Après une édition 2024 marquée par une affluence record et une programmation ambitieuse, Art Paris revient en 2025 dans l’enceinte rénovée du Grand Palais. Cette 27e édition, qui se tiendra du 3 au 6 avril, s’annonce comme un rendez-vous incontournable du printemps artistique parisien. Sous la direction de Guillaume Piens, la foire poursuit son engagement en faveur d’une scène artistique à la fois régionale et internationale, tout en accordant une place significative aux voix issues du monde arabe, et plus particulièrement du Liban.
Un retour au Grand Palais sous le signe de l’ambition
Le retour d’Art Paris dans son écrin historique marque une montée en puissance avec une programmation enrichie et une augmentation du nombre d’exposants, atteignant 170 galeries issues de 25 pays. Parmi les nouveautés de cette édition, on note l’agrandissement du secteur Promesses, qui accueillera désormais 25 galeries dédiées aux jeunes talents, et l’introduction de la French Design Art Edition, un espace consacré aux arts décoratifs contemporains et au design en édition limitée.
La foire met également en avant deux thématiques majeures : Immortelle, une exploration de la peinture figurative française, et Hors limites, un parcours consacré aux hybridations culturelles et aux trajectoires migratoires. Ces thématiques incarnent l’ambition d’Art Paris de croiser les regards et de proposer une réflexion sur les mouvements artistiques actuels.
Une sélection d’exposants entre ancrage local et ouverture internationale
Guillaume Piens souligne que la sélection des 170 exposants a été pensée pour conserver l’ADN de la foire : une plateforme régionale avec 60 % de galeries françaises et une ouverture internationale marquée par une présence renforcée de galeries asiatiques. La section Promesses, quant à elle, met en avant de nouvelles enseignes avec 59 % de participation étrangère, témoignant d’un intérêt croissant pour les talents émergents du monde entier.
Immortelle : un regard historique et contemporain sur la peinture figurative
Sous la houlette de Numa Hambursin et Amélie Adamo, Immortelle s’inscrit dans la continuité d’une exposition organisée au MO.CO. Montpellier, explorant la résurgence de la peinture figurative en France. La sélection de 30 artistes met en lumière un dialogue intergénérationnel, de figures historiques comme Jean Hélion (Galerie Trigano) et Gérard Schlosser (Galerie Koren), à des peintres contemporains tels que Thomas Levy-Lasne (Les Filles du Calvaire). L’objectif est d’inscrire ce renouveau pictural dans une continuité, plutôt que de le présenter comme une simple tendance passagère.
Hors limites : la diversité des parcours migratoires et culturels
Curatée par Simon Lamunière, la section Hors limites rassemble 18 artistes aux trajectoires diverses, souvent marquées par l’exil ou le métissage culturel. Parmi eux, l’ukrainienne Zhanna Kadyrova (Galleria Continua) revient sur les bouleversements politiques en Ukraine à travers sa série Refugees, tandis que la libanaise Zena Assi (Galerie Tanit) traduit en peinture et en céramique le chaos provoqué par la guerre. Sama Alshaibi (Esther Woerdehoff), photographe irako-palestinienne réfugiée aux États-Unis, explore quant à elle la mémoire et la représentation des femmes du Moyen-Orient. Ces artistes illustrent la façon dont l’art contemporain sert de vecteur pour questionner l’identité et les tensions géopolitiques.
Une place affirmée pour les artistes et galeries du monde arabe
L’édition 2025 accueille une trentaine d’artistes arabes issus d’une dizaine de pays (Liban, Irak, Jordanie, Syrie, Koweït, Arabie saoudite, Qatar, Maroc, Algérie et Tunisie). Guillaume Piens insiste sur son engagement envers cette région, soulignant qu’elle reste sous-représentée dans les foires européennes. La diversité des artistes présents témoigne des dynamiques actuelles qui traversent le monde arabe, entre exil, guerre, mémoire et hybridation culturelle. Si beaucoup sont représentés par des galeries européennes, trois enseignes libanaises et franco-libanaises participent activement à la foire : Galerie Tanit, Saleh Barakat Gallery, et Galerie Claude Lemand.
Neuma: The Forgotten Ceremony : un hommage à AlUla
L’installation Neuma: The Forgotten Ceremony, signée Sarah Brahim et Ugo Schiavi, illustre la volonté d’Art Paris d’offrir une plateforme aux dialogues culturels. Fruit d’une résidence artistique à AlUla, ce projet explore les rituels des tribus préislamiques en combinant sculptures, vidéos et photographies. Selon Guillaume Piens, cette initiative reflète ce que devraient être les échanges artistiques : non pas une domination culturelle, mais un dialogue équilibré et respectueux entre civilisations.
Les défis et perspectives d’Art Paris dans un contexte incertain
Interrogé sur les défis liés à l’organisation d’une foire d’art en 2025, Guillaume Piens évoque les répercussions du Covid, les tensions géopolitiques et l’inflation des coûts. Néanmoins, il reste convaincu que les foires d’art contemporain jouent un rôle crucial en tissant des liens entre les cultures et en renforçant les échanges entre artistes, galeristes et collectionneurs.
Enfin, Art Paris poursuit son engagement en faveur du développement durable, s’appuyant sur une méthodologie rigoureuse d’analyse du cycle de vie pour réduire son empreinte carbone. Grâce à cette initiative, l’impact environnemental de la foire a été réduit de 25 tonnes en 2021 à 10 tonnes en 2024. Avec cette édition 2025, Art Paris s’impose plus que jamais comme un carrefour essentiel du marché de l’art, offrant une scène aux talents établis et émergents, tout en ouvrant un dialogue nécessaire entre les cultures.
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