Karine Boustany Letayf est une artiste franco-libanaise dont les influences artistiques ont pris racine dans la ville trépidante et animée de Beyrouth.
Diplômée de l'Académie Charpentier de Paris en 1987, spécialisée dans le graphisme et la photographie, elle a travaillé dans une agence de publicité avant de fonder en 1992, avec sa sœur Nathalie, sa propre boîte de graphisme, Black Trombone. Sa vie professionnelle a pris un tournant déterminant en 2004 lorsqu'elle a découvert que sa vraie passion était le travail de la terre. Tout en enchainant au fil du temps, des stages chez des céramistes de renom pour apprendre les différentes techniques de tournage et d’émaillage, elle a sans doute exploré une partie de ce que la terre signifiait pour elle, la rapprochant encore plus de la matière. Ses objets reflètent un mélange de force et de délicatesse, racontant des histoires inspirées par la biodiversité et par le monde végétal , c’est notre relation à la nature qui s’impose comme son seul et véritable sujet. Chaque pièce est unique et porte en elle une histoire à découvrir.
Aujourd'hui, elle travaille selon les moments, entre ses studios de Beyrouth et Paris. Rencontre avec l’artiste.
Karine Letayf, on a l'impression que vos œuvres sont vivantes ! Quelle satisfaction pour vous que de travailler la terre ? Et de rendre l'inerte, vivant sous vos doigts ?
Je suis très sensible à la nature qui m’entoure. Dès que je peux m’échapper du bruit et de l’agitation des villes, je fais des escapades dans la nature pour me ressourcer et trouver mon inspiration. J’observe beaucoup les plantes, les arbres, les fleurs, les cours d’eau, les insectes, les oiseaux, les pierres… Je ramasse beaucoup de choses que je ramène dans mon atelier. C’est peut-être pour cela que mes pièces ont l’air vivantes. Je m’inspire du vivant.
Plus qu’une satisfaction, travailler la terre est un besoin. Je pense tout le temps à ce que je vais faire comme nouvelles pièces. Je dessine des croquis et souvent, en cours de route, je change de direction et la pièce prend une autre forme. C’est quelque chose que je ne peux pas expliquer.
Quelle est votre source d'inspiration ?
C’est essentiellement la nature et la biodiversité qui m’inspirent mais aussi tout ce qui m’interpelle et que je trouve beau. D’ailleurs Milan Kundera appelle cela notre mémoire poétique ; " Il semble qu’il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu’on pourrait appeler la mémoire poétique qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté ".
Voilà, ce qui m’inspire, ce qui m’émeut.
Quelle technique utilisez-vous ?
Pour mes pièces, j'utilise essentiellement la technique du modelage, du colombin et de la plaque, travaillant l'argile jusqu'à ce que la terre prenne vie et se transforme en un objet unique. C’est dans ce processus de co-création, entre la terre et moi que s’exprime mon imagination et que mes objets prennent vie »
Vous exposez dans plusieurs pays, quand et où a eu lieu votre exposition préférée ?
Je garde un très bon souvenir d’une de mes premières expositions à la galerie Dehab de Simone Kosremelli, où j’avais créé des bijoux en porcelaine, de même que la Mena Art fair au Palais "d’Iena "à Paris en 2023 avec la galerie Jacques Ouaiss et surtout, Collect art fair en 2024 à Londres avec la galerie Pik’d.
Toutes les expositions auxquelles j’ai participé ont été des expériences positives et enrichissantes.
Vous êtes toujours entre la France et le Liban, vous qui travaillez la terre au quotidien, votre sentiment d'appartenance appartient à quel pays ?
C’est évident que mon sentiment d’appartenance appartient au Liban, auquel je reste très attachée mais les circonstances ont fait que j’habite actuellement en France, pays dont la culture m’est nécessaire et dont j’apprécie entre autres le raffinement et le sens de l’esthétique.
Le fait de travailler la terre, vous rapproche-t-il de vos racines ?
Probablement que oui, mais je pense un jour travailler la terre locale, ce sera certainement un pas de plus vers le retour aux sources.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
En avril, une exposition collective dans une galerie à Paris et un projet que je voudrais faire au Liban, auquel je réfléchis depuis peu. J’espère qu’il se concrétisera…
Quelle est votre devise ?
Toujours s’écouter, rester au plus près de ses sensations et surtout tenter d’être honnête avec soi-même.
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