets que je peux sélectionner en fonction de mon humeur et de mes intérêts du moment. Je ne vais pas vous mentir, lorsque je suis dans la voiture, je n'écoute pas beaucoup de podcasts, mais j'essaie quand même de profiter de chaque opportunité pour en écouter autant que possible. Cela me permet de m'enrichir et d'apprendre de nouvelles perspectives tout en jonglant avec mes autres responsabilités.

Un dernier mot ?

“No Matter how you feel, Get up, Dress up, Show up and NEVER GIVE UP”.