De Beyrouth au reste du monde : Les trumpettes de Jéricho
13/02/2025|Tania Hadjithomas Mehanna
Ce qui est le plus triste dans l’histoire que nous vivons aujourd’hui, bien plus que l’injustice flagrante mais ignorée qui vise le peuple palestinien depuis des décennies, c’est surtout cette immense impuissance à ne serait-ce que dénoncer sinon arrêter cette horreur.
Impuissants, voilà le mot est dit, écrit, asséné, envahissant. Il prend toute sa place. Impuissance. Bien plus que « le contraire de puissance », l’impuissance devient un état de fait, une dérive de l’histoire, un idiome établi, une vérité implacable.
Durant longtemps, depuis cinquante ans aujourd’hui, au Liban peut-être plus qu’ailleurs, l’impuissance s’était faite maître des places. Des villages, des montagnes et de chaque coin de nos pensées tristes. On n’y pouvait rien. On assistait démunis au lent démembrement de ce qui faisait notre pays. Nos sursauts patriotiques, nos brefs moments de trêves, nos lumières intérieures se heurtaient implacablement au rouleau compresseur des injustices, annihilations, crimes, guerres intestines comme des preuves toujours plus fortes de notre si forte impuissance. C’était chez nous, notre pauvre histoire qu’on n’a jamais eu même la force de dénoncer longtemps. Notre urgence était de reconstruire toujours, le seul espace peut-être où notre impuissance passait au second plan. Mais on ne s’habitue jamais à cette faiblesse de l’être humain, à ce constat terrible qui, aujourd’hui, là, à l’instant où j’écris s’est étendu telle une pieuvre tentaculaire, un Kraken des temps modernes, au reste du monde. Un reste du monde bien en peine d’arrêter cette machine infernale made in USA. Annexer, taxer, annuler, envahir, nettoyer, débaptiser, remodeler, ignorer et mépriser, telle est la doctrine de ce nouveau monde tel que l’ont voulu les nouveaux « forts ». Se retrouver face à des délires coloniaux et mégalomanes ? Le monde est déjà passé par là. La différence aujourd’hui à l’ère de l’Intelligence qui n’est qu’artificielle, est que nos boucliers semblent bien dérisoires. Les institutions gendarmes sont balayées d’un geste méprisant de la main. Impuissant le reste du monde ? Il suffirait pourtant d’un Persée au courage exemplaire, d’un Achille au cran d’acier, ou juste d’un brave aux mots censés. Pour fédérer un reste du monde qui veut la paix, juste un brave aux mots censés.
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