La guerre a pris fin et c’est le temps des bilans et parfois, souvent, des tristes nouvelles. Le galeriste Cheriff Tabet nous annonce que la maison de l’artiste David Daoud à Nabatiyeh a été bombardée et complètement rasée. Une maison traditionnelle libanaise héritée de sa mère et perdue à jamais. Le plus malheureux c’est qu’une grande partie de toutes les toiles de David qui représentent 20 ans de carrière ont été détruites. Heureusement quelques toiles qui étaient stockées à la galerie Cheriff Tabet ont échappé à cette catastrophe. Elle sont actuellement exposées à la galerie.
Par ailleurs, David Daoud publie un livre « Daoud » sur son art, sa vie et sa philosophie artistique de 352 pages aux éditions Lord Byron, préfacé par Ibrahim Maalouf.
Rencontre avec l’artiste.
Aujourd’hui, après la fin des hostilités comment vous sentez-vous ?
En fait, est-ce un arrêt provisoire ? De quelques semaines, années ? Après tout, cela recommencera.
Je suis l'enfant du Sud du Liban, qui a dû fuir les bombardements des années 70, 80, etc.... jusqu’à 2006
Même si je vis entre la France et le Liban, c’est la même douleur pour moi que pour les gens du pays. La mémoire s'est contaminée au fil des années de conflits de guerre, et oui, j’aime ce pays où j'ai ancré mes racines de citoyen depuis longtemps, depuis que je suis né.
Alors, comment je me sens après la fin des hostilités ?
Je me sens mieux, mais pas guéri. Actuellement, je vis avec un petit mal au cœur, cette douleur, petite douleur qu'on a toujours dans le coin de son soi, comme un petit mal de dent en permanence.
Réellement, en toute franchise, je me sens, comme un estropié avec le sourire, sur un trottoir de Paris, en train de réclamer de l'aide. C'est à cette image que j’associe le Liban quand il a réclamé de l’aide il n’y a pas longtemps. (Je suis très content d'ailleurs de cette aide internationale.)
Pensez-vous pouvoir vous réinstaller un jour dans le Sud ?
Ma maison au sud, à Yohmor el Chekif a été pulvérisée récemment comme d'autres maisons pulvérisées au sud. Et un peu partout dans le pays, pour le plaisir peut-être de sanctionner les citoyens libanais, mais c'était la guerre aussi.
Bien sûr que cela m'a affecté énormément car cette maison, ma mère l’a façonnée pendant 20 ans avec amour et patience. Je l’avais restaurée après son décès et j'en avais fait mon atelier en 2019 pour y vivre et créer. C’était ma base. C'est là que je m’étais installé, c'était la maison de la nostalgie, du bonheur, pour les amis, la famille et mes sœurs.
Voilà c'était un rêve qui maintenant n’existe plus.
En ce moment, je me laisse le temps de faire le deuil de cela, de vivre, de créer et d’expliquer ce chaos avec mon art à ma façon.
Je ne sais pas où m'installer comme base au Liban. Le sud ? Peut-être. Je ne sais pas vraiment, je suis encore sous le choc émotionnel. Peut-être je pense, je pourrai m'installer à Beyrouth, à Achrafieh près de mon galeriste ami Cheriff Tabet, comme à l'époque d'avant, quand j’habitais à côté de Dfouni.
Pourquoi avoir voulu publier un livre, quel est votre message ?
Le message du livre est très simple, c'est écrire la cohérence sur tout mon art entre sculptures, peintures et œuvres graphiques.
L'art c’est l’armure contre le chaos et l'absurdité. C’est l’outil de l'humanité pour accéder à un absolu du bonheur.
Le livre sera disponible à la galerie Cheriff Tabet et en librairie à partir du mois de janvier 2025.
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